lundi 31 décembre 2012

Le cimetière de Rossenges


31 octobre 2009
















Google Earth, 31 octobre 2009 | élévation : 807 mètres


Le 29 septembre dernier il pleuvait des cordes sur Rossenges, il m’avait fallu écourter ma visite. J’avais eu beau ce jour-là tourner sur les hauts du hameau de l’Abbaye, le cimetière semblait bel et bien avoir disparu. Pas grand monde, une cinquantaine d’habitants pour me renseigner, je devais m’être trompé ou les cartes au 25’000 dont notre administration fédérale est si fière avaient manqué le coche ou de réaction. Que les morts ne soient morts que pour un temps, ici, au coeur de la Broye, me procurait une curieuse et nouvelle impression, j’ai quitté la colline songeur, s’il y avait un endroit où les cimetières devaient ne pas mourir, c’était bien ici. J’ai repassé dans le coin il y a une paire de jours, il faisait beau, un vieux de la commune m’a raconté : le cimetière a été désaffecté il y a quelques années parce que les gens n’y enterraient plus leurs morts, qu’ils préféraient Moudon, son cimetière et son four crématoire, c’est moins cher. Sans compter que cette décision simplifiait le travail des paysans, pensez donc, cher Monsieur, les tracteurs devaient jusque-là tourner autour des morts, dans notre métier le temps compte, sachez-le, ce cimetière était plus embêtant qu’une verrue.  Je me décide aujourd’hui à jeter un coup d’oeil sur Google Earth, le satellite a rendu visite à la commune de Rossenges le 1 août 2012, il n’y a déjà plus de cimetière. Le menu Affichage | images historiques m’invite remonter le temps, le 26 mars 2012 – les ombres des toits laissent penser que c’était le matin – le cimetière n’a pas réapparu. C’est seulement à l’occasion de son passage le 1 août 2009 que le cimetière trouve sa place entre prés, pommes de terre et blé. Rossenges a donc rempli les conditions pour la désaffectation de son cimetière qu’énumère le règlement 818.41.1 du canton de Vaud sur les inhumations, les incinérations et les interventions médicales pratiquées sur des cadavres du 5 décembre 1986. La désaffectation des cimetières est en effet du ressort des autorités communales s’il s'est écoulé moins de trente ans depuis la dernière inhumation, à moins que le département ne donne son accord. La désaffectation est portée à la connaissance du public au moins six mois à l'avance, les objets et monuments garnissant les tombes sont repris par les intéressés. Les ossements humains aussi, si les proches le demandent, mais à seule fin d'incinération. Sinon les ossements resteront en terre, ou la commune les placera dans un ossuaire, ou elle les incinèrera. Rien ne se perd rien ne se gagne. Pas sûr cependant que la piscine creusée par l’un des habitants de Rossenges à la pointe nord-est de la commune ne remplace avantageusement le cimetière de Rossenges.





















Google Earth, 1 août 2012 | élévation : 807 mètres 

dimanche 30 décembre 2012

mois




tu vois on se fatigue avec le temps
les rides tirent la peau se détend




la pluie dehors nous ressemble
joues en façades nuages en larmes
on voudrait s'arrêter enfin prendre le temps





et couper court aux 807 armes
de nos 67 ans

jeudi 27 décembre 2012

La déviée.

C’est une maison, en bord de tout.
Le chemin n’a pas de nom, juste un numéro, le 807.
Secouée par les vents. Dorée par le soleil. Usée par son histoire. Comptée par le temps.
Domptée par son silence.
Elle est là. Impatiente. Enervée.
En prenant son café, déjà ce matin, elle s’est tâchée le pantalon. Agacée. Pieds nus, elle a glissé, la chatte sur ses talons, vers la terrasse. Le jour ne se faisait pas prier pour se lever, avec son insolente lumière.
Les deux mains, posées bien à plat sur la table en fer forgée, froide et humide encore, ses yeux en vague, son sourire en coin, elle y pense.
Encore.



Au loin, sur le muret, la chatte lui lance un dernier regard, avant le saut sur le sable, de l’autre côté. Surement quelques mouettes à chasser, certainement quelques poissons à narguer.
La matinée sera longue.
Elle raffole de la discrétion de la maison, son apaisement la reconstruit.
Comme une méridienne sur laquelle on s’allonge en douceur.
Une câlinerie que l’on s’offre.
Un temps.
Un souffle.
Une déviation, empruntée au hasard d’un souhait.
Ce choix est toujours à l’heure.
Excessif de lui-même.




Elle y arrivera.
Elle tient toujours ses promesses, même pendant les nuits.
Surtout le jour annoncé de la fin du monde.
C’est maintenant.
 C’est demain.

mardi 25 décembre 2012

De l'espionnage et du scandale

                             Tout va bien pour les 807, merci, qui infiltrent les jury de prix littéraires et les télévisions d'état tout en jouant au piano une musique hypnotisante et inquiétante avant de conclure par une énigmatique phrase sur l'humain qui vous fait trembler jusqu'à l'ADN.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Mais tout semble être au plus mal pour Éric Chevillard dont le plagiat éhonté de Tromboline et Foulbazar, Le bébé bonbon, vient d'être démasqué par nos services secrets, mais nous ne pouvons rien dire de plus ici sous peine de dévoiler une partie d'une partie d'une des intrigues de son dernier livre L'Auteur et moi.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         Et un jour, moi aussi je serai lu par Nathalie Dessay

vendredi 21 décembre 2012

21 ans



on s'est épousé


on a eu 807 enfants


on a divorcé

jeudi 20 décembre 2012

1509. Flamme


Comme un mois de décembre sans fin
Tunnel éternel
Où est le jour ?


Demain peut-être
Ranimer la flamme
Menant vers l’oubli de ces nuits infinies


Se donner 807 raisons d’espérer


mercredi 19 décembre 2012

1508. Journée


                 lorsque la place se vide ce sont les rues qui s'emplissent et le bruit et les fumées d'envahir la ville comme pour accompagner



                 lorsque les rues se vident la ville suit et le club 807 de briller seul toute la nuit


                 au matin tout reprend ballet incessant 

mardi 18 décembre 2012

Appétit de tout

                  Attention, des contrôleurs montent dans notre rer !
Pique encore un portefeuille avec attention avant de jouer la fille de l'air.
Retournons prestement au campement faire un bilan
et décider ensuite dans quel restaurant claquer notre argent.
J'ai appétit de tout et adore le foie gras,
sa douceur salée me met dans milles états.
Dérobe maintenant avant qu'on ne nous mette nus.
Dérobe et filons avant la garde à vue.



                  Qu'est-ce qui gargouille et qui enfle beaucoup ?
Ma faim augmente fort et je salive comme un fou.
Car toi mon gars il faut que tu gagnes mieux ta vie
que tu te fasses beau, pour que tu fasses envie.
Ma vue perçante m'alerte et nous devons partir
dans ma roulotte un trésor refuse de dormir,
mes frères le gardent chacun à leur tour.
Après toi eux aussi ils sont mes amours.




                  Auprès du feu nous nous retrouverons,
dans mes bras nous nous pelotonnerons,
le rythme du vent chantera dans nos corps,
divin enchantement et nous dirons 807 encore…
Et sais-tu que le rêve t'irait à ravir ?
Pour l'autel, il est sur que c'est la solution !
Vivement qu'arrive ce jour où nous unirons,
main dans la main ensemble nous chaparderons !
 

lundi 17 décembre 2012

"formule triptyque, début, milieu, conclusion ou conclusion, milieu, début"


                       
                       le vélo dans l'entrée pas d'ailleurs pour le ranger elle n'appréciait pas pourtant c'était tous les soirs comme le matin il était là posé contre le mur de l'entrée gênant à peine le passage de son chien


                       en voiture elle était malade si ne conduisait alors toujours on marchait et moi détestant ça je lui avais acheté un vélo il était doré c'est pour toi mon trésor et dessus elle n'est jamais montée


                      on avait mis de côté on ne voulait pas emprunter une auto à nous c'était ça l'idée et partir voyager les routes les autoroutes inlassablement parcourir découvrir du paysage du monde faire le tour            

vendredi 14 décembre 2012

1504. Baston.

           

                         Elle baisse son foulard. Mains en avant Clémence lui fonce dessus, elle attrape le dos de son blouson, Olga se dégage, son gros sac tombe, corps a corps... Elle galope, se précipite dans la tente, se fond dans la foule,  le blouson sombre accroché à ses mains, Clémence fait une mine dépitée... Bastonerre: - Mais fallait la tenir, bien l'agripper. T'es manchot ou quoi ?
-Manchote à la limite. C'est toi qui crains. Tu es complètement à  la masse ces derniers temps, t'aurais pu la chopper quand même.
- N'importe quoi, et ce sac, c'est pas le sien ? 



                        Ils fouillent les poches du blouson, l'intérieur de la besace kaki, ils en sortent des boulons, deux bombes lacrymos, ils étalent tout par terre. Clémence: - Vérifie le fond.
Bastonerre le retourne, boummm, un objet tombe sur le sol, un bout de bois prolongé d'une chaîne avec une boule en acier recouverte de pointes acérées.
- La vache! Où c'est qu'ils dégottent des trucs pareils. Quels tarés.
Clémence ramasse les lacrymos, les met très rapidement dans ses poches. Elle marmonne

- Bon,  c'est réglé.



                        Bastonnerre hausse le ton: - Mais tu fais quoi ? Il faut les récupérer, il faut les amener dans l'armoire,  toutes les armes récupérées sur le terrain sont ramenées à l'armoire de la compta. C'est toi qui l'a dit. On a toujours fait ça, règle numéro 807. Clémence le regarde en penchant la tête, léger sourire:  - Faut bien que j'ai de quoi me défendre. T avais qu'à pas regarder. T'as qu'à la fermer.

jeudi 13 décembre 2012

1503. ...cou...tu...re...

                        ....le fil de mon discours, je parlais de quoi déjà, le fil, je l'ai perdu, ça va revenir, tellement de choses à dire s'agitent dans le palais de ma bouche...que je ne peux prévoir à l'avance, ça déboule à la va-vite-comme-je te pousse, aucune idée, la seconde avant de ce qui va sortir, mais une fois lancée c'est impossible que ça s'arrête... j'aime tellement les mots que je ne peux pas m'empêcher d'en dire du soir au matin et d'en sortir encore et encore même toute la journée...


                        ... et même la nuit, ils sortent de mes lèvres comme 807 saumons pressés tous ces mots qui giclent derrière mes dents et arrivent en rafale, ça y est j'ai retrouvé le fil...


                         ... tellement de mots et de paroles que ça commence à être fatiguant pour mes maxillaires et je n'arrive pas à finir de parler alors qu'il faudrait... je veux dire par là que ça serait nécessaire de ralentir mon débit, oui, d'en dire moins, moins cracher de venin... que ça arrête de passer en sifflant du larynx au palais avant d'être propulsé au devant des incisives dans des micro-projections de salive... mais je ne peux pas me retenir de causer maintenant, le silence ferait un trou dans le blabla... les mots que j'aimais tant débordent de ma bouche... toujours trop il en sort, mes joues acides tremblent et j'en parle, ma mâchoire brûle et je le raconte aussi, quand le robinet se bloquera-t-il... il faut que je me couse la bouche, à gros points, vite mettre la main sur une aiguille, vite, du fil et une aiguille...

mercredi 12 décembre 2012

Chevaleresque Chevillard



                          Aujourd’hui, jour de la Saint-François, Cloclo est de retour, mais le cyclone Claude ne doit pas emporter nos artistiques contemporains dans son maelstrom médiatique. Au hasard, j’ai donc choisi le chevaleresque Éric Chevillard. Enfin, voilà un gracieux romancier qui brille par sa discrétion ! Ce pudique artisan du verbe taille ses diamants dans la pierre d’alun et la glace fondue du pôle de la psyché d’un curiste islandais flânant dans les rues du vieux pays dijonnais !
Cet auteur porte le casque d’Hadès ; ce heaume le rend invisible, mais, aussi, invincible ! Gageons que Chevillard est le seul à pouvoir démâter un canot pneumatique, tel Poséidon, avec la force tranquille de sa verve ! Mesdames, attention ! Ne lisez pas « verge », entre les lignes, car je ne pourrais ramer sur ces eaux intimes, sans subir les foudres de l’auguste artiste.



                         Éric Chevillard excelle dans l’art et la manière d’étendre, sur le fil du rasoir, le petit linge du quotidien. Lui, qui aime les fourmis et les girafes, sait combien il est difficile de rouler sa bosse sur le dos d’un chameau. Ainsi, Chevillard éclabousse notre face de lecteurs venimeux avec l’élégance de son humilité. Il a percé les 807 mystères de Paris, et sa plume est la seule capable de fendre la croupe toute munificente d’un éléphant d’Asie, assis sur une pile de disques de « Cloclo ». Qu’on ne s’y trompe pas, Éric Chevillard n’a pas l’usage de défenses pour taper à la porte de son éditeur ; il utilise, tel un druide, la branche d’un arbre vengeur ou l’éclat d’un ver luisant à Minuit, pour annoncer sa venue.


                       Où passe Éric Chevillard, le verbe ne repousse plus et le poil non plus d’ailleurs.

mardi 11 décembre 2012

Délices de la microgastronomie française.



                      On nous proposa d’abord un grand champagne aux 807 bulles légères auréolant de fins dés à coudre en cristal, puis le serveur, dans son élégant complet noir, nous apporta une minuscule assiette délicieusement décorée de saveurs exotiques ; s'ensuivit une traîne de micros plats, aux parfums les plus délicats, accompagnés de vins millésimés versés dans des micros verres adamantins.


                    Apogée : sous nos regards éblouis, le dessert (un soufflé à la noix de coco et son brocart de chocolat noir couvert d’un voile perlé de menthe poivrée) fut dressé dans une verrine de Baccarat.


                     Ainsi, nous quittâmes ce somptueux restaurant gastronomique avec l’étrange impression d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre et, après quelques pas mal assurés, dans le premier caniveau venu, nous mîmes —  bile aux lèvres, teint jaunâtre et yeux pissant des lames de rasoir — à vomir tout notre soûl ! Gare à la nouvelle cuisine moléculaire qui vous atomise aux quatre coins de Paris, par petits bouts, façon puzzle !