samedi 21 avril 2012

Fin de partie

Tiens, papa, c’est pour toi, me dit Agathe en me tendant un petit bouquet vert cueilli dans mon dos tandis que je me livrais, accroupi, au dénombrement annuel des brins d’herbe de ma pelouse. Merci, ma chérie belle – et j’arrachai sèchement le huit cent septième qui me chatouillait l’index pour lier sa gentille offrande.
(l'Autofictif n° 1347, 18 septembre 2011)


Tiens, taulier, c'est pour toi, me dit Éric Chevillard en me tendant un petit livre blanc composé dans mon dos tandis que je me livrais, assis devant mon clavier, à la programmation quotidienne de ce blog. Merci, mon chéri beau – et je mis sèchement fin à mon aventure bloguesque, décision qui me chatouillait l'esprit depuis longtemps, pour lire L'Auteur et moi, sa gentille offrande.
(les 807 n° 1430, 21 avril 2012)

vendredi 20 avril 2012

Déambulation bruxelloise

Imagine. Déambuler à enjambées irrégulières. Sur de multicolores pavés, nos pas affleurent. S'humidifier sans pouvoir y faire. Comment ignorer l'arrogance des frontons ? S'espérer perdu dans de méandreuses rues toutes en chantier. Inventer dans nos cervelles brumeuses des raccourcis invisibles. Passons sur les larmes du garçonnet joufflu derrière sa fenêtre. Sentir le crachin nous transpercer jusqu'à la moelle. Réaliser qu'un grand immeuble moche a remplacé l'hippodrome d'hiver où Elvis a chanté. Ne pas se retrouver dans cet urbanisme de brique et de broc.


Alors en traversant les passages piétons, ne même pas jeter un œil sur les côtés ; passer à tort et à travers 807 gouttes et même tes larmes... Et alors ? La pluie. Cependant... Pourquoi pas ? Bien que demain tout soit différent.

Les morts sont bruyants

Toute une activité, ça frappe, ça souffle, ça gronde par en-dessous, on se demande ce qu'ils construisent, là sous leurs pierres, qui sont spécialement posées là pour eux, tout est déjà construit mais ça ne leur suffit pas, il faut qu'ils restent éveillés, toujours, à se rappeler à nous par leur vacarme, boucan tel qu'on s'attend à tout moment à les voir sortir les grillades et le rhum, les seaux de patates et les piments, les 807 ballons multicolores à lâcher dans le ciel pendant qu'eux, en-dessous, toujours là à danser, à chanter... Mais il n'y a que le bruit qui continue, sans fin, ils frappent le béton et le fer, ils manœuvrent le ciel et la terre… pourquoi ? Nous maintenir éveillé, qui sait ?


jeudi 19 avril 2012

tounicotis

ce jour-là vladje avait bandé sec. presque momie à bandelettes. c'était l'ordre venu d'un ailleurs savant en ces choses : il faut bander tout bras seins avec thorax oiseaux ventre jambes mains et bras flowers et petites musaraignes armoire escargots baignoire chevreuils pics-verts phrases et mésanges maison et tilleuls désirs espoirs et radiateurs. on lui parla de pont mais il n'y en avait pas. elle banda donc. choisit de la douce cotonnade double sans élasticité, du filet mousse de polyuréthane en protection auto-adhésive de téguments, des tubes en jersey léger, et de la bande élastique, selon ce qu'il fallait contenir ou compresser. quand elle tournait le linge ad hoc autour des moineaux un instant elle pensa à annette messager


la veille les choses s'étaient mises à gonfler. à vouloir s'enfuir de leur lieu d'origine. à se répandre hors de leur habitacle. tout grossissait entrait en métamorphose. chacun voulut intervenir à sa manière. d'aucuns proposèrent une sorte d'écopage pour ce qui coulait. d'autres voulaient construire des sortes de couloirs très étroits à la taille exacte des grosses bêtes et dans lesquels on les ferait pénétrer par force les poussant par fer à la jonction du cou et du dos. d'autres, experts en travaux d'aiguillage, voulaient tricoter des sortes de manchons à petits rongeurs. pour l'habitat d'autres disaient qu'une belle couche de béton bien armé ferait l'affaire. on était bien perplexe devant la gente horticole. quand on vit que le long des jambes humaines perlaient gouttes de miel et de sang, il y en eut pour s'émerveiller de la couleur mais là n'était pas la question. perles perlaient tant et tant que formaient petits rus et il eut inquiet conciliabule. on aligna tous ceux dont le sang quittait lentement le système et on opta pour LE dispositif destiné à stop immediately l'hémorragie dont on prépara les éléments. quand on en fut – ô lecteurs vous devinez quoi – à presque 807 rangs de bipèdes – on manquait d'air et le dispositif avait disparu

a rose is a rose is a...

8 ans qu'on l' a planté ce rosier ancien, et rien...
quand soudain celle-ci et 6 autres !


mercredi 18 avril 2012

Le voyage

Un séjour à la Capitale, c’est une parenthèse. Ce fut longtemps une occasion d’éloignement, pour gagner une solitude, souhaitée. Si c’est désormais toujours un éloignement, je ne le souhaite plus, sans pour autant qu’il soit devenu une douleur.Je vais à Paris par le train. Le voyage en train, c’est un moment d’apesanteur, de transition, un passage. Il a ceci d’appréciable qu’une des activités naturelles qu’il propose, outre de ne rien faire, c’est de regarder dehors. Je ne dirai rien d’original sur le défilement du paysage, si ce n’est qu’il est accompagné de ce souffle permanent issu de la vitesse de la machine. Du temps de la vapeur, il aurait été question de respiration. Plus maintenant, l’air ne bouge plus à l’intérieur des voitures. Ça vibre, ça tremble, ça berce. Et ce TGV va trop vite pour pouvoir capter le regard d’une vache... mais les vaches regardent-elles passer les TGV ?


En automobile, on est toujours entre deux endroits, à tant de kilomètres du lieu d’arrivée, ou de son départ. C’est toujours une distance qui est en jeu. Par le train, il n’est d’indication sur le bord des voies que de l’endroit précis où l’on se trouve sur la totalité de la ligne, sans parfois que l’on sache quel est le départ et le terminus. C’est donc parfois un chiffre plein de mystère : Km 807.

Phœnix

On a cru comprendre... on a compris... voilà. C’est fini. Passé de mode. Ad Patres. On ne veut pas y croire. Ce n’est pas possible... pas tout de suite, pas maintenant... il faudrait tout de même essayer quelque chose... il y a peut-être moyen... en grattant, doucement, en décapant toutes ces couches d’enduit, de vernis, cette poussière accumulée... ces mots autour de lui, ces couronnes de roses... il étouffe, sa tête est lourde... ailleurs, peut-être, on ironise, on se gausse... on le dit à bout de souffle, radoteur, éteint, sans avenir... pourtant, à le regarder encore... attentivement... sans tendresse superflue... avant que... tout de même, il porte encore beau... qui pourrait penser... il va le faire porter tout en haut, dans les réserves, avec un double de la fiche d’inventaire, un numéro – 807 – attaché à la patte... une étiquette à l’oreille d’un animal partant pour l’abattoir... on va l’oublier... longtemps... des dizaines d’années... et puis un matin, un thésard fouineur... il va le sortir de sa housse, doucement... et là...


mardi 17 avril 2012

La proie pour l’ombre

Coups redoublés dans la poitrine quand il entre, souffle haletant. Regard furtif pour balayer la rangée de sièges où ceux-là attendent, puis les yeux se figent sur l'horloge. Pourvu que. Mains crispées à force de serrer la monnaie, au tintement des pièces glissées dans le distributeur, au son du billet qui dégringole, les mâchoires se détendent. Un peu. Se retourne et s'appuie contre la machine, au cas où ses jambes trembleraient plus fort. Tapote nerveusement la poche de son jean. Bientôt la voix douce et ferme du haut-parleur, bientôt le crissement des roues sur les rails. Il pourra franchir le quai, s’engouffrer dans le train, disparaître.


Il oublia. Peu à peu, les horaires, contraintes, règles, corrections, rappels à l’ordre s'effacèrent. Peu à peu, le taulier reprit vie à l’ombre des 807.

lundi 16 avril 2012

Le lit-cage

Je ferme les volets de mon âme avec cette grille à barreaux pour entourer mon rêve qui ne peut s’évader de cette forteresse en dentelle de fer. Je suis la gardienne des pensées des autres qui flottent à la surface du monde intérieur du monde extérieur. La nuit, à la pension, grouillent les rêves qui s’échappent des petits lits blancs. Moi, la plus petite, j’ai un lit-cage. Un lit-cage pour mon sommeil d’oiseau. Une cage pour le tigre que je sais ne pas être. Une cage de fer pour un oiseau de plomb, une cage d’enfer pour un oiseau de paradis, une cage pour un oiseau de paradis de plomb, une cage pour un sommeil de plomb. Je suis la chef d’orchestre du concerto des rêves. Je carde le coton des rêves. Je suis couchée dans ma cage pour dépeigner les rêves qui s’emmêlent, se télescopent, se copient, se nuisent, se croisent. Je veux bien qu’ils s’amalgament en un joli ciel de lit cotonneux au dessus du dortoir comme un arc-en-ciel aux 807 nuances à condition qu’ils retombent en plumes de neige sur chacun des enfants du monde.


Mais je ne sais plus si je dors ou si je veille : un rêve d’amour vient de me tomber dans l’œil. Je ne vois plus rien, mes yeux commencent à pleurer...

dimanche 15 avril 2012

Couleurs

Les capacités visuelles de l’être humain sont assez peu développées. De la neige, il dira qu’elle est « blanche », de la nuit qu’elle est « noire ». Dans l’arc-en-ciel, entre les infrarouges et les ultraviolets, il ne marquera que cinq ou six étapes.


Seul le caméléon, rompu à l’exercice du changement de nuance, perçoit les 807 couleurs de l’arc-en-ciel.

samedi 14 avril 2012

Patatoèsie

Jamais demain ne luit sans cette promesse
Brandie bien haut par un germe à la redresse
Contre les noirs doryphores de la vieillesse
Charlotte, Manon, Rosabelle ou Désirée
Rustiques et tuberculeuses solénacées
Vos vieux cœurs ridés assoiffés de tendresse
En épousant la terre, à la vie font promesse


vendredi 13 avril 2012

Lifeboat

On peut deviner le nombre de naufragés, lâchés par le capitaine après un bien beau voyage qu'ils ne sont pas près d'oublier. Tous lui disent merci autant de fois qu'il l'imagine.


jeudi 12 avril 2012

Les vivants

– Elle a des choses à dire. Au moins 807.
– Eh bien qu'elle les dise ! Et qu'elle les écrive, même !
– Elle n'écrit que sous le coup d'émotions fortes. Et d'un seul jet.
– Je m'en doutais, elle a le profil d'une grande amoureuse.
– Oui. Elle est un peu barrée aussi. Et même de plus en plus.
– Ça transparaît pas trop dans ses écrits, faut dire que je ne la connais pas non plus
– Personne ne la connaît.
– Vaut mieux pour Personne, d'ailleurs.
– Tu peux le dire. Pour ça qu'elle se planque. C'est comme Personne.
– Oui vaut mieux pas qu'ils se rencontrent ces deux-là.
– Ça ferait des étincelles.
– Ou des feux d'artifice. On sait pas.
– On veut pas savoir.
– Non, vaut mieux pas.
– Des instables.
– Infréquentables.
– Des impulsifs.
– Des vivants, quoi.
– Oui... des vivants.
– ...
– ...


– Mais bon Dieu vivre ça fait mal parfois.
– Tu as raison, c'est pour ça que j'ai arrêté.
– C'est pour ça que moi j'ai commencé.
– ...
– Parce qu'avant c'était pire.
– ...
– Embrasse-moi.

mercredi 11 avril 2012

Campagne sur les murs

Ces pochoirs ne passaient pas inaperçus et avaient sans doute été collés la nuit précédente sur tous les murs de la ville. L’astuce n’était pas terrible ni nouvelle, mais l’antenne semblait la diffuser comme depuis une télé des années 80 : il s’était amusé à compter ces interpellations, il y en avait 807, et puis, une fois arrivé à celui-ci, le dernier de son recensement, il traversa la rue Juliette-Dodu (Paris, Xe) sans regarder sur sa gauche et se fit renverser par le bus qui venait de quitter l’arrêt situé juste à côté de l’inscription couleur deuil.


mardi 10 avril 2012

La moue dans les ruines

Une fois encore j’irai contempler la fin du jour sur le cap dont je ne puis prononcer le nom sans trembler. J’ignore si la petite Odette qui me suit partout, Dieu sait pourquoi, sera touchée par l’ineffable beauté dont vinrent depuis toujours s’inspirer les artistes du monde entier. En y gravant jadis son nom, Lord Byron se fit un cénotaphe plus pérenne que le plus glorieux des tombeaux. Moi, je veux seulement qu’à la fin on y répande mes cendres. Les petites fleurs violettes qui poussent au printemps sur le roc s’en nourriront.


Il n’est pas marrant, Norbert. Pourtant c’est romantique un coucher de soleil dans les ruines, ça invite à la tendresse. On s’est assis tous les deux sur un gros rocher, face à la mer, pour regarder. Mais au lieu de me dire les choses gentilles que j’attends depuis six mois, le voilà parti à réciter des vers d’Hésiode. Il a même eu le temps d’en écorcher 807, avant que cet imbécile de gros ballon rouge ne disparaisse enfin, sous les applaudissements des touristes. Le car nous attendait sur le parking, alors on s’est dépêchés de redescendre.

lundi 9 avril 2012

Enragé

Lorsque le rêve surgissait il se couvrait de sueur et elle pouvait presque sentir sa peur s'insinuer en elle. Il s'agitait, grinçait des dents, marmonnant des mots indistincts qu'elle ne comprenait pas. Il arrivait parfois qu'il se mette à crier. Au début, elle le prenait dans ses bras mais il se débattait et avait même une fois tenté de l'étrangler, lancé dans une bataille imaginaire. Elle l'avait giflé et il s'était réveillé en pleurant. Elle n'avait pas voulu en faire toute une histoire, elle l'aimait, mais elle avait commencé à avoir peur de lui. Il ne voulait pas lui raconter son rêve, disant qu'il ne s'en souvenait pas. Elle avait laissé la porte de la chambre ouverte pour pouvoir s'en aller plus vite lorsque le rêve s'insinuait entre eux. Elle finissait la nuit dans le salon en essayant de ne pas entendre les bruits de plus en plus étranges qui venaient de la chambre. Ses nuits ne semblaient plus être qu'une rivière déchaînée sur laquelle voguait les sombres réminiscences d'un passé dont elle avait l'impression de tout ignorer. La 807e nuit elle ne s'enfuit pas assez vite et il tenta de la violer. Elle le repoussa de toutes ses forces mais il fallut se battre, il était devenu enragé. Pour la première fois il ne sortit pas de son rêve et la poursuivit jusque dans le couloir. Elle sortit de l'appartement en hurlant, claquant la porte violemment derrière elle. Des portes s'ouvrirent, des voisins sortirent, elle restait recroquevillée sur le palier, en état de choc.


Un voisin sonna à la porte de l'appartement, l'homme ouvrit et dit « Ne vous inquiétez pas, ma femme est somnambule, je m'en occupe. »

dimanche 8 avril 2012

Le rêve

Je me souviens que l’armateur du navire est un marchand d’œufs de Liverpool. Je me réveille en sursaut. Je suis perdue au centre d’un lit immense. Je ne devine rien de ce qui m’entoure. Vite, une bougie. Et dans son aura, des ombres, des bois cirés qui reluisent, une table de chevet massive, tout ressemble à une chambre conventionnelle, au sommet d’un manoir d’Irlande, sauf l’odeur de goudron, de mèche qui brûle, de tonneaux suris, d’huile rance, d’embruns, et d’un atroce mélange de vieux rhum et de soupe de poissons. Au clapotis des vagues, aux craquements du bois, aux frottements des cordes les unes contre les autres s’ajoutent d’étranges petits bruits que je pense être la cavalcade des rats. Je veux en avoir le cœur net. Je me lève, pieds nus. Ma chemise de nuit est longue et déchirée dans le bas. Je prends la bougie pour trouver la porte de la chambre, sortir et éclairer le couloir...


C’est à ce moment-là que je vois grouiller dans la coursive, 807 poussins d’un jaune criard et duveteux qui se chevauchent dans un joli charivari. Nous étions depuis si longtemps, en panne de vent, dans cet îlot des Caraïbes que la cale s’est transformée en couveuse...

samedi 7 avril 2012

Impossible rencontre

Au téléphone, il avait une voix chaude et grave. Je l’imaginais grand, beau et souriant. Quand je le vis en chair et en os pour la première fois, j’eus une sacrée surprise. Et tandis que je le détaillais sans rien dire, j’avais toujours du mal à croire que cette belle voix grave de crooner hollywoodien était bien la sienne. Une impression de froid m’envahit. C’était un peu comme si l’eau glacée d’un puits me pénétrait de partout. Un vague malaise se glissa insidieusement en moi. Quelque chose me laissait présager que je m’étais peut-être un peu trop avancée et que j’allais le regretter. Au bout de 807 secondes, donc, je décidai de partir : « Je ne vais pas vous déranger plus longtemps ! » fis-je dépitée.


C’était un homme assez peu bavard, au fond, mais au regard très parlant, du moins pour moi. Cet homme me parlait, oui, et ce qu’il me disait sans me le dire, maintenant, c’était : « Vous eussiez pu rester davantage afin que nous pussions faire un peu plus connaissance ! » Le subjonctif qu’il employait m’avertit alors que j’étais en présence d’un érudit. Du coup, je décidai de rester.

vendredi 6 avril 2012

807 ?

Une 807 pour tracer une route sans intérêt pour aller vite d'ici à là ou les 807 et ses chemins de traverse où on prend le temps de compter les brins d'herbe ?


Non, il n'y a pas photo.

jeudi 5 avril 2012

Vagues

Toutes les sept vagues, la mer se creuse un peu plus et se gonfle : la septième vague est un rouleau qui charrie algues et bois flottés puis suce le sable gravillonneux. La 91e vague ramène l’écume de quelque sirène, la 203e un noyé parfois. La 807e apporte les méduses qui restent, ou ne restent pas, sur la plage mouillée.


mercredi 4 avril 2012

#harlecon

Écoute, je te lis un passage de mon roman, tu me dis ce que tu en penses. La scène se passe aux Bahamas, sur la terrasse d'un bar d'un hôtel luxueux. Je commence : Jenny lança à John, Jenny, c'est la secrétaire de John. Ils sont dans cet hôtel pour un séminaire qui commence le lendemain. Je reprends : Jenny lança à John : Quelle chaleur ! Je vais aller me rafraîchir. Et elle se leva de la chaise longue en entrouvrant négligemment le pan de son sublime paréo coloré qui dévoila ses jambes interminables et galbées. Puis elle quitta son patron avec un sourire aguicheur. John est marié à une héritière qui couche avec son chauffeur. C'est elle qui possède la boîte. Il n'a pas encore succombé à sa secrétaire, il se retrouverait au chômage si sa régulière l'apprenait car elle demanderait le divorce. Je continue : La sueur qui coula sur les tempes poivre et sel de John n'avait rien à voir avec la chaleur tropicale. Pas mal, l'effet, là, hein ? Ensuite : Il la vit s'éloigner doucement en balançant sa croupe dans un mouvement provocateur. Ici, pour croupe, je suis pas sûr. Je termine : Pendant, les quelques 807 secondes qui suivirent, il ne put s'empêcher de l'imaginer nue sous la douche. La fièvre du désir le consumait. Il décida de la transformer en supernova et se leva derechef pour retrouver la source de l'incendie. Alors, t'en penses quoi ?


J'en pense que si tu envoies ça à Didier da Silva, t'es bon pour #harlecon.

mardi 3 avril 2012

La commode

T de M se montrait fort habile et si ardente à enseigner son art qu’aucun gentilhomme ne se lassa jamais de ses leçons. Chacun en recevait assez de contentement pour aller partout le crier si bien que sa renommée devint considérable et demeura toujours attachée à ses huit cent sept manières très heureuses et spirituelles de composer les assemblages et d’en jouir longtemps sans fatiguer les bois.


Vis ! Colle cellulosique ! Ô tempora ! ô mores !

dimanche 1 avril 2012

À l’impossible nul n'est aussi goulu

Le matin, elle a plumé, entre le pouce et l'index, le plantain, le chiendent, la véronique et le séneçon, sans doute aussi un peu de luzerne et de ray-grass dans la foulée, dommage. Elle a les ongles noirs de terre et cassés, observe-t-elle en balayant hors de la terrasse les petits cadavres verts, dont les radicelles aussi sont noires et cassées, cassées plutôt qu'arrachées ― ça va encore et encore et une huit cent septième fois encore repousser. L'après-midi, elle a rimé, sur pouce, index, majeur, annulaire, auriculaire et re-pouce (aux ongles brossés de frais), l'alexandrin, l'octo, le déca (tiens à propos, si elle mettait de l'eau à chauffer ?) et, dans son désespoir parfois de retomber sur ses pieds, l'ennéa et l'hendécasyllabe. Le vers de 807, elle n'a pas essayé, mais il faut l'avouer, côté procrastination de la rime, ça doit être le rêve.


Tenir ses massifs désherbés ! Traduire de la poésie ! Mais pourquoi ne s'attaque-t-elle qu'à de l'impossible, ce printemps ?