samedi 17 décembre 2011

Trêve des confiseurs

Sapin, guirlande, boule, bûche au chocolat, vieux barbu, cadeau, messe de minuit, champagne, carte de voeux, foie gras, vitrine, illuminations, famille, crèche, crise de foie, nouvel an, gueule de bois, bonne résolution... me faut-il continuer à énumérer les 807 choses qui éloigneront de ce lieu participants, lecteurs et taulier pendant quelques jours ?


Le blog ferme boutique, prend quelques jours de congés, vous souhaite de bonnes fêtes et vous donne rendez-vous l'année prochaine.

vendredi 16 décembre 2011

Un dernier ver

Le coq dans son poulailler picore du noir... au 807e ver, il arrêtera de se pavaner au milieu des poules de la basse-cour. Il cochera l’autre coq du poulailler, le beau blanc.


jeudi 15 décembre 2011

Bonne pomme

Elle aime particulièrement ce moment où le silence descend sur les grands arbres, quand le bleu du ciel enlace la nuit, dépose sur ses joues un baiser et disparaît lentement derrière la forêt. Tout le jour, elle l’a passé à nettoyer, laver, cuisiner, ne s’accordant une pause qu’à midi, le temps d’un déjeuner frugal et d’une courte sieste à l’ombre d’un chêne centenaire. Elle ne pensait pas que cette vie simple lui apporterait autant de réconfort. De son passé, elle ne garde que de vagues souvenirs zébrant sa mémoire. Flashs de cris, de larmes, de menaces, de coups. Elle s’est enfuie une nuit, n’emportant avec elle que ses vingt ans et sa rage de vivre. Elle a marché longtemps traversant la ville et la campagne avant d’atteindre l’orée de la forêt. Les arbres étaient denses, serrés, menaçants. Eux non plus ne voulaient pas d’elle, semblant lui dire dans un bruissement de branches : fais demi-tour, va-t-en, tu n’es pas des nôtres. Mais elle savait que la profondeur du sous-bois la protégerait et que jamais personne ne l’y retrouverait. Alors elle a marché encore, droit devant elle, jusqu’à arriver ici, dans sa nouvelle maison, au cœur de la forêt. Elle sourit à la nuit qui s’avance, étire ses bras endoloris d’avoir pétri, haché, épluché, remué, toute l’après-midi. Elle voulait que tout soit prêt pour leur retour, que la petite fête organisée en leur honneur soit un succès. Ils ont été si gentils avec elle, l’accueillant comme leur enfant perdue sans jamais lui poser la moindre question. Des pas légers se font entendre sur le chemin jonché de feuilles. Bientôt, ils apparaîtront en file indienne : Timide, Prof, Grincheux, Atchoum, Simplet, Joyeux, Dormeur. Ses chers nains.


Suivis de leurs huit cents invités.

mercredi 14 décembre 2011

8Q7

Il est piégé dans un mauvais Murakami comme on se gave de marshmallows un jour de vaine tristesse dépitée, les rideaux tirés, dans une chambre d'hôtel si ordinaire qu'elle fait peur. J'espère qu'il n'aura pas le Nobel se dit-il faisant la liste de tous ceux qui, selon lui, le mériteraient, eux.
Il aurait dû choisir un autre livre.
Et un autre endroit, il n'aime pas le vert, il n'aime pas la montagne, il n'aime pas grand-chose aujourd'hui. Il lui faudrait quelque chose à aimer pour enfin tuer ce chagrin d'amour qui se compte en années, et ça fait beaucoup de jours qui comptent pour rien... Il ouvre la fenêtre



Stéphane Massa-Bidal / Rétrofuturs, série new horizons

mardi 13 décembre 2011

Rien qu'un léger bruit de plume




Un voile noir est tombé sur la ville. Tous les ponts ont été coupés. Plus aucune route ne la dessert. La seule lumière vient de la lune et quand elle est pleine il arrive que le cœur d'un homme s'emballe. Une nuit, un pauvre bougre est sorti tout nu et a crié des choses incompréhensibles. Tel quel, on l'a enchaîné au mur du cimetière et condamné à vivre dans le silence de la pierre. Il s'est débattu jusqu'à s'en briser les mains. Dans la peur agissante, le croc s'est contracté. Maintenant, son corps ploie et ne parvient plus à protester contre le châtiment. Ses jambes se sont nouées et n'ont plus la force de rien. Il voudrait aspirer quelques goulées d'air pour réchauffer ses membres éreintés mais sa poitrine n'est qu'une poche crayeuse qui ne retient que la poussière. Il ne sait pas où donner de la tête. Ses yeux ont cessé de départager les ombres et ont abandonné l'idée même de chercher un secours. Des larmes s'y sont cristallisées et à l'intérieur il fait de plus en plus froid. Sa langue s'est usée elle aussi et les 807 mots qui lui étaient chers ont lâché prise l'un après l'autre. Il n'entend plus qu'un léger bruit de plume à la porte de ses lèvres... et l'emprise du dernier mot : viens !

lundi 12 décembre 2011

Linge sale

Ils viennent de se croiser mais elle seule l'a vu, juste se retourner pour s'assurer que c'est lui ; sonnée elle ne peut pas croire qu'il s'agisse bien de lui. Comme un automate elle se retourne et lui emboîte le pas en allumant une cigarette d'une main tremblante. Il traverse la rue en courant, s'enfourne dans une ruelle, débouche sur une petite place ronde où l'attend un homme en noir qu'elle reconnaît aussi. Hans. Elle ne voit pas le trou de la chaussée et dégringole lourdement dans le caniveau. Elle sent un élancement dans la cheville droite et laisse échapper un cri. Ils se retournent silencieusement comme des chats et approchent de Stella, leurs sourires s'élargissent pendant que la vieille femme se relève de guingois, en esquissant une ébauche de sourire malgré sa cheville qui irradie de puissants élancements dans sa jambe.
Hans et Klaus, leurs bouches perfides. Matricules 806 et 807. Deux frères siamois sournois, au charme vénéneux.


Sa bouche grande ouverte bourrée de gâteaux et de bonbons roses, ses yeux exorbités appelant à l'aide pendant que Hans la recouvre de chocolat chaud et que Klaus dit : Comment tu m'as reconnu, vieille sorcière, après mon opération ?
Elle recrache une bouillie rose, articule dans un râle : J'aurais reconnu mes saloperies de fils n'importe où et crève en ricanant sous les yeux reptiliens des siamois qui en restent comme deux ronds de flanc. Klaus regarde Hans et essuie de sa main râpeuse la minuscule goutte qui perle au coin de la paupière de son frère.

dimanche 11 décembre 2011

samedi 10 décembre 2011

Désœuvrement

Mauricette – après s’être regardé les ongles, étiré le dos, souvenu de s’occuper des impôts, promis de le faire plus tard, levée sans but précis – prit le dictionnaire des noms propres et l’ouvrit au hasard, page 807. Elle lut : « Han Guk. Nom coréen de la Corée ». Elle referma le livre. Se mit à la fenêtre, les bras croisés. Se demanda d’où venait le fait qu’on appelait la Corée Corée. Et quel nom les Coréens pouvaient bien donner à la France.


Et si l’ennui était aussi coriace en Corée qu’ici.

vendredi 9 décembre 2011

Des boules

807 boules
sur le sapin vosgien
érigé place de la Mairie
face au Petit Casino.


J'ai peur.

jeudi 8 décembre 2011

mercredi 7 décembre 2011

Tête de nœud

Il fait soleil, sur cette île, forcément. La mer est si bleue, les rochers du Vieux Port si rouges que les vagues s’y fracassent violettes au pied de la falaise. À l’horizon, des scintillements de feu, des voiles blanches et minuscules d’esquifs, qui se rapprochent, nombreuses, et les plus jeunes distinguent le miroitement d’armes, piques, et boucliers, au-dessus des bastingages. On n’en mène pas large sur le parvis de l’église où clignent des yeux les femmes, les vieillards, les prêtres. Car les diables, sur les bateaux, ont l’éclat sombre des chaudrons qui ont trop vu la flamme, leurs yeux sont cruels, leurs fronts arrogants sous le mouchoir noué en bandeau qui retient leurs cheveux noirs et frisés, entortillés sur eux-mêmes comme vipéreaux de printemps. On ne les a jamais vus, pourtant, on le sait, parce qu’ils ont attaqué l’île plus au nord l’année précédente. Ils y auraient aussi perdu des milliers des leurs, massacrés sans pitié mais cela, doit-on y croire ? À midi, les chevriers qui se sont relayés les nouvelles avec les guetteurs d’autres villages déboulent des hauteurs, affirment qu’une autre flotte s’est amassée, celle du connétable de l’Empereur, un certain Burchard, qu’il y aura bientôt bataille navale. Quand le soleil se couche, dans son orgie habituelle de pourpre et de sang, on respire, car les premiers noyés qui flottent jusqu’au Vieux Port, pieds devant, dans les vagues aussi rouges à présent que les rochers, ont la couleur des vieux chaudrons, et un mouchoir blanc flotte à leur traîne. Toute la nuit, les détrousseurs de cadavres se battent pour dénouer de leurs cous de petites mains de métal, parfois d’argent, que ces Infidèles portent en lieu de crucifix. Le lendemain, on tire sur le sable les coques défoncées de treize de leurs navires coulés par le fond, pas moins. Ah il te leur a bien a enfoncé le bandeau sur la tête, le Burchard, ah il leur a bien fait baisser les yeux ! On loue Charles le Magne, on fait la fête. On ne sait pas que dans deux ans, anno Domini 809, les Maures reviendront en Corse, prendront l’île, ne laisseront de vivants, hasard, paresse ou superstition, que l’évêque et deux ou trois vieux dans tout le bourg d’Aléria.


mardi 6 décembre 2011

Vie d'ange

Heureux l’élu à qui on a donné les clefs juste avant son passage dans le monde des vivants. Celui-là, sans essayer les serrures, il ouvrira les 807 portes rencontrées sur son chemin. En dépit des turpitudes réservées aux mortels, il atteindra la terre promise. Il ne doutera ni de lui ni de son avenir et saura trouver de l’aide si sa boussole intérieure l’égare – c’est que le Nord bouge sans prévenir; il faut se tenir en permanence au courant des nouveautés. En cas de tempête, il attendra sans angoisse que l’horizon s’éclaircisse. La chance saura le reconnaître et lui offrir sa planche de salut. Le surf est un sport de gourmand quand la mer est sucrée et les bateaux promis au naufrage croisent trop au large pour qu’on risque sa vie à leur porter secours. Il flottera, léger, au gré des alizés, confiant et rassuré par la douceur de l’eau. Pour lui, il y aura forcément une issue. S’il n’y en pas, il se souviendra qu’il a bien vécu et acceptera son destin. Il n’aura rien à regretter. L’amour l’aura choyé. Il aura passé son temps à savourer les saisons.


Prince du réel l’espace d’une vie, ange d’équilibre, lassé à la fin par son équanimité, il reportera aux ateliers du paradis ses ailes déplumées par les intempéries du siècle. Impatient de renaître.

lundi 5 décembre 2011

Sacrilège

Ça fait un moment que je le sens qui me regarde du coin de l'œil. Un moment que ce petit jeu là dure entre nous. Ce soir, c'est spécial. Ambiance électrique. Elle s'est enfermée dans la salle de bain en pleurant et j'ai senti qu'il allait passer à l'acte. Le voilà. Il me fixe, le regard vide. S'approche. Sa grosse patte m'effleure, délicatement d'abord, puis plus fort. Il me caresse, me tâte, me pince, me soupèse, m'évalue, s'enhardit. Ses yeux se mettent à briller, son souffle s'accélère. Il tire doucement sur la fermeture éclair qui refuse de bouger. Me saisit à pleines mains, force l'ouverture avant de glisser sa paluche dans mes entrailles. Il fouille, explore, d'abord timidement puis brutalement. Il s'énerve, le temps passe, sa respiration se fait lourde, l'autre main plonge, fébrile, maladroite, dévastant tout sur son passage. Il me bouscule, me retourne, renverse mon contenu dans un grand fracas.


La carte d'Éric Bressart, 80 rue Philippe de Girard, 75018 Paris, tel 06 80 71 46 20, est tombée. Il se penche pour la saisir au moment où elle sort de la salle de bain en hurlant « T'as fouillé dans mon sac espèce de salaud, dégage ! »

dimanche 4 décembre 2011

Clair de nuit

Elle entendit un grognement puis l’homme s’affaissa dans un craquement sec. Le plan avait fonctionné au-delà de toutes ses espérances, il ne lui restait qu'à passer à l'étape suivante, la plus délicate, celle dite du chanoine bulgare. Elle prit la canette de bière posée sur la marche de l'escalier, en vida le contenu d'une traite et se dirigea au fond de la rue vers le bar : il lui fallait prévenir Bogdan qui attendait deux rues plus haut pour ne pas éveiller les soupçons. En amplifiant sa foulée, elle ne put s'empêcher de se demander avec angoisse si elle allait reconnaître Bogdan, l'OUBE (Officiel Ultime Bureau Eliminateur) ne lui ayant hologrammé qu'une Identif-Basse-Déf qu'elle tenait discrètement dans la paume de sa main en pénétrant dans le bar sombre où irradiait le faisceau ionisant du détecteur de plasmons. Elle attendit plusieurs secondes que le rayon de lumière balaie le mur latéral pour se glisser au bout du comptoir et pousser la porte qui donnait sur l'escalier. Elle dévala les marches, poings crispés au fond des poches, sentit la chaleur puante des corps agglutinés dans la petite pièce où elle peinait à distinguer les visages. C'est à ce moment-là qu'une main attrapa son bras et qu'avant même de se retourner elle pressentit que c'était Bogdan, à peine le temps d'entrapercevoir ses pommettes sculptées et ses épaules musculeuses sur lesquelles il jeta un lourd manteau, que déjà il l'informait sur le deuxième homme à abattre, plus difficile cette fois car il fallait d'abord retrouver sa trace : on l'avait vu pour la dernière fois dans la zone est de la ville, une zone interdite puisque contaminée par la centrale. L'homme qui avait donné son signalement n'avait pas eu le temps de tout dire, mais avant de rendre son dernier souffle il lui avait tendu une éprouvette contenant le doigt momifié de l'agent REZE (Réseau Eliminateur Zone Est) qui était soupçonné d'avoir vendu des renseignements sur les réacteurs nucléaires à la mafia russe. Elle fourra l'éprouvette dans sa poche, se sentit amère de devoir quitter si rapidement Bogdan, mais que pouvait-elle faire sachant que la puce qu'on lui avait greffée répandrait dans son corps des rayons mortels qui la réduiraient en quelques minutes à l'état de poussière si elle n'achevait pas sa mission avant l'aube ?


Ensuite, ses pas résonnèrent, dans la nuit claire de Darwin leurs claquements s'amenuisèrent jusqu'au 807e que, bien qu'extrêmement attentif, Bogdan n'entendit plus...

samedi 3 décembre 2011

Au pied du temps

Cornaline pratique au sens propre le lèche-vitrine. Et il lui faudra encore bien de la salive pour parcourir les 807 mètres qui nous séparent du magasin de chaussures (et retour).


Tout ce sable, qui chaque jour tombe de ses petites chaussures, marque le passage du temps mieux qu'aucun instrument, et dire que je crois qu'un coup de balai effacera ça...

vendredi 2 décembre 2011

Coup de flippe

Dans ma tête tournoient 807 questions, elles rebondissent sous mon crâne comme les billes d’acier d’un flipper, y a-t-il toujours des flippers dans les bars ? voici la question 808, pour y répondre, il suffirait d’ouvrir la porte, la refermer, descendre les trois étages en prenant garde de ne pas glisser sur les marches étroites du vieil escalier de bois, remonter la rue, entrer dans le bar-tabac, l’explorer des yeux, se dire oui ou se dire non, refaire le chemin en sens inverse, la démarche assurée par la certitude d’avoir, pour une fois, une réponse fiable à une question simple, si les 807 autres pouvaient être résolues de la sorte, juste en sortant de soi, mais voilà, je suis enfermée ici, à l’intérieur de mon corps, les billes d’acier s’entrechoquent dans un vacarme épouvantable, il n’y a que des questions et pas une seule réponse, j’essaie d’esquiver, je suis emportée par la ronde affolée, bille à mon tour, je tourbillonne, je derviche, ma robe blanche en corolle, et par cette force centrifuge enfin éjectée de moi, rendue à l’univers, à la lune, aux étoiles, à tout ce qu’il y a de rond, de paisible, de lisse, d’inerte, de sans chaleur, de sans vie, d’absent. À toi en somme.


jeudi 1 décembre 2011

Briques

J'ai compté 807 briques de LEGO, puis je me suis arrêté. Il en manquait une !