vendredi 29 mars 2013

Et Dieu créa la femme.

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                     Et Dieu créa la femme ! On peut comprendre qu’il en ait eu marre de reluquer les corps bodybuildés des « Adams », blancs comme des cachets, qui se faisaient bronzer sur la plage de l’Éden ; de les regarder exhiber leurs muscles bandés sous un marcel, en feuille de figuier, avec un slip de bain, moule bijoux, en bananier. Triste vision du paradis. Et Dieu créa la femme.

   
                     Le créateur dut inventer la grâce pour chasser de sa vue ces 807 bipèdes goguenards qui roulaient des mécaniques en sifflotant des airs de « Formule Un » — car, en ces temps du début des temps, les mâles aimaient à jouer les pilotes de courses en imitant, avec leur bouche pleine de pâte à mâcher, le bruit des moteurs des voitures usant la gomme de leurs pneus sur les circuits ensoleillés de la planète. Et Dieu créa la femme ! Il créa l’intelligence et la poésie, comme la vague qui eût fait tomber les châteaux de sable des hommes rivalisant d’arrogance avec leur seau, leur pelle et leur râteau. Et Dieu créa la femme. 

                        Il faut dire que les hommes musculeux à forte poitrine, ce n’était pas du plus bel effet esthétique ; d’ailleurs, toutes les tentatives du Père relatives à la maternité du mâle avortèrent. Les hommes voulaient bien accepter que leur ventre gonflât, sous la pression de la bière et des nourritures terrestres caloriques ingurgitées devant les matchs de ballon rond ou ovale, mais ne supportaient pas que la vie occupât tout leur corps. Et Dieu créa la femme !

dimanche 24 mars 2013

micro-évènement bruxellois

               Je regarde sur ma droite des tableaux à l'intérieur d’une galerie d’art en me demandant si ça vaut le coup d'y rentrer, il y a un grand visage féminin, l'air effrayé peint en 807 nuances de vert. Devant  un bus jaune est arrêté au milieu de la rue qu'il bloque. 


               Sur mon trottoir, celui de droite, un grand homme aux cheveux gris apostrophe crie : » ton fils a faillit se faire écraser, c'est sérieux. » Il fait un geste énervé. Il me semble qu'il s’adresse à l’homme qui est devant, cheveux courts, jean, veste. Celui ci vire vers moi en sortant un trousseau de clé de sa poche et verrouille la porte de la galerie aux grands tableaux pop dont je léchais la vitrine, celui qui me dépasse pour monter dans une jeep rouge qui démarre. Pourquoi ne rejoint-il pas son fils ? Et cet enfant, il a quel âge ? Le bus n'a pas bougé, je ne vois toujours rien...


              L'homme aux cheveux gris est remonté sur le trottoir puis il traverse devant le bus, il disparaît derrière. Mais que s'est-il réellement passé, à qui parlait-il ? Etait-ce à son fils ? En heurtant mes semelles sur les pavés disjoints qui forment tous les trottoirs de Bruxelles, je dépasse le bus sur la droite sans rien voir. Il démarre lui aussi mais je ne me retourne pas. 

vendredi 22 mars 2013

Le printemps des poules.



Les poules pondent et pondent et pondent. Ça frise l’obsession.
 Mais qu’est-ce qu’on sait des poules, à part qu’on mange leurs œufs et qu’elles  parlent dans une langue totalement étrangère ? 

 Au printemps, parfois, tout cesse. Elles font la grève du ventre, tirent le rideau de fer, et s’en vont courir au long des chemins de halage. Ne vous étonnez pas si vous les croisez en groupes aux abords des écluses, reluquant les péniches et crachant dans les cargaisons de sable.



- Saloperies de poules ! s’exclame le marinier. Préparez-vous pour un Cotcot requiem, si je vous attrape.
 - Eh, on est 807, ça va pas être facile, hein, crie la plus grande !!  Fais chauffer les orgues de ta cathédrale !



N’empêche, hier, une poule est morte. Aujourd’hui, une autre.

jeudi 21 mars 2013

les aiguilles des minutes écrasées


Dans la rue grise à l’arrêt stoppé, le bus, 
il a faillit être fatal à l'enfant.
Oui, c'est très sérieux quand on est écrasé !
Mais où est donc passé le père de l’enfant,
inconscient de cette rue où roulent les bus ?


Moi en marchant je n'ai vu aucun enfant,
sur les trottoirs des ordures écrasées.
Il réussi à bloquer la rue, ce bus.
Le poids du temps crée un effet écrasé, 
que l’on ne sent pas quand on est un enfant.


Dans la ville 807 fourmis écrasées
étourdies, à la merci du moindre bus,
grouillantes et affolées comme des enfants,
qui ne veulent surtout pas rater leur bus.
Tournent les aiguilles des minutes écrasées.

mercredi 20 mars 2013

Exercice du Pouvoir



        Je dois tous les libérer, ouvrir leurs 807 cages ! C’est de ma responsabilité !
        Ce sont des espèces protégées ?
        Enfin, je ne crois pas sinon elles seraient en liberté surveillée !
        Elles le sont.
        Je ne suis pas au courant. Je prends l'engagement de scier les barreaux de leur prison !
        Inutile.
        Certainement pas ! De toutes les façons, j’ai toute autorité pour conduire cette opération.
        N’importe quoi !


        Comment ça ? Que voulez-vous dire par là ?
        Elles sont déjà ouvertes.
        Qui ?
    Attendez un peu ! Vous sous-entendez qu’elles ont toujours été ouvertes. Ce n’est pas possible ! Je le saurais si…
        Inutile.
        Pourquoi dites-vous ça ? Est-ce que vous me prenez pour un idiot ?
        Pas exactement.
        Que signifie ce « pas exactement » ?
        Un con plutôt.


        Mais je ne vous permets pas ! Je suis votre Président !
        Plus pour longtemps.
        Alors que j’étais prêt à libérer les « cons » de leurs chaînes et de leur cage.
        C’est trop tard !
        Pardon ?
        Alors, qu’est-ce que je fais, maintenant ?
        Vous entrez dans une cage.
        Laquelle ?
        Vous avez le choix.
        Et quand vais-je en sortir ?
        Quand un autre « con » voudra vous libérer.
        J’attendrai mon tour ! Peut-être aurais-je le temps de réfléchir à l’exercice du Pouvoir ?
        Qui sait ?

vendredi 15 mars 2013

L'oeil et la voix




                Des yeux bleu acier fixent le téléspectateur. Un crochet direct au regard, qui vous harponne la pupille et ne la lâche pas. La soupe aux pois cassés s’attache au fond de la casserole, personne n’est capable de se lever pour aller touiller ou couper le gaz. C'est comme si ses yeux à elle avait réellement pêché les nôtres, personne ne bouge tant qu'elle ne remonte pas les lignes. On est là, à se demander, on fera quoi, nous, si l'écran s'éteint et qu'elle n'est plus là à nous donner la vie de son pur regard? Certains disent qu'une telle relation c'est de la dépendance, un aimable 1984, même plus besoin de nous surveiller, nous nous offrons tout seuls. D'autres disent que ça s'appelle Amour. Et d'autres, encore, ont décidé de ne plus jamais allumer leur télé. 

 
                 Essayez d'escalader un visage. Son visage à elle. Ce n'est pas une tâche facile, malgré la rectitude de l'écran, qui n'est qu'un écran, justement. Vous y pénétrez en vous mettant dans la peau d'un lilliputien. Au moment de grimper sur la face de cette femme absolument humaine, vous en examinez les prises, en recensez les recoins, les surplombs. Vous cherchez à deviner tous les accès, toutes les voies possibles. C'est au plus près des choses que l'on peut défaire les sortilèges.
Vous partez des promontoires qu'offrent ses deux pommettes à l'air orgueilleux. De là, vous avez un point de vue assez unique, panoramique. Sur le côté, en perspective fuyante et proche d'un jardin à la française dans ses entrelacs, une oreille. De l'autre côté, à proximité de l'autre pommette, l'autre oreille tout aussi décontenancée que vous. Prudemment vous faites le tour de l'oeil. Clairement une zone à risques. Discrètement vous enjambez les ridules, là-même où la paupière vient mourir. Remonter l'arcade sourcilière vous demande un réel effort. Depuis ce bord caverneux bordé de minces poils couchés et domestiqués, vous admirez une paupière lourde et sensuelle comme une tenture orientale. Et, au sommet de l'arc, vous retenez votre souffle: la vue sur toute la face de la femme s'offre à vous depuis le point le plus élevé. Vers le ciel, un front grand, légèrement bombé, un désert de peau serrée, mariée à l'os, qui s'étend jusqu'aux confins du visage où le cheveu se décide enfin à pousser en mèches touffues. Et le crâne, derrière, grosse boîte couverte d'une chevelure drue et régulièrement plantée. À la densité de l'air, vous devinez qu'une tempête se prépare sous ce crâne. Perdu dans vos pensées à propos de ses pensées à elle, vous en oubliez presque où vous êtes. Enfin vous réussissez à vous arracher à la contemplation de ces grands espaces pour partir en direction de là où ça parle. C'est le but de l'expédition. Au milieu, vous suivez la route principale, l'arête du nez, deux versants à pic, ailes palpitantes. Il est banal son nez, plutôt petit. Pas l'air d'être passé par le scalpel. Cloison légèrement déviée, qui vous déséquilibre un peu quand il renifle, tout desséché qu'il est par le microclimat de l'air conditionné. Puis, vous attaquez la dernière étape. Sous le nez, vous glissez au long du philtrum et vous voilà face à une lèvre semblable à une douce barrière de fin corail rose, vous l'enjambez. C'est le moment que choisit la bouche, presque anachronique dans ses lèvres minces, pour s'entrouvrir en grand, les dents, là, comme une barre d'émail étincelant, se séparent et la femme gobe, puis déglutit une grosse, longue goulée d’air, pour une plongée en apnée télévisée. In extremis, vous vous agrippez à une commissure et plongez à l'aveugle. Quand vous ouvrez les yeux, vous êtes blotti au creux du menton. Elle ne vous aura pas avalé tout cru. Ni recraché. Tout près, vous entendez son gosier tapissé d'air faire le travail, fabriquer des sons, des mots, des phrases. Du sens. Maintenant vous pouvez vous endormir placidement dans les proximités de cette bouche à l'alchimie soyeuse. 


              La bouche parle. Elle parle, du monde, et des affaires du monde. Vous avez repris votre place dans le canapé, au sein de la communauté des téléspectateurs. Elle nous parle. Puis, comme tous les soirs, elle dit "Merci de votre attention, j'espère que vous serez là, demain, à la même heure. Bonne soirée." Ses yeux, deux flaques bleues de 807 pixels chacun, environ. Quand je vous disais qu'elle savait s'y prendre avec nous…



mardi 12 mars 2013

la valeur du nombre 807 avec les 8000 premières décimales



John Mitsakis, récent Medaillé Fields, était absolument intrigué par singularité numérique : la séquence des trois chiffres « 807 » dispose d’une notoriété littéraire particulière qui dépasse singulièrement sa notoriété mathématique. De nombreuses études par le passé avaient tourné autour du pot sans arriver à en produire une explication non transcendante. C’est pourquoi il était temps, par une étude définitive et géniale, de trancher dans le vif du sujet, et d’étudier les corrélations magiques ou non qui existaient entre le nombre pi et le nombre 807. La vérification ne demandait qu’un petit calcul auquel il s’attela pendant sa pause déjeuner. 

Son téléphone lui fournit en quelques secondes la valeur du nombre avec les 8000 premières décimales : 3.141592653589793238462643383279502884197169399375105820974944592307816406286208998628034825342117067982148086513282306647093844609550582231725359408128481117450284102701938521105559644622948954930381964428810975665933446128475648233786783165271201909145648566923460348610454326648213393607260249141273724587006606315588174881520920962829254091715364367892590360011330530548820466521384146951941511609433057270365759591953092186117381932611793105118548074462379962749567351885752724891227938183011949129833673362440656643086021394946395224737190702179860943702770539217176293176752384674818467669405132000568127145263560827785771342757789609173637178721468440901224953430146549585371050792279689258923542019956112129021960864034418159813629774771309960518707211349999998372978049951059731732816096318595024459455346908302642522308253344685035261931188171010003137838752886587533208381420617177669147303598253490428755468731159562863882353787593751957781857780532171226806613001927876611195909216420198938095257201065485863278865936153381827968230301952035301852968995773622599413891249721775283479131515574857242454150695950829533116861727855889075098381754637464939319255060400927701671139009848824012858361603563707660104710181942955596198946767837449448255379774726847104047534646208046684259069491293313677028989152104752162056966024058038150193511253382430035587640247496473263914199272604269922796782354781636009341721641219924586315030286182974555706749838505494588586926995690927210797509302955321165344987202755960236480665499119881834797753566369807426542527862551818417574672890977772793800081647060016145249192173217214772350141441973568548161361157352552133475741849468438523323907394143334547762416862518983569485562099219222184272550254256887671790494601653466804988627232791786085784383827967976681454100953883786360950680064225125205117392984896084128488626945604241965285022210661186306744278622039194945047123713786960956364371917287467764657573962413890865832645995813390478027590099465764078951269468398352595709825822620522489407726719478268482601476990902640136394437455305068203496252451749399651431429809190659250937221696461515709858387410597885959772975498930161753928468138268683868942774155991855925245953959431049972524680845987273644695848653836736222626099124608051243884390451244136549762780797715691435997700129616089441694868555848406353422072225828488648158456028506016842739452267467678895252138522549954666727823986456596116354886230577456498035593634568174324112515076069479451096596094025228879710893145669136867228748940560101503308617928680920874760917824938589009714909675985261365549781893129784821682998948722658804857564014270477555132379641451523746234364542858444795265867821051141354735739523113427166102135969536231442952484937187110145765403590279934403742007310578539062198387447808478489683321445713868751943506430218453191048481005370614680674919278191197939952061419663428754440643745123718192179998391015919561814675142691239748940907186494231961567945208095146550225231603881930142093762137855956638937787083039069792077346722182562599661501421503068038447734549202605414665925201497442850732518666002132434088190710486331734649651453905796268561005508106658796998163574736384052571459102897064140110971206280439039759515677157700420337869936007230558763176359421873125147120532928191826186125867321579198414848829164470609575270695722091756711672291098169091528017350671274858322287183520935396572512108357915136988209144421006751033467110314126711136990865851639831501970165151168517143765761835155650884909989859982387345528331635507647918535893226185489632132933089857064204675259070915481416549859461637180270981994309924488957571282890592323326097299712084433573265489382391193259746366730583604142813883032038249037589852437441702913276561809377344403070746921120191302033038019762110110044929321516084244485963766983895228684783123552658213144957685726243344189303968642624341077322697802807318915441101044682325271620105265227211166039666557309254711055785376346682065310989652691862056476931257058635662018558100729360659876486117910453348850346113657686753249441668039626579787718556084552965412665408530614344431858676975145661406800700237877659134401712749470420562230538994561314071127000407854733269939081454664645880797270826683063432858785698305235808933065757406795457163775254202114955761581400250126228594130216471550979259230990796547376125517656751357517829666454779174501129961489030463994713296210734043751895735961458901938971311179042978285647503203198691514028708085990480109412147221317947647772622414254854540332157185306142288137585043063321751829798662237172159160771669254748738986654949450114654062843366393790039769265672146385306736096571209180763832716641627488880078692560290228472104031721186082041900042296617119637792133757511495950156604963186294726547364252308177036751590673502350728354056704038674351362222477158915049530984448933309634087807693259939780541934144737744184263129860809988868741326047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John en conclut que la séquence 807 apparaît 8 fois sur les 8000 premières décimales, soit exactement un pour mille, comme le prévoyait un calcul élémentaire de statistique. Le succès littéraire de la séquence magique était vraiment inexplicable.


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vendredi 8 mars 2013

Lapin malin


 
            Après des jours de pérégrinations dans ce désert, de neige et de glace, qui n’avait rien d’un œkoumène, en proie à une fatigue extrême, dans un souffle de lucidité, il dut remplacer son dernier husky par un troupeau de rennes qui passait par là.

          Alors, 807 jours et nuits fondirent sur cet inlandsis et tous les rennes périrent, exténués et affamés par tant d’efforts, sauf un qu’il relâcha dans la toundra tandis que deux ours polaires perdus, qui glissaient sur un iceberg, se jetèrent à l'eau pour prendre la tête du traîneau.

            Après des kilomètres de traversée inhumaine, le musher stoppa sa pulka – qu’il tirait depuis des jours avec l’énergie du désespoir – devant l’entrée d'un l’hôpital pour, enfin, soigner la petite patte du lapin blanc, enveloppé dans un duvet, qui dormait encore à l’arrière de sa luge.

mercredi 6 mars 2013

C’est ma démo Tacata toquée.




Y va pas . T’écoutas pas mes mots. C’est mal, c’est faux, c’est flou. D'ac d’avance. D’ou vient la voix qui me parle ? Mais avec l’As, tu y allas avec allant. Tacata voilà les Dalton. Tu te masquas. Dans le sas du CA, no SOS. A la caisse, t’encaissas plus que ça. Dans l’sac, la mise à... T’as fait un casse qu’a dérapé. Alors, comment tu gères ton sac braqué au bout des doigts ? T’es cassos ou t’es saqué ? Sachez que le sac va, ira, prouvera. Ca, c’est séché. Dans ta manche, ton As est sec. Sans casse, t’as cas, t’as qu’à virer saccage. Saquer l’as ou cassos, OK ? Ha, ha, ha , ta mise à sac fera cas. Plaise à tes malaises mis à mots. Saccagea, sauva et le sang sauça. Case à mal, y a qu’à, j’ai dit ! Tu nias pas les 807 gnons. Wallon d'Alligre, de Dali aux dakinis ad hoc, tu t’accordas au sort. Acquis fric-frac tout à trac. Tu tractas tes mots. D’ou vient la voie qui me parle ? Appas athés à bas dans le fond du sac. Tac au, tacata voilà les Dalton. Ta tata fêta tes tares avec moult tarte. Ton cat attaqua sa toquante, un attentat taré version mac. La Bac débarqua en vrac. N’y a cas, quand ça. Niac, niac. A la Fac hachée Kate jarte. C’est celle qui dit qui apprit. Vieille carne en berne. T’es cassos à la Fnac ou t’es saqué, causes tes tocs ? Casser le sac, sac chargé à caser. Sachez-le, que nous, sachez que nous on acta à l’arrache et à l'intérieur. Satanés à chercher le sas de sortie. Le sac à Manille, le sac à tortue, le sac à blé, le sac à ta tata. C'est classe ! C’est gaga ! C'est sale ! Tu prends le quart. Tournée de saké ! Sac à tous, ça a rien à faire, dans le train, on se rend sage. Tu prends le train, le sac à la main. Elle prendre le métro, un sachet au bout des doigts laqués. Et ça compte pas. Saccharine à l'intérieur, bon pour le cœur. Batman espère que ça s'embrasera, bombe au fond du fond du sac. Ça ne casse pas, ne déchire pas, c'est toujours au fond du sac que l'on trouve ce qu'on a pas cherché.

Mecs du Sac, avez-vous assez fouillé ? Avez-vous attiser ? Avez-vous assez trifouiller? C'est dans le fond du sac que le délit se trouve, la réalité se révèle. Oui, dans le fond du fond du sac. Et non ! Dans le faux fond. Les faux fonds sont pour les espions, les amants, les désespérant. Les faux fonds, c'est pour ceux qui sont déjà tarés, ceux du déjà trop tard pour les dons, les abandonnés donneurs de leçons. Dans le fond du fond du sac, c'est déjà trop tard ! Puisqu'ils n'ont pas touché et si, s’y seront fracassés , fondus, abîmés. Sans ça,  ces fichus sacs merdre de bordels de sacs ! Satané bordel de sac, avec son fond défoncé. Sont très très faux, sont très très font très mal cousus, sont effilochés. Tout est à repriser droit sur ce sac où l'affaire n'est de pas y pouvoir. C’est celui qui dit qui a pris. Y faut s’y mettre. Cassos ou cassé. Tant à repriser. Mise à sac est immédiate et sans retenue. Ça qu'on love, ça compte dans ce sac, ça coute des salaires de rats. Ça compte ric-rac ce sac, sale, salace, à l’anse qui enlace nos bras. Damnation. Tout ce qui nous irons y faire, c'est à quoi ils coupent. Tout ce qui nous y en fait, c'est tout ce dont il me coûte. Tranchons la somnolence. Sang séché sur le sac. Sacrifice salaud.

Pour revenir au fil, le ciel est radieux, le fils labyrinthique nous obscurcit cependant et casse nos iris. Le sac n'a pas de plage, des grains de sables au fond de son fond, il nous entraîne, toi aussi. Il est hier, il nous lie, il est issue, il est lié. Sa forme d’estomac, je veux même un mot pour le décrire sans crier, je veux des mots qui pêchent à la lune irisée. Ce que je veux : des mots qui y voient clair. Un bon mot, c'est un serpent à moi. Je veux des mots qui démentent. Tacata voilà les mots atones. Je veux des mots qui tremblent. Je veux tirer au fond du sac mon dernier mot à mon dernier souffle. Je veux tirer au stade du fond de mon sac, à son fond de fausseté, le dernier mot. Le mot du monde réel de mon dernier souffle, le souffle de ma dernière seconde, la seconde de ma dernière vie, la vie de mon dernier réveil, le réveil de mon dernier soleil, le soleil de ma dernière journée, la journée de ma dernière lune. C’est la démo à mon démon. Tacata voilà les mots caca. Les mots sortis de ma bouche. Des mots écrits dans mon cerveau. Je veux des bons mots au petit déjeuner. Des mots mac. Je veux des mots clés. Je veux des mots à l'after diner, je veux des mots qu'ils y disent. Je veux des mots qui grattent. Je veux des mots qui pêchent à la lune irisée. D’où viennent les maux qui me parlent ? Des maux sans démentis cachés dans les faux fonds des malles scarifiées.


Camille Philibert

mardi 5 mars 2013

Dansez maintenant.




              Et un matin, mon cœur m’a dit : -       « Tout va trop vite, beaucoup trop vite ».
En m’approchant du miroir, un battement de cil m’a guidé en douceur sur cette prise de mesure là. Le culte de l’urgence et de la vitesse m’a contaminé. Où bien je me trompe ?
Tiens, hier, par exemple. Qu’ais-je fais de mon jour ? Plus de 807 choses. Surement !


                Une vrai coureuse de fond,  que son urgence impose, qui gagne la vitesse, prem’s sur le podium, médaillée d’or du surf : planning/coaching/warning en tous genres.
Mes alertes en arc en ciel permanent. Tous feux tous flammes.
Championne du « multitâches ». La preuve. J’ai même réussi mon cake en surfant sur un réseau social tout en papotant avec ma meilleure amie au téléphone, tout en gardant un œil très maternel sur les devoirs de ma fille, tout en tenant l’aspirateur bien en main, tout en réfléchissant au sujet de ma prochaine réunion, tout en me servant un grand verre d’eau, tout en replissant le lave-vaisselle. Au fait il est quelle heure ? Je dis stop.


                   Ne pouvant pas non plus me convertir en danseuse de Butô, je décide à l’unanimité avec
moi-même que de toute façon je me dois, parce que je le veux, d’aller moins vite.
Le temps sera mon luxe.
Quitte à me faire passer pour une « anxieuse profonde, doublée d’une mauvaise estime de mon moi » (dixit la notion de Procrastination vue par les Psychiatres)
Slow qui peut, valsera bien le dernier. J’en suis convaincue !