samedi 27 août 2011

Les envahisseurs

Bzzz. Au cœur de la nuit, elle émerge de son sommeil. De nouveau bzzz, la mouche agonise, pattes en l’air, univers inversé. L’insecticide agit encore. Pourtant, le gazage était destiné à l’araignée, devant le lit, qui disait vas-y, endors toi. Ils avaient déjà été pénibles sur l’autoroute, à s’écraser sur le pare-brise de sa Mini. Elle avait découvert autant d’espèces que de formes et s’était servi d’une éponge pour enlever cet amas d’ailes et de pattes visqueux qui formait des courbes parfaites. L’essuie-glace n’a pas retiré, ça a mélangé, et comme le soleil durcit les traînées verdâtres, il a fallu gratter. En arrivant, elle avait posé ses fesses sur les pierres chaudes du muret fissuré et ça picotait. Des fourmis dans les jambes. Elle baissa la tête et les découvrit, avec leurs petites pattes fébriles, au bas mot huit cent sept, qui s’affolaient tout azimuts le long de ses mollet. Se déshabiller et plonger dans la piscine. Elle ne vit pas tout de suite les guêpes qui flottaient, noyées de trop d’ivresse. Elle avait fermé la bouche mais s’imaginait boire l’eau. Elle avait voulu lézarder sous le soleil, avait déplié un vieux parasol et découvrit des grappes d’abeilles et d’alvéoles contenant des œufs translucides qui bougeaient. Où avait-elle mis la bombe. Même le papillon qui se posait sur le melon lui semblait suspect. À la fin de la journée, elle compta les piqûres sur son corps et en dénombra sept. Elle plaça des plaquettes anti-moustiques sur chaque prise, supprimant la lumière. En entrant dans la chambre, elle s’était figée devant l’arachnide. Des yeux qu’elle ne voyait pas, elle entendit glisse-toi dans les draps que je puisse rentrer dans un de tes orifices pour m’y blottir. Aucun cri n’était sorti, juste un réflexe, attrapé une sandalette Dior, pour écraser l’horreur. D’un bond, la velue s’est enfuie sous l’oreiller, impossible à retrouver. Que faire. La bombe, avec de grands jets dans la pièce et se coucher malgré l’odeur infamante.


Le lendemain elle quitte son cocon poisseux et bzzz s’envole vers la ville la plus proche. Elle butine de boutique en boutique, à la recherche de petites robes fleuries. Elle papillonne longtemps, se métamorphose à chaque passage en caisse. Elle n’a plus le bourdon.

4 commentaires:

  1. la ou je suis ces satanés insectes grouillent

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  2. Ouais, ben moi, je ne me serais jamais couchée sachant qu'une araignée s'était faufilée sous mon oreiller et que je n'avais pas pu la tuer !!! Brrrr.....

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  3. Moi je me suis couchée, et je l'ai retrouvée quelques jours après sous le lit dans mon sac de voyage… Mais elle était toute recroquevillée et desséchée.

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