mercredi 14 novembre 2012

Ailes brisées


                      - Si j’étais optimiste, je dirais que mon sujet me bat un peu froid, qu’il souhaite prendre de la distance, qu’il est froissé de mes balourdises, qu’il attend que je me ressaisisse pour mieux me rouvrir sa porte et me dire, d’un ton mi-paternel mi-professoral : aller, avec un bon coup de collier, tu vas finir par y arriver ! Mais en homme lucide, je préfère parler d’un fiasco définitif. Ah ! ce sujet ! J’étais vraiment parti pour lui faire mille grâces, l’inviter à danser une très longue pavane, mais ces jours-ci il ne me voit même plus, fait mine d’être occupé avec d’autres, se perd en entretiens savants, avec des mots obscurs qu’eux seuls comprennent, je les entends brasser des concepts, et dès que je m’approche d’eux le petit cercle s’esclaffe.  J’imagine qu’ils se disent : quel sombre idiot ! Il y avait tant de sujets faciles, la Campagne de Russie, l’impératrice Eugénie en ses jardins, l’histoire de la porcelaine de Meissen... mais non, ce petit bonhomme avait des ambitions plus hautes !



                - C’est vrai que tu étais quand même parti pour dix bonnes années de travail en bibliothèque avant d’oser seulement le saluer de loin, ton fameux sujet...


 
                        - Et pourtant j’avais déjà un bien joli titre : 807, idéal ou idéel ?

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