lundi 9 décembre 2013

la dette


       Â quarante deux ans, je mène une existence de rêve. Je suis marié à une femme que j'aime et nous avons deux enfants adorables. Nous habitons une grande et belle maison située au 807 de la rue des églantines dans une banlieue chic proche de Paris. Récemment, l'achat d'un chiot nommé Hector n'a fait qu'accroître notre bonheur familial.

       Mardi dernier, quelque chose s'est passé. Il faisait beau et je suis rentré beaucoup plus tôt que d'habitude de mon travail. Horreur. J'ai découvert notre chien crucifié sur la porte d'entrée. Son dos était plaqué à mi-hauteur, les deux pattes avant en croix cloués par deux crochets en fer et celles de derrières suspendues dans le vide.


        Du sang coulait le long de la grande porte blanche. On aurait dit une toile du peintre Haskorwich dont j'avais vu les peintures abstraites dimanche dernier au musée. Le sang s'écoulait par terre et s'enfonçait sous le paillasson où était écrit Welcome. J'ai sortie mon smartphone de ma poche et ouvert l'application réveil. Je l'ai fait sonner à 17H30. La vie devait continuer, il ne fallait pas que j'oublie d'aller chercher les enfants à l'école tout à l'heure.


        La mort de mon chien avait quelque chose de prémonitoire. Tout allait trop bien jusque là. Je savais qu'un jour, je devrais rendre à la vie tout ce qu'elle m'a donné.




Louis Lascoin

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire