mercredi 30 septembre 2015

Le premier des Douze.


    Admirez ce profil de médaille, ce nez fin et busqué, cette bouche  mince éclairée d’un sourire confiant, ce  menton volontaire que souligne une courte  barbe rousse, cette chevelure soyeuse qui me boucle dans le cou, ce mollet ferme et galbé, ce genou rond que dénude le bas de ma robe - bleue,  n’est-ce pas, et non pas grise ou brune.





     Ne  me donnerait-on pas le bon Dieu sans confession ?



   La bourse que je tiens serrée entre mes doigts est bien moins remplie que celle que j’écrase entre mes cuisses avec la volonté de me faire mal. Là se situe ma vraie blessure, celle qui me fait gémir chaque nuit. Non que je sois chaste. Nous nous frottons les uns aux autres pour nous tenir chaud quand les vents glacés balaient les sables du désert. Mais c’est à Lui que je rêve, qui à défaut d’avoir quelqu’un, nous porte tous dans son cœur. Et maintenant,  laissez-moi  me concentrer sur cette scène qui fera de moi le premier des Douze. Car on me verra enfin, de face et en pleine lumière, mes pièces d’argent répandues par terre, autour de moi. Qu’on les foule du pied, qu’on me les jette à la figure, je m’en bats les couilles. Mais qu’on ne s’avise pas de  piétiner les 807  petites fleurs blanches de mon jardin d’amour. Et qu’on n’y envoie pas rôder les chiens.



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