samedi 25 septembre 2010

#198 – Je panse donc je suis

il en a bu des verres
pour soigner ses bleus
le gros célibataire


On retrouva le cadavre du clochard, parmi 807 autres. De bouteilles, ceux-là.


L'auberge est bondée, on fuit la chaleur à l'intérieur de ses murs, et on boit.
– Il faudrait que je pense à panser mes blessures...
L'homme qui prononce cette phrase porte une moustache, il a les yeux clairs, ce qui plaît aux femmes de ce pays, il tient à peine debout, il lève son verre et s'écroule.
– Quand il commence à se prendre pour un poète et à parler en alexandrins, c'est qu'il est fin rond, le bonhomme !
– Tu m'étonnes, et puis, bourré ou à jeun, ce poivrot n'arrivera jamais à la cheville de Verlaine...
Et l'aubergiste de porter le soûlard dans sa chambre. Rien que du normal, à Aden, en ce mois de mai 1882.

1 commentaire:

  1. Au soir de mai 1882 à Aden, dans le café "Bardey et Cie", un monstre maudit de la poésie -qui se faisait appeler "Francky"- se construisait. Ivre, il déclamait :

    "Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
    Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
    Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
    Ni nager sous les yeux horribles des pontons."

    Merci ! Franck pour cet excellentissime 807.

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