samedi 18 octobre 2014

dégringolade atmosphérique


photos Jux El Nuevo
      Troisième étage. De l'autre coté d'une baie vitrée légèrement fêlée donnant sur le balcon d'un immeuble des années 30, une jeune femme au regard amnésique posé sur la sortie Art Nouveau du métro Abbesses qui se reflète en ombre tarabiscotée sur une vitrine de masques grotesques. Rien ne bouge, rien n'est en place. Anne-Céline regarde de l'autre coté de la rue, à l'arrivée à 60 degrés de la rue en coté, ses yeux rougis s’agrippent au dessus des immeubles de neufs étages, ils harponnent le vide du ciel.



      Elle se masse les tempes. La pression atmosphérique en dégringolade, chute biseautée de la lumière du jour, saturation des cumulus déchirés de flash et un aveuglement à l'Ouest, derrière d'autres rues et boulevards le grand parc de l'Est, elle doit y aller elle recule un peu doit y aller. Restent les murs en béton recouverts de 807 mots peints. Cap sur les Buttes Chaumont.



      Passer au dessus des rails de la Gare du Nord, avaler à grandes enjambées la rue Clavel, passer la rotonde la Villette en chantonnant sur les faibles grondements du lointain, marche plus légère au fur et à mesure de l'approche du parc quand elle se parle dans toutes les langues connues, maintenant elle se souvient d'hier, se raconte des trucs merdiques, des gags, rigole en bossue au croisement de la rue des Poissonniers, s'embarque plus avant, crâne atrocement compressé soudainement. Allure trainante désormais et sans regarder son ombre



Et la traversée de la rue des Butés, elle insulte une voiture qui vient de lui couper la route, passer les cars de flics, arriver au lac artificiel dans la fatigue. Canards et cygnes filent s'abriter sous les grottes grotesques. Tachée de carmin, grouillante d'éclairs éparpillés, la couche nuageuse engloutit Paris et ses derniers pas.

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