jeudi 20 mai 2010

#120 – Illusions perdues

Attaquée par le réel sur tous les fronts, refoulée de toute part, se heurtant partout à ses limites, elle prit l’habitude de se réfugier dans un monde imaginaire et à y vivre, à travers les 807 personnages qu’elle avait inventés, une vie pleine de sens, de justice et de compassion.


J’avais omis de savourer l’heure qui passait, pour me consacrer à une œuvre de 807 pages qui passerait bientôt elle aussi. Ma prétendue réussite n’était qu’un affreux gâchis. Je n’avais donc été bon qu’à avoir vécu, pas à vivre.


Lui-même n’avait aimé que la littérature. Il avait oublié d’exister pour écrire, ou plutôt, il n’avait écrit que pour se prouver qu’il existait. Parfois, la tête renversée sur ses dossiers, les paupières à demi-closes, il se donnait l’illusion de son intronisation dans le Panthéon des écrivains les plus illustres.

4 commentaires:

  1. 807 personnages, en rester au sol la tête pleine de tournis

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  2. "Je n’avais donc été bon qu’à avoir vécu, pas à vivre." Phrase en forme de questio, tout n'est pas perdu.

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  3. Wow...dur !
    Mais à relire je ne comprends pas: le personnage des deux premiers paragraphes est bien une femme...? Pourquoi "bon qu'à" alors ? Ou c'est moi ...

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  4. Hippocampe... petit cheval de mer, pour répondre à ton questionnement, il y a 3 personnages :
    1) "Une femme" qui vit dans la fiction de ses personnages qu'elle a créés ;
    2) "Je" un narrateur imaginaire, ici un homme, car moi, une femme (enfin je crois), je n'ai jamais écrit une oeuvre de 807 pages ;
    3) "Lui-même" un deuxième homme qui n'a rien avoir avec celui du dessus (le 2). Ai-je été assez claire ?
    Bonne journée !

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