Il habitait une ville d’opérette avec son kiosque à jamais déserté par les orphéons, ses pâtissiers repérés dans les guides gastronomiques, ses noces en dentelles de chantilly sur le parvis de la cathédrale et sa vraie misère confinée hors des remparts. Ce qui le rendait triste, c’était de se sentir trop éloigné de lui-même, de son propre être poétique. L’elfe en lui, mourait trop souvent d’une indigestion de saucisses.
Il n’avait pas dormi de la nuit, torturé par mille souvenirs encombrants et retors. Il s’était levé plusieurs fois pour boire un verre d’eau ou pisser, alternativement. Il passait un moment devant sa fenêtre avant de regagner son lit. La comète glacée près du croissant couché insolait le ciel vide au feu de sa neige. Le nez tendu vers le bleu de la nuit, il eut envie d’un verre d’alcool pour noyer sa logique. Il en but plusieurs. Le sommeil l’avait pris à l’aube et son radio-réveil avait hurlé une heure plus tard. Il s’était levé d’un bond comme à son habitude, pris d’un léger vertige et avait titubé vers la salle de bains, migraineux, vulnérable. Il s’était douché, rasé, habillé machinalement et la fatigue l’avait plombé d’un coup. Une lueur grise filtrait par les rideaux de la baie vitrée. Il avait frissonné, avait enfilé son manteau d’hiver et s’était assis dans son vieux fauteuil de cuir. Ce matin-là, il n’eut pas envie de sortir de chez lui. Trop peur de se faire tuer par un autobus qu’il n’aurait pas vu, par le sourire mendiant d’un malheureux recroquevillé dans un coin de porte, par le parfum d’une belle qui le croiserait sans un regard. Ce fut la première des 807 heures où il continua à attendre assis, sans un geste et bientôt sans une pensée.
On le retrouva 33 jours et 15 heures plus tard, cadavre liquide, assis devant la télé allumée.
Il n’avait pas dormi de la nuit, torturé par mille souvenirs encombrants et retors. Il s’était levé plusieurs fois pour boire un verre d’eau ou pisser, alternativement. Il passait un moment devant sa fenêtre avant de regagner son lit. La comète glacée près du croissant couché insolait le ciel vide au feu de sa neige. Le nez tendu vers le bleu de la nuit, il eut envie d’un verre d’alcool pour noyer sa logique. Il en but plusieurs. Le sommeil l’avait pris à l’aube et son radio-réveil avait hurlé une heure plus tard. Il s’était levé d’un bond comme à son habitude, pris d’un léger vertige et avait titubé vers la salle de bains, migraineux, vulnérable. Il s’était douché, rasé, habillé machinalement et la fatigue l’avait plombé d’un coup. Une lueur grise filtrait par les rideaux de la baie vitrée. Il avait frissonné, avait enfilé son manteau d’hiver et s’était assis dans son vieux fauteuil de cuir. Ce matin-là, il n’eut pas envie de sortir de chez lui. Trop peur de se faire tuer par un autobus qu’il n’aurait pas vu, par le sourire mendiant d’un malheureux recroquevillé dans un coin de porte, par le parfum d’une belle qui le croiserait sans un regard. Ce fut la première des 807 heures où il continua à attendre assis, sans un geste et bientôt sans une pensée.
On le retrouva 33 jours et 15 heures plus tard, cadavre liquide, assis devant la télé allumée.
Une des manières de se débarrasser du nombre... On y arrivera, étape par étape, triptyque par tryptyque. Et le nombre sacré apparaîtra alors sans le nommer où qu'on soit dans toute chose. Et le monde redeviendra comme avant.
RépondreSupprimerCe ne sera qu'un fait d'hiver de plus!
RépondreSupprimerLes elfes peuvent mourir d'une indigestion de saucisses, c'est vrai. On ne lit pas assez les faits d'hiver.
RépondreSupprimerJ'adore! Et c'est superbement écrit.
RépondreSupprimerVotre avis compte pour moi, Emma.
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