jeudi 8 septembre 2011

Car, quand les chemins diurnes côtoient les chemins de la nuit /3

Pas la panique non qui me jette dans la pente. Où poser le pied ? Si je n'avais pas fait confiance à cette fille, les poursuivants auraient eu autre chose à se mettre sous la dent que moi et l'autre fuyard. Ce jour illusion qui tombe. Cette plage enfin. Bombardée de blocs de rocs. Courir courir les bateaux je les vois bien, les projectiles creusent les vagues. Quel tracé dessinerait le chemin le plus rapide, s'extirper de cette crique, rallier ton navire ? Contrôler chaque foulée, la mer est froide, nuit d'eau sans lune, une pierre massacre mon bras ce bateau penché craque crac coule... D'autres criblés pas de limite à la sauvagerie barbare du sang sur moi. Éjectés des entrailles des navires, d'autres que moi dans l'eau, côtoyant poissons et débris de quoi... Nager toujours pas de panique non nage dans l'eau grise... du haut des falaises les hommes immenses affluents, cette île maudite en abrite combien, qui criblent de 807 harpons jusqu'à l'horizon l'eau rougie ne côtoyer que corps inertes des bateaux écrasés ils ont plongé je nage un trait noir siffle à mon oreille droite rate ma tête, de peu, un harpon pour thon chassé comme un thon les dieux pires que des chiens de ce traquenard non ça ne s’arrêtera jamais, thons embrochés ils nous massacrent les yeux secs même plongeant la tête rouge à la surface de l'eau ne pas y croire on est des thons ne pas voir vagues rouges aucune vie ne tient yeux séchés... Sans lune, l'air autour de l'unique bateau rescapé, n'est plus le même air. Puant le fer, l'égout. Dense comme les flots qui charrient plus que de raison. Finis les craquements où ils sombrèrent corps et biens. Tranquillité limpide. Silence blanc. Demain on côtoiera le soleil. Demain, se débarrasser du jour sera impossible. L'instabilité de chaque vague rappellera l'offense du carnage. Il y aura du rejet sur les côtes, de nouveaux amas dans les criques bleues. Ton bateau fuit cet endroit où le jour se confond avec la plus acérée des nuits. Mes yeux restent secs. Car, contre toute attente, je respire. On va où maintenant. Devant, c'est nulle part.



Musique Xavier Brillat, tous droits réservés

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