lundi 31 octobre 2011

La montre

Cette saloperie de Heavy Metal gueulait ses insanités par les fenêtres ouvertes. Ce genre de musique, ça me prend la tête. J’avais mon Glock dans la poche de mon blouson. La porte d'entrée était grande ouverte. Je suis entré. Zenacker était allongé sur un canapé, une bière à la main, les pieds nus sur un tabouret. Il n'a pas réagi quand je l'ai braqué, il s'est juste marré. Complétement pété. Ce mec était tellement stone qu’il restait là, à rigoler doucement. Il se foutait de moi. J'ai flingué son ampli. Ça l’a calmé. C’est là qu’une porte s'est ouverte dans un coin de son taudis et qu’un autre mec s’est pointé dans l'encadrement. Énorme, gonflé de partout, le bide débordant du jean, l’œil vitreux. Il a dit à Zénacker : C’est quoi ce nain de jardin, tu ouvres une garderie ? Et il s’est accoudé au buffet, tranquille, sa cannette à la main, shooté lui aussi ! Comme si je n’existais pas, comme si j’étais une hallucination. Ils auraient dû me faire pitié, mais j’ai vu le poignet du gros quand il s’est accoudé. Un cadran bleu, la montre de Zoubir. On en avait chouravée une cargaison dans un camion. 807, pour être exact ! La preuve que c’était ces zombis qui avaient liquidé Zoubir. Putain, piquer la montre d’un cadavre ! J’ai plié le gros en deux d’un coup de pied. Quand Zénacker a bondi sur moi, j’ai tiré, d’instinct. Mon bras a cogné le mur à cause du recul et un deuxième coup est parti tout seul. C’est le gros qui a morflé. Quelque chose a giclé, un œil, un bout de joue, un truc comme ça. Rouge. À gerber ! Zénacker était sur moi, j’ai encore pressé sur la détente.


À bout portant.

3 commentaires:

  1. Un 807 hard boiled à point, merci Joël.

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  2. Que c'est rondement mené tout ça ! Expéditif, net et précis. Du boulot de pro !

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  3. une affaire réglée en 807 microsecondes

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