jeudi 26 janvier 2012

Fin du fin

Plus on s’approchait, plus on savait que ce serait la fin. Pas la fin de la faim. Non, la fin, the end, le néant après l’espoir, l’espoir insensé que ce gâteau avait provoqué en notre bouche, sur notre langue, dans notre salive.
Il était énorme quelques minutes seulement auparavant, escalier géant de crème fouettée. Mais quand le Président avait dit : « Le buffet est ouvert », la horde des congressistes, 807 d’après le listing de l’entrée, s’était précipitée. Avait saisi fourchettes et cuillères et avait attaqué : avec la fourchette, piquant la main ou l’avant bras des collègues les plus rapides ; avec la cuillère pour tailler dans le blanc mousseux et floconneux.
Et moi, dans mon fauteuil roulant, avec la tendre collègue qui m’accompagnait, j’avais beau essayer d’avancer, quitte à rouler sur quelques orteils, les culs et les dos des hommes debout et vêtus de noir me barraient le passage vers la table qui semblait rapetisser. J’observais le sommet de chantilly disparaître, s’écrouler sur sa base. Et une jeune femme, pas assez rapide par rapport au groupe, se jeta dans un magnifique saut de l’ange sur la table. La foule s’écarta alors. Et pour moi, il n’y avait plus rien.


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