samedi 19 juin 2010

#151 – 807 fois, la porte

Elle s’était décidée à pousser la porte.
Le bistrot bondé avait balancé ses effluves de caféine et de sueur sucrée, des échos de voix mêlées, ses éclats joyeux et larmoyants. Une place libre, dans un coin, paraissait l’attendre. Après avoir commandé un expresso, elle avait ouvert un bouquin. La matinée était passée tandis qu’elle écoutait et regardait vivre le monde, planquée derrière les pages d’un roman de Philippe Djian. Ses trois cafés lui avaient coûté quinze francs.


Sur la porte, il était écrit : « Entrez si vous le voulez mais n’oubliez pas de payer en sortant ! »


Chaque porte de bistrot cache une promesse d’évasion. Que ce soit la 2e ou la 807e fois, on se dit en entrant qu’on pourrait être n’importe où… Que ça pourrait être n’importe quel bistrot, dans n’importe quelle ville. Tant qu’on reste assis là, planqué à la table du fond, il est possible d’imaginer qu’en ressortant, on se prendra une grande claque de vent iodé dans la figure... Et même d’y croire.
La différence c’est qu’aujourd’hui, le rêve coûte plus cher : maintenant, on paie ses deux cafés au prix de trois.

3 commentaires:

  1. m'en vais re-pousser des portes de café, ai perdu l'habitude en changeant de vile et de vie - mais pour le rêve...

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  2. Ah, c'est beau! Et en vous lisant Frédérique, on sent bien le vent iodé qui vous caresse la figure...

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  3. @ Brigetoun: il y a des bistrots comme celui là dans toutes les villes et dans toutes les campagnes... Bon retour au café des rêves!
    @ Magali: en l'écrivant ce vent iodé, je sentais sa claque sur mon visage...

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