mercredi 28 septembre 2011

La coupe est reine

Pur, le sillage dessiné à l'arrière de la galère alors que la boue de l'ennui m'absorbe. Jeter l'hameçon sur les reflets mouvants, espérer le crépuscule et son rayon rose qui ferait, à ce que disent les rameurs un effet bœuf. On n'a pas gardé les porcs ensemble, mais depuis la guerre le monde s'est transformé et même la sardine mord moins à l'hameçon. Nada au bout de ma ligne... Pensées engluées, j'attends comme une andouille quelque chose, sans savoir quoi... Ou quelqu'un qui nettoierait le bourbier de ma caboche. Tu demandes qu'on accoste. Encore le plancher des vaches, ça lasse...Une côte désolée et des oliviers en surplomb. Pour trouver du ravitaillement, on part à l'aventure à vingt-deux dont l'émacié, le boutonneux et un casse-couille qui la ramène trop. De ton côté tu décampes chasser à l'arc. On traverse une forêt dense aux arbres tordus, on débarque sur un jardin immense. Copains comme cochons, des loups et des lions y jouent ensemble. À notre vue, aucune réaction, on avance. Nos gosiers sont secs. Corps élancé, jambes fuselées, 465 boucles blondes et triangulaires, 66 dorées plus 276 ambrées, visage ovale aux pommettes hautes, des yeux lumineux comme la glace, un large sourire et des dents éclatantes, comme suivie par une nuée de pétales de roses, une reine apparaît. Elle a jailli d'un palais à moitié dissimulé dans les oliviers. Suivie de femmes boudinées portant des apéros du coin, elle nous sert une boisson mixtionnée qui coule à flot, on trinque, on va déguster. À la nôtre ! Ah, plaisir d'être accueillis à bras ouverts par cette créature merveilleusement chaleureuse, on a eu raison de pousser notre exploration dans ce lieu où tout est si accueillant. Ne jamais repartir, goûter ce sourire qui me sort de la boue, prendre racine dans son paradis illuminé. Trop belle, trop souriante, trop empressée l'apparition silencieuse aux 807 boucles ressert nos timbales déjà vides. Je lui mangerai dans la main. Mes potes la suivent dans le palais. Subjugué, je reste dehors. Quel dieu m'a guidé jusqu'à cette ensorcelante créature ?



Musique (c) Franck Garot

4 commentaires:

  1. Bravo pour le texte. Quant à la musique, une vraie sublimité. Encore plus beau que du Satie. Ca fait plus de 807 fois que je me passe cette vidéo en boucle. Faudrait être fou pour pas aimer...

    RépondreSupprimer
  2. Bien d'accord avec vous la musique qui accompagne ce récit complètement déjanté est géniale. Chapeau !

    RépondreSupprimer
  3. Comment ne pas aimer la pureté de ces notes qui en moi, expriment un humour décalé sous la mélancolie et au détour d'une image ?
    Attention talent !

    RépondreSupprimer
  4. Oui, "Anonyme", c'est ce que je trouve génial aussi dans cette musique, la vraie fausse nostalgie qui accompagne ce récit complètement loufoque. Encore un grand BRAVO aux deux artistes.

    RépondreSupprimer