vendredi 9 mars 2012

Frontières troubles

Les yeux clairs de Noémie sondent le regard vert de son père, tâchant d’y reconnaître un soupçon d’humanité et de vérité. Elle se perd dans cet abîme de non-dit. Elle revient à l’attaque, se laissant peu de répit, elle veut savoir :
— Si c’est le frère d’Otmar que tu as vu, est-ce vraiment un hasard cette rencontre car, s’il lui ressemble, peut-on imaginer que c’est son clone, suite aux expériences génétiques des Nazis ? Et que vient-il faire en France, que te... voulait-il ?
— À moi rien. C’est toi qu’il cherche, je l’ai soupçonné quand on a découvert les deux sœurs. La même signature morbide que j’ai déjà vue à Omsk. Car tu n’es pas ma seule fille, figure-toi. Comment imaginer que tu aurais échappé à la vague de clonage, il n’y a pas une petite voix à l’intérieur de toi qui te dit que j’ai raison ?
Noémie se sent défaillir. Elle doit se réveiller de ce cauchemar qui la place toujours dans sa ligne de mire ; où aller maintenant qu’elle se sait deux...


Elle voudrait faire 807 tours sur elle-même — effacer son double, mais d’un autre côté, trouver l’autre elle-même... et différente sans doute, cette idée la fait chavirer, brise son miroir. Elle trouverait Otmar qui ferait apparaître sa sœur et disparaître, espère-t-elle, l’écho de sa folie.

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