jeudi 2 décembre 2010

#266 – À fleur d'eau

...Alors pour me rafraîchir, je me plonge dans mes souvenirs : je revois mon ascension dans les Pyrénées, non loin du mont Vallier. Nous étions partis à l'aube et avions gravi la montagne dans un paysage embrumé qui me rappelait curieusement la forêt de Brocéliande, alors que je n'y suis jamais allée. Tout le long du cheminement, nous entendions le cours d'un torrent qui, bien que tout proche, se dérobait à la vue dans des méandres de brouillard.


Arrivés à proximité du sommet, nous avons débouché sur un lac alimenté directement par des névés, paré d'un bel arc-en-ciel. Après cette ascension – de 807 mètres de dénivelé – qui nous avait donné des suées, je n'ai pas hésité à me déshabiller pour aller me glisser dans cette eau extrêmement froide.


J'ai fait trois brasses, puis suis remontée me sécher. Comme moi, deux autres personnes avaient fait cette courte baignade : l'eau était tellement glacée... il lui manquait à peine quelques degrés en moins pour qu'elle ne se raidisse et que sa surface ne change d'apparence et d'existence... autrement dit d'état. On ne pouvait donc s'y attarder. D'ailleurs nos guides ne s'y étaient pas aventurés et nous regardaient avec des yeux éberlués nous tremper dans cette eau si froide. Sans m'en rendre compte, en me baignant, je m'étais blessée en heurtant ma malléole contre un rocher. Ce n'est qu'une fois sortie de l'eau, que je me suis aperçue, en la massant machinalement, que j'en avais « deux » l'une contre l'autre ! La froidure du lac avait anesthésié ma douleur, l'air l'avait réveillée. Ce bain express m'avait redonné chaud, une fois que j'étais sortie de l'eau. J'avais l'impression exquise d'être devenue une feuille, pour le coup, j'avais perdu tout relief, j'étais parfaitement lisse contrairement aux autres randonneurs qui, eux, avaient gardé toutes leurs épaisseurs... Le ciel était dégagé et le soleil enfin brillait.

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