lundi 8 mars 2010

#48 – Un de perdu...

Première Saint-Valentin. Ils fêtent leur amour tout neuf. Il lui offre une douzaine de roses rouges, le Goncourt et le Femina, il connaît sa passion.


Passent les Saint-Valentin. Sept roses, cinq roses, puis une seule, rien d’autre. Puis plus rien. Les enfants ont grandi, quitté la maison. Il rentre de plus en plus tard. Elle ne s’en aperçoit pas. Elle a toujours un compagnon. Qu’elle abandonne à regret pour réchauffer le repas lorsque la clé tourne dans la serrure. Qu’elle retrouvera avec bonheur pendant que lui regardera le journal télévisé puis se plongera dans ses journaux. Il a tenté en vain quelques remarques. Elle a feint de lui reprocher Le Monde, Valeurs Actuelles, a plaisanté que, finalement, ils lui étaient bien utiles pour emballer les épluchures !


Ce matin, en se levant, elle a trouvé un petit mot sur la table de la cuisine. Il ne rentrera pas ce soir. Il ne rentrera plus. Il n’y a plus de place pour lui dans la maison. Elle n’a pas mal, elle s’étonne juste un peu. Plus de place pour lui ? Elle fait le tour de l’appartement. Un Mankel est posé sur son oreiller, un autre patiente sur la table de chevet. Dans les chambres des enfants, les étagères ploient sous les Poche, les Folio. Au salon, un Nothomb abandonné sur la table basse voisine avec un Murakami. Face au canapé, une gigantesque bibliothèque pleine à craquer cache le mur, du sol au plafond. Elle s’installe devant son ordinateur, clique sur l’icône « Mes livres » 807, elle possède 807 bouquins ! Excel ne peut pas se tromper ! Ma foi, un homme de perdu, restent 807 amis dans tous les coins de la maison ! (Sans compter ceux à venir !) Pas de quoi verser une larme...

3 commentaires:

  1. De drôles de compagnons, ces livres quand même! On les aime, on les quitte, on les retrouve, on les donne, on les oublie, ils reviennent...

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