Cette année-là, tu es vivante.
Tu rentres chez toi le midi. Je t’accompagne. Tu me demandes si j’ai faim. Pas du tout. Ça tombe bien, le frigo est vide. Dans un placard, tu prends une soupe en boîte parmi les 807 rangées sur les étagères. Tu l’ouvres et tu y plonges une grosse cuillère. Je te regarde manger cette gélatine froide à la tomate. Tu es belle et tu manges de bon cœur ta mixture extra terrestre en me souriant gentiment entre deux bouchées tandis que je convoite tes seins nus sous ton pull léger et que je caresse ta nuque blonde. Le soleil joue sur le lit défait que j’aperçois par la porte de ta chambre entrouverte. Pour finir, tu pèles une orange un peu desséchée. La dernière qui restait dans la corbeille sur la table de la cuisine. Je n’en veux pas la moitié. Je te veux toi mais l’aiguille a tourné au cadran de la pendule. J’écarte le quartier d’orange de tes lèvres et je goûte l’acidité de la tomate industrielle sur ta langue. Il faut partir. Nous marchons sans un mot sous le soleil de mai et je te suis des yeux quand tu franchis le portail de l’entreprise. Tu te retournes une fois et tu disparais tandis que je reste là, immobile, le temps que mon désir encombrant perde sa rigidité.
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