samedi 4 juin 2011

Cour de récré

Depuis la rentrée, j’ai ramassé 807 marrons dans la cour. Il n’y en a plus par terre. Je regarde les arbres, fasciné par le soleil qui radiographie les feuilles de marronnier. Choc entre les épaules. Bousculade. Je tombe. Genoux en sang, je me relève. Les cris absorbent les couleurs, l’oxygène. Je bondis sur le premier de ceux qui tournent autour de moi en hurlant. Je ne vois plus rien. Je reprends conscience, couché sur le dos. Les battements de mon cœur résonnent sous le préau. Je perçois une voix au-dessus de moi. Je vois le visage du maître près du ciel. Je ne distingue pas ses traits à contre-jour. La lumière est éblouissante, insupportable. Je détourne la tête et les lacs de larmes dans mes yeux roulent dans la poussière. Gouttes de mercure.
– Te voilà calmé ! dit le maître. Qu'est-ce qui t'a pris ?
Je veux me relever. Il m’en empêche. Sa grosse patte me plaque au sol.
– Reste tranquille ! Tes parents arrivent. Il faut te faire soigner, mon petit ami !
Ils sont tous là, autour de moi, graves et silencieux. Celui que j'ai tenté d'étrangler se tient près du maître, une main sur la gorge.


Plus tard, quand le psychologue me demande des explications, je dis :
– Ils m’ont dérangé. J’étais tranquille avec le soleil.

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