vendredi 10 juin 2011

L’hérésie

Rodolphe Arthaud


Je reconnus la Vaste Pelouse en ce qu’elle était porteuse du Brin. Et je sus que le Brin se trouvait là, car là était la Vaste Pelouse. Je restai huit cent sept jours à contempler la Vaste Pelouse, pleinement satisfait, nourri de la seule présence du Brin, là, une pointe unique dans le foisonnement innombrable et vert des pointes semblables. Enfin empli de verdeur et de certitude, je choisis un brin ; je vis que c’était le premier brin. J’en choisis alors un autre ; je vis que c’était le deuxième brin. Je poursuivis sans me décourager, car le Livre enseigne que le brin ne se donne pas immédiatement. Au huit cent septième, je reconnus le Brin à cela même qu’il était le huit cent septième. Le livre avait raison ! Je rassemblai huit cent six disciples qui me reconnurent, puisque j’avais reconnu le huit cent septième brin. Mais comment répondre à cette voix discordante, qui prétend que n’importe quel brin aurait pu être le huit cent septième, que j’aurais pu m’installer n’importe où sur la Vaste Pelouse pour commencer mon compte, et même que n’importe quelle autre pelouse aurait pu convenir à mon projet ? C’est pourquoi, partout sur la Terre — hors du sanctuaire vert et dénombré — nous désherbons.

8 commentaires:

  1. Je veux bien être le 807 ème disciple !

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  2. Excommunions le gazon maudit

    Loran

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  3. L'Herbe est haute et son Brin est sacré!

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  4. Deux disciples de plus (807 et 808) : une belle blonde et un beau brin

    Loran

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  5. Et le lieu où aucun Brin ne repousse fut dédié au grand Un (souvent faussement orthographié Hun).

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