Ô buse, je te compte la denture de celui qui étrilla proie et sur la bleue passa en luttant pour survivre. Celui que tu ramènes ce jour à ton port, le plus vif de l'équipage et toujours dans le vent, celui-là c'est bien moi. J'ai la chance d'avoir encore toutes mes dents, et une spécialement contre toi. T'es le seul à avoir reçu de Grosses-joues une jarre en cadeau, cachant sûrement un trésor de roi. Je convaincs facilement les copains que, jusqu'à maintenant, le seul à tirer son épingle du jeu, c'est toi. Le fracas de la jalousie se mélange à la rengaine des vaguelettes. On avance lentement, quand derrière la mer d'huile, apparaissent les collines familières. Ô temps suspens ton vent, on touche enfin au but. Tu te frottes les yeux, tu meurs de fatigue, dors enfin... On pousse des soupirs soulagés, on te pique la jarre, on pète de joie. Un bouchon de cire la scelle. Je le mords, il craquelle, à l'intérieur un souffle incroyablement puissant... Une multitude de forces invisibles s'échappent de la jarre, faisant exploser mes canines sous la pression... Des entités infernales fusent jusqu'au soleil et dévastent l'océan... Sur le pont, nous tremblons à l'unisson. Comment j'aurais pu deviner ce que contenait cette satanée jarre ? Onze bourrasques à la puissance 2, sept siroccos à la puissance 3 auxquels s'ajoutent sept zéphyrs au cube. Décompressés autant qu'acharnés à nous égarer, ce sont 807 vents qui se barrent ! Et fondent en un éclair sur notre coque de noix. Où nous déroutent-ils ? Souffle court, désolé, tu contemples la côte qui disparaît sans qu'on ne puisse rien y faire. Dégoûté, sans un pet de butin, je crache mes si belles dents sur le pont mouillé. Quelque chose me dit qu'on n'a pas fini de ramer... Hasta la vista, ton foyer. Ô l'adieu fait à mon dentier.
Oh dis, c'est d'eau d'mer?
RépondreSupprimerÔ l'adieu fait aux dents de la mer...
RépondreSupprimerVictor Hugo en pâlirait !
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