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lundi 2 janvier 2012

Sacré Saint-Pierre !

L’église résonnait du chœur mélodieux des voix ferventes. Celles des ténors, barytons et sopranos se mariaient aux gazouillis cristallins des enfants. Ça lui faisait chaud au cœur au père Dumas d’entendre les timbres de ses paroissiens unis dans une même foi enthousiaste. Tout comme le soir du 24 décembre, ils avaient bravé le froid et la neige pour célébrer ensemble le Seigneur en ce premier jour de l’année 2012 qui se trouvait être un dimanche. Tous les yeux brillaient. Le père Dumas en aurait presque pleuré de joie. Il les aimait, ses fidèles. Ils le lui rendaient bien. En récompense, il allait leur déclamer le magnifique message de vœux qu’il avait mis deux jours à peaufiner. (Il avait officié quelque temps sur les planches d’un théâtre de province avant d’embrasser la prêtrise.) Les mains tendues vers l’assistance, il commença :
— Mes chers amis, mes frères, que cette année nouvelle vous soit clé... clé... clé...
Il n’alla pas plus loin et, devant les paroissiens médusés, il s’effondra aux pieds de l’autel.
Arrivé au Paradis, debout sur son nuage, furieux, il se permit d’apostropher Saint-Pierre :
— Enfin, pourquoi ? Pourquoi moi, j’allais bien ! M’enlever à mes ouailles en pleine messe de 10h le 1er janvier, alors que je me préparais à leur servir le plus beau morceau de mon répertoire ? Ça ne pouvait pas entendre un peu ? J’avais encore beaucoup à faire, sauf votre respect, très Saint-Pierre !
— C’était votre 807e messe, mon fils, peu importait qu’elle fût de 8h, de 10h, d’un jour de fête ou non ! J’avais des ordres, mentit Saint-Pierre, d’un ton qui n’admettait pas la réplique.
Le père Dumas se souvint que les volontés du Seigneur étaient impénétrables et, discipliné, renonçant à obtenir plus de précisions, s’assit parmi les bienheureux.


Ce coquin de Saint-Pierre jubilait en secret. Il n’allait tout de même pas avouer que, depuis des lustres, il cherchait désespérément une idée pour placer un petit couplet chez Franck Garot !

mercredi 5 octobre 2011

Solitude

Il était heureux d’être si bien entouré. Il culpabilisait même de ne pas pouvoir répondre à tous leurs messages de sympathie, de félicitations pour ses petits écrits sur son petit blog. Il avait honte de manquer de temps pour les saluer tous, rire de leurs bons mots, se réjouir de leurs succès, intervenir dans leurs débats. Il avait fait le compte, la semaine dernière : pas moins de 807 amis, mieux qu’une famille ! Pas moins de 807 raisons de chanter « La solitude, ça n’existe pas ! »


Lorsqu’on l’a mis en terre, ce matin, dans la fosse commune, pas un pèlerin pour l’accompagner. Ses amis facebookiens n’étaient pas au courant.

lundi 26 septembre 2011

Rien ne sert de compter

Tout va de travers. Elle a foiré son entretien d’évaluation, bafouillé comme une vierge effarouchée, s’est couverte de ridicule ! La promotion, c’est Fabienne, grande gueule et cuisses aguicheuses, qui l’aura à coup sûr. Son homme part de plus en plus souvent en déplacement : prétexte, il voit une autre femme ! Son ado Loïc s’est fait virer du lycée cet après-midi : il est ravi, le traître, il veut faire le tour du monde en auto-stop ! Et le fisc qui lui réclame le dernier tiers qu’elle a réglé en temps utile. Étonnez-vous qu’elle n’arrive plus à dormir. Elle a essayé la tisane – emplâtre sur jambe de bois – la pilule miracle qui hélas procure un réveil nauséeux et coupe les jambes pour la matinée… Alors ce soir, pour tenter d’oublier son compte d’ennuis, elle compte, comme le conseillait sa grand-mère : 1, 2, 3, 4, 10, 20, 50, 100, 300… 800, 801, 802, 803, 804, 805, 806 moutons…


Béééééé ! Béééééé ! Elle hallucine. Une créature frisottée a posé sa tête sur l’oreiller à côté du sien. Le chiffre 807 est inscrit sur son front en caractères lumineux. Décidément, tout le monde se ligue contre elle !

lundi 8 mars 2010

#48 – Un de perdu...

Première Saint-Valentin. Ils fêtent leur amour tout neuf. Il lui offre une douzaine de roses rouges, le Goncourt et le Femina, il connaît sa passion.


Passent les Saint-Valentin. Sept roses, cinq roses, puis une seule, rien d’autre. Puis plus rien. Les enfants ont grandi, quitté la maison. Il rentre de plus en plus tard. Elle ne s’en aperçoit pas. Elle a toujours un compagnon. Qu’elle abandonne à regret pour réchauffer le repas lorsque la clé tourne dans la serrure. Qu’elle retrouvera avec bonheur pendant que lui regardera le journal télévisé puis se plongera dans ses journaux. Il a tenté en vain quelques remarques. Elle a feint de lui reprocher Le Monde, Valeurs Actuelles, a plaisanté que, finalement, ils lui étaient bien utiles pour emballer les épluchures !


Ce matin, en se levant, elle a trouvé un petit mot sur la table de la cuisine. Il ne rentrera pas ce soir. Il ne rentrera plus. Il n’y a plus de place pour lui dans la maison. Elle n’a pas mal, elle s’étonne juste un peu. Plus de place pour lui ? Elle fait le tour de l’appartement. Un Mankel est posé sur son oreiller, un autre patiente sur la table de chevet. Dans les chambres des enfants, les étagères ploient sous les Poche, les Folio. Au salon, un Nothomb abandonné sur la table basse voisine avec un Murakami. Face au canapé, une gigantesque bibliothèque pleine à craquer cache le mur, du sol au plafond. Elle s’installe devant son ordinateur, clique sur l’icône « Mes livres » 807, elle possède 807 bouquins ! Excel ne peut pas se tromper ! Ma foi, un homme de perdu, restent 807 amis dans tous les coins de la maison ! (Sans compter ceux à venir !) Pas de quoi verser une larme...

mardi 19 mai 2009

313 – Trzysta trzynaście

Je lui susurre tendrement à l'oreille que je lui ai donné plus de 807 baisers. Elle pique une grosse colère : Quand on aime on ne compte pas !