vendredi 6 juillet 2012

Couvade.


                               Ils te disent oui je lis tes 807 c'est pas mal c'est sympa tes trucs. Toi tu as juste envie de crier que tu as mis tes tripes à l'intérieur et qu'ils n'ont rien compris.



                               Et tu couves ta vengeance comme un plat qui se mange chaud. 





jeudi 5 juillet 2012

Lecteur d'ombre.



                                 Au cœur de la station balnéaire, 807 festivités et occasions 
              de perdre son temps qui ne vaut plus rien en vacances.



                               Au cœur de l'ombre, aucune raison de rompre l'immobilité.





mercredi 4 juillet 2012

Avec ou sans bulle – les chiffres de l’oubli.



-                       - Et mes yeux, tu les aimes mes yeux ?
-     - Oui
-    -   Et mes mains, tu les aimes mes mains ?
-    -   Oui
-    - Et mes dents ?
-     -  Oui
-     -  Et mes idées ?

                     A la 807ème bulle d’eau gazeuse qui éclata à la surface de son verre, posé sur la petite table basse de ce salon aéré, et clair, mais constellé de fines gouttes de sang se répandant en halo autour d’une mare saignante au centre de laquelle ce qui fut autrefois il y a quelques secondes encore une femme et ne se résumait plus désormais qu’à un tas de chair morte exhalait un ultime borborygme, Pedro considéra nécessaire d’oublier cette vie commune qui d’un coup brutal sur le sol de béton  venait enfin d’abattre sa femme une fois pour toutes.

                   Il descendit tranquillement les escaliers. Dernier regard panoramique sur le hall de vie high-tech de cette résidence de standing. Puis le verre d’eau gazeuse, pour s’en désaltérer. Il jeta l’eau sur la masse rouge qui se répandait. Il quitta le lieu sourire aux lèvres. Selon son idée, la sienne, puisqu’aucune autre se manifestant, il pourra quand bon lui semble ouvrir une bouteille d’eau.

mardi 3 juillet 2012

K, le fruit.

                           Forme d'œuf. Enfin approximativement. Base légèrement élargie et plate où une trace arrondie, nombril plat, témoigne de la présence passée d'une branche. Au sommet une légère excroissance de peau. Tout le reste de sa surface est uniforme sans être lisse, son fond d'un vert moiré recouvert de 807 pluches marronnasses, ou plus peut-être. Peau nuancée, légèrement rugueuse.

                        La peau, une épaisseur protectrice de la chair, une armure dense qui ne dévoile rien de l'intérieur. Sa texture s'attendrit avec les jours, les doigts peuvent s'y imprimer. On ressent alors une impression de moelleux, on devine aussi que sous cet aspect terreux, arrondi et balourd, il y a du subtil. 
 
                        Crépitement de la chair entre les dents, ça disparaît en bouillie, ça fond, ça se délite sans bruit. Son parfum acidifiée l'empêche de tomber dans la mièvrerie. Sans manière sucrée, sans chichiterie, entre le pincement du citron et le désagrément de la pomme pas mure. Mollesse et piquant sont ses deux versants.

lundi 2 juillet 2012

ruban


                   vladje marchait grande allure. elle marchait à choisy-le-roi, à tremblay-les-gonesses, à chilly-mazarin, à toussus-le-noble, à courthenay, à bezons, à maisons-alfort, à pouilly-en-auxois, à brie-sur-marne, à vaux-en-velin,  sur le plateau de saclay, dans la zone de courtaboeuf, à gif-sur-yvette, elle marchait à boynes, à montfort-lamaury, à enghien-les-bains, à châtel-censoir, à vaucouleurs, à alésia, à massabielle, à knokke-le-zoute. elle marchait escortée de petits rongeurs  le long des routes aux arbres. elle marchait escortée d'escargots le long des glissières d'autoroutes. elle marchait jour escortée d'hirondelles. elle marchait nuit escortée de chevêches ou d'étoiles. d'aucuns disaient que l'artère fémorale se fatiguait. d'autres disaient si elle reste au bord des merveilles elle ne craint rien, mimosa à la hanche


                  vladje moissonnait lavandes sur macadam, pissait debout derrière haies d'aubépine sans même relever robe rouge au fond des impasses, mâchait blés en épis dans de blancs cabriolets, mordait dans les fleurs d'acacias sur des fauteuils coton imprimé, faisait liste des trous d'égout, comptait panneaux d'interdictions urbaines, se baignait rivière affolée dégringolant de grandes avenues à marronniers, au bord d'étangs nourrissait chevaux de bouquets crevettes et fenouil, jetait hiboux au fond des puits de massacre
 

                 la veille, l'avant-veille peut-être, on l'avait vue lancer des rubans inaccessibles sur des surfaces improbables et transparentes. écharpes d'isis peut-être. ils se collaient en transparence orange, formes évidées de ciel, avec tissu cicatriciel sur les arbres.  en transparence sinueuse verte au gré des vents urbains certains devenaient calligraphie à ventre et réécrivaient une histoire inaudible soulignée de fer blanc déchets et herbes sauvages. quand elle en fut au fil de soie jaune, de chrome plutôt que de naples, elle s'arrêta. puis elle leva le pied, telle une gradiva, et plusieurs fois passa souplement les molécules de cette surface avec élégance. puis, vous vous en doutez, elle les traversa 807 fois. et on ne la vit plus qu'au loin funambuler aux toits des grands immeubles avec ombrelle de mésanges, marguerite entre les dents