mardi 29 janvier 2013

l'oeuf engendre l'œuvre


- On vole un boeuf, ma poule ?
- L'oeuf engendre l'œuvre.
- Ca, ça te parle ça ma poule, 
- Arrête de faire ton coq, car si l'oeuf engendre l'œuvre toi tu engendre la beaufeurie.
- Mais écoute moi cocotte, l'oeuf engendre le poussin qui fera le coq, le coq au vin ?
- Le coq sur le tas de fumier qui kiricotera et réveillera le bœuf, ce ne serait pas plus simple de voler directement le bœuf, tais-toi gros tas tu me déconcentres.
-Te déconcentre pas, un œuf, tu sais ce que c'est, mais une œuvre, t'en as jamais vu de ta vie !

- Alors je reprends: l'oeuf engendre l'œuvre au noir, comme ton œil. 
- Mon œil, que viens faire mon œil dans ton raisonnement ? 
- L'oeuf engendre l'oeuvre blanche, ou jaune, l'oeuvre battue, sur le plat, en neige, en crêpe, en tarte, en omelette.
- Je ne suis pas une omelette.
- Le coq devient œuvre gauloise, le symbole de la France, quoi le coq sur son tas de caca, mais t'as bu ou quoi, c'est pas le coq, la conclusion et l'alpha, c'est la poule.
- Je gobe rien. Arrête de tournicoter autour du pot, 
- Oui, la poule qui caquète, la mère de l'oeuf, c'est elle qui engendre l'œuvre
- Enfin moi une œuvre qui se termine à la mouillette, tu sais ce que j'en dis ma cocotte...
Alors que le bœuf, ça c'est du costaud, ça tient au corps.

- Mais c'est pas un gros beauf qui va dire qui vient de quoi, si c'est l'oeuf qui engendre l'œuvre c'est qu'on est tous né d'un œuf, et pas dans un poulailler. Un œuf de femme, un nid dans le ventre. L'œuvre elle est humaine. Mais quand on voit le résultat, on doute sévère. En on est cuit en bien moins que 3 minutes, une micro seconde suffit à fissurer l'oeuf. 
- Mon œil ? 
- Le beauf n'engendre rien lui. Il est gros, il est hors jeu.
- Mieux vaut un œuf du jour que 807 gras qui labourent.
- C'est un eunuque, c'est pour ça qu'il est lourd.
- Tu n'y couperas pas ! L'oeuf engendrant l'œuvre, il est plus malin qu'on le vole plutôt que de piquer un boeuf... 
- Si on est chopé à le prendre, on prendra moins, voire presque rien.

lundi 28 janvier 2013

Entre la race de la racine et la scie du ciel


Entre l'ire de l'hirondelle et le pou de la pousse
Entre le renoue du renouveau et le fond de la fonte 
Entre le git de la giboulée et le temps de tempéré 
Entre les cris du décryptage et l'anneau de l'annonce
Rentre un rêve de réveil et le mirage des migrateurs
Entre le dé du démarrage et l'aile de l'élan
Entre le chant de la chance et la mue des nuages
Entre la mare de mars et le lave d'avril
Entre l'âme de ton amour et la lame de mes larmes
Entre les 807 varices des variations et la crue des cruelles 
Entre la sève de ça va et le jeu de la jeunesse
Entre le vit de la vitalité et le verre du vert
Entre le bout du bourgeon et la serre du cerisier
Entre l'aime de l'émeraude et le feu de la feuille
Entre la race de la racine et la scie du ciel

Entre le bleu du blé et le jais du germe
Entre le pot du pollen et le sous du souffle
Entre l'abbé de l'abeille et le signe du cygne
Entre l'enclos de l'éclosion et le Flot de floraisons
Entre le fruit du fruitières le flux de la feuille
Entre le coût de la course et le pôle de la Polaire
Entre le nœud de neuf et l'oeuf de la poule
Entre le la de labourage et le beau du bœuf 
Entre la papille du papillon et le parfait du parfum
Entre le mais de mai et le jus de juin
Entre le chant du champignon et la mue du mulot
Entre le port des portées et le repos des repousses
Entre l'allée de l'allégresse et le chat du chariot
Entre le sous du sourire et la lueur des lumières 
Entre le saut du soleil et la raie des rayons

Le doux de la douleur et le laid de la légèreté 
Entre le lent de l'envol et le riz du rire
Entre le chat des chaleurs et le jour de la journée 
Entre le rire du risque et le dé du délire
Entre le lé de l'éclat et l'or de l'orage
Entre le gras du grain et la main de la manne
Entre le cil du sillon et le geais du germe
Entre le tri de la trille et le i du nid
Entre le pont de la ponte et l'écho de l'éclosion 
Entre le nez d'une naissance et la prime du printemps 

dimanche 27 janvier 2013

nos 807 aimés


blé, ben le blé, 
le blé lent, lent le blé.
Bébé, le lien blême 
ben, benne de blé, 
et nos 807 aimés même 
et nos aînés meubles

et de l'orée énoncée: 
de l'or rare
lobe rien, rien en rire 
Bibi et Bébé rient rance
à l engeance en plein 
no engeance, rage orange
ben, ben, et bhé
la Noria, on alla à la Noria 
noire 
y boire, y gire, grabat de la Noria
no blé no bébé no ronde no géant  
non
on ripaille d'ail, on orgie, ébats en bas
- râble lard blette 
ronde gerbe beuh, rate en l'air bah, rein rance eh bhé
bien bien, régime 
hébétés, on gît à l'ancien grabat de la Noria  
ouille
on y hémorragie
aïe

nié l'organe
rares rires, le giron blême en berne
l’orage lent et oblong 
lancinant
en rat gras agit l’orage
rance
blindé.
Or, organe orage
sur le grabat de la Noria
blême on gît 
on râle en gris
- giga râles rares râles 
oh rien
ha rien
rien

blennoragie  

vendredi 25 janvier 2013

Palombe-bière


 
                      Après l’ouverture de la chasse qui a été fêtée ce dimanche, nous avons envoyé, dans les bois du pays, une unité de nettoyage des espaces naturels. Ils ont eu pour mission de balayer les feuilles, de remplumer les fourrés, de redresser les menhirs et de coucher les dolmens, d'enlever les taches de spiritueux sur le gazon, les traces de poudre ou substance blanche (d’origine inconnue !?) sur les troncs de chênes centenaires où viennent brouter les chèvres, etc. 
 


                      Tout se serait bien passé si, en pénétrant dans une clairière, sous un rideau de plumes et de fumée, nos 807 experts n’avaient découvert le corps silencieux d’une palombe, une aile tremblante repliée sur sa tête triste, qui mourut lors de son transport en hélicoptère vers la clinique vétérinaire la plus proche. 



                      Ainsi, sitôt le décès constaté, nos légistes ont pratiqué une autopsie, sur le cadavre encore tiède de l'oiseau, qui leur a permis de déceler du plomb dans l’aile droite, des traces d’une substance laiteuse (!?) sur les rémiges, mais surtout des taux anormaux de césium 137, d’uranium 238, d’extrait de coca de Bolivie, d’héroïne d’Afghanistan, de tabac de La Havane, d’herbicide « Rounddown », de théine du Japon, caféine du Cantal, de flavonoïdes (antioxydants) de Saint Pourçain d’Auvergne, de fer en provenance des établissements « Fort Broyard » premier spécialiste de la destruction automobile dans notre pays, d’érythropoïétine de synthèse, dite EPO, obtenue par première pression à froid du foie d’un sportif vainqueur du Tour de France cycliste, de carbone à cristallisation cubique que des braconniers ont retiré d'une mine de diamants de sang, sise en Ouganda, et la liste est tellement longue qu’il faudra des mois à nos analystes pour rendre leur conclusion sur les causes réelles de la mort de ce pigeon ramier.

mercredi 23 janvier 2013

Mirage


 
Envolée de corneilles
Fendant l'univers blanc
Au loin une lumière
 
 
Plumes sur les abeilles
Font oiseaux butinant
Au foin sur les lisières
D'indécents colibris
Vibrionnent en couleur
Sur la fleur d'hibiscus
Pétales comme abri
Pollen en toutes fleurs
Sans nectar qu'ils ne bussent
 
 
Le mirage explosé
807 boules irisées
Les flocons ont gagné
 

mardi 15 janvier 2013

ses trois poches soyeuses closes par des fermetures éclair



                              Elle a repéré ce sac en bâche de camion sur internet. Un site suisse. Sa forme rappelle un modèle ancien, une mallette de médecin de campagne qui s’appellerait Camille Guyard comme son arrière grand-père qui était accoucheur dans le Loiret. La bâche de camion est extrêmement résistante. Un sac comme lui, quand on le possède, on en a pour la vie, plus longtemps même. Quand elle sera morte, quelques grammes de poussières ou brûlée, eh bien la mallette restera encore, persistera plus que nos vies. C'est plus qu'un sac, c'est l’expression de la ténacité qui nous survivra. Elle est rouge vif. Elle peut servir aussi bien de berceau que d’urne. Quand elle reçoit par la poste, c'est main tremblée qu’elle déballe le paquet d’où des petites paillettes d’acier s’envolent et brillent dans un rayon de lune. Elle a un léger mouvement de surprise. Elle pensait qu'il était plus petit. Il est plus gros que son ancienne besace, plus elle vieillit, plus ses sacs pèsent sans lui apporter davantage. C’est incompréhensible et elle n’a pas peur de le dire au gros sac rouge vif en bâche de camion. Elle décide de le garder avec joie. À cause de la bâche de camion et de tous les voyages qu'elle a fait avant qu’elle s’effondre dans un grand flop chez des tailleurs de bâches suisses.

                      
                              Elle se promet de ne pas trop le charger. Mal à l'épaule qui s’effondre, derrière l'omoplate droite. Évidemment, dès le deuxième jour, le sac trop lourd. Car, comment résister à l'envie de remplir son intérieur ventru et ses trois poches soyeuses closes par des fermetures éclair ? Même rouge, un sac qui n'est pas lesté, fait pâle figure. Il semblait dégonflé, à quoi servirait-il s’il n’était pas blindé ? Elle ne sait pas. Mais celui-là, tout ce qu’il peut contenir dedans, tout son bric-à-brac à disposition, sous la main, au cas où, on ne sait jamais, ce qui peut se passer… (Panne d’électricité dans le RER entre Saint-Michel et les Halles, incendie au Bon Marché, ascenseur bloqué au 807 ème étage de la Tour Montparnasse, pénurie de nourriture suite à la crise grecque... ). Pas de boussole. Rien à boire. Du maquillage avec des paillettes, agenda, papiers administratifs mais pas de couteau suisse. Sac de survie. 



                              La beauté épaisse de ce sac échappe au commun des mortels, donc aussi à ses amis. Ils ne comprennent pas la fixation qu’elle fait. Elle tente de convaincre que c’est le top du top. Comment ? De quoiii?  Paul ne comprend pas. Eléonore pareil. Une explication, siouplé. Ils partagent leur incompréhension. Antoine aussi, il capte que dalle, pourquoi tu nous gaves avec ta besace rouge, il aime à partager son incompréhension singulière. Ils suivent ? Non, mais c'est normal. C'est mieux que rien. Elle ne blague pas là, c'est vachement sérieux. C'est imbitable. C'est brumeux. C'est clair, ça dépend, faut voir...Bien, ils vont pouvoir organiser une petite procession derrière le sac rouge en toile de camion. Certains ne vont pas comprendre cette démarche. Mais alors est-ce qu'il ne comprendront pas tous la même chose sans comprendre que c'est la même chose qu'ils ne comprennent pas, croiront-ils tous ne pas comprendre la même chose alors même qu'ils seront chacun enfermé dans une incompréhension a priori et intrinsèquement singulière ou simplement ne comprendront-ils pas que c'est qu’ils sont plusieurs à ne pas comprendre une même chose sans s’en rendre compte, ou bien que c'est précisément la même chose; soit qu’ils croient ne pas comprendre la même chose alors que chacun est toujours déjà enfermé dans une incompréhension à priori. Sac à noeuds. Les jours raccourcissent mais la compréhension d’une posture mode basé sur le rouge sang d’une besace -qui pourrait autant faire urne que berceau n’augmente pas. La compréhension est le faux visage de l'empathie. Elle n’a plus d’empathie pour ses amis qu’eux pour elle. L'empathie est le plus bas degré de la compréhension ἕν οἶδα ὅτι οὐδὲν οἶδα. Ca dépend de ce qu’ils veulent dire en vérité. Kesako ? La vérité est dans son sac.

lundi 14 janvier 2013

Passage à tabac



                    C’est avec une toux d’émotion dans la gorge que nous apprenons la disparition de Pierre, notre feu Pierre, parti en fumée comme ce tabac qu’il adorait rouler sous ses longs doigts jaunis par la nicotine ! Pierre avait le tabac dans le sang et vivait en vrai aficionado de la cigarette, du cigarillo ou du havane — les jours de révolution intellectuelle dans le petit café de la rue Gitane !


               Pierre conduisait sa vie à grande vitesse, lancé tel un train, tel un élégant bolide rouge comme l’extrémité incandescente d’une gauloise sans filtre ! Pierre fumait avec passion, brûlait son existence par un seul bout, jusqu’à goudronner ses poumons — sur une épaisseur de deux centimètres —, les faisant ainsi ressembler à « une autoroute allemande » selon les analyses de son oncologue.


                Pierre, nous serons fidèles à tes 807 dernières volontés et, après que ton corps sera devenu poussière, nous déposerons tes cendres dans un cendrier sculpté ; alors, comme tu le croyais, tu te sentiras rassuré au milieu du tapis charbonné de nombreuses cigarettes, pareilles à des fleurs consumées, que nous allumerons et qui brilleront, comme des bougies ou des lucioles, pour baliser ta route vers le ciel !

vendredi 11 janvier 2013

papa


Ado, après les cours au lycée Descartes, un soir, elle vole une besace sac en toile kaki, molle et irrégulière, de forme similaire à celle de chasse de son père. Sauf que celle-ci est marron et immense avec des taches sombres de sang séché. Elle règle la longueur de l’hanse sur le côté. Alors, ce sac, elle se l'approprie : au centre elle dessine un peace and love sur le bord, au stypen trace le temps de l'anarchie et ça bave un peu. D’un vernis à ongles violet avec paillettes elle dessine, elle arrondit des expressions, elle dessine des volutes, elle gribouille. À chaque hectare fumé elle rajoute un détail délire. 


Bientôt le sac est couvert de dessins et quand arrive l'été 77 pays rajoute des pin’s, des petits badges en métal. C'est la mode des pin’s. En bas une grosse tache d'encre turquoise macule la toile. Le dedans est un peu sale, le stypen a fui. Souvent elle le pose entre ses jambes dans le bus 197. Son sac contient en plus des classeurs, des livres, des cahiers et des carnets ses foulards en soie indienne et les choses volées au Monoprix, ses récoltes qui changent suivant les jours. Elle a une scoliose à force de porter cette boîte à trésor ambulante, mais s'en séparer... Il flotte sur dans sac une senteur de patchouli mélangée à du santal poussiéreux. 


Ce n'est pas forcément un sac de femme. Un mec aussi peut le porter. Olivier y rajoute ses calligraphies rebelles, des signes de résistance, des détails punks au marqueur noir. Il porte la besace du côté gauche. Il le nettoie un petit peu, puis il y cale des gaz lacrymogènes, des bouteilles vides, un bidon d’essence, un briquet, un foulard pour protéger les poumons, du citron, des boulons, tout pour l’expression pendant les manifs. Tout pour lutter contre l’incompréhension du monde hostile qui les enserre et mettre celui-ci à sac. Pour détruire les murs dans les têtes et chasser le poids de tous les automnes de rentrée scolaire.

jeudi 10 janvier 2013

maman

                        
                      Sa mère ne veut pas qu’elle fasse petite femme. Pas femme modèle réduit. Pas femme. C’est une petite fille et elle doit paraitre ce qu’elle est. Onze ans. Ses copines ont des dentelles, du vernis à ongles, des colliers. Il aurait fallut avoir une autre mère. Sa famille part à Venise. La première fois qu’ils vont en Italie, le pays des gants, des chaussures, du cuir, des sacs.


                  À Venise sa mère lui offre son premier sac, en forme de petit sac de dam. Il se porte avec une hanse. Il est blanc, brillant, beau, 807 grammes de perfection . Elle le prend sans résistance. On ne peut pas mettre grand chose dedans. Il se ferme avec une pression qui fait Clic. Sa deuxième soeur a le même. En panoplie élégante elles ont reçu aussi des chapeaux, des gants doux. Il fait chaud. Elle se balade avec son petit sac sous le bras.


                  Elle ne fait pas petite femme. Elle ne fait plus petite fille. Que fait-elle ? Elle évite de s’attarder sur cette question, si elle y pense trop, elle s’effondre. Elle ne se comprend même pas elle même. Alors comprendre une femme, sa mère, comprendre les autres...

mercredi 9 janvier 2013

Trois morceaux d’une photo coupée en deux




J’ai passé l’après-midi dans sa chambre et j’ai trouvé, couché sous la commode, un coffret noir dans lequel il range des photos qui, me semble-t-il, ne nous appartiennent pas.



De toute façon, il est désormais impossible pour lui de fixer un nom sur le sépia, le processus de faillite ne s’impose aucune fin. Il roule. Ses photos je les aime plus que les autres car ce sont celles des gens qui disparaissent, perdus dans sa mémoire qui a fini par s’écraser sur la moquette. 



Sur les 807 photos, trois sont annotées au dos, d’une écriture qui commence à s’effacer et dont je n’ai rien pu déchiffrer. J’en ai volé une, celle d’une une femme sur une plage immense, placée tellement loin de l’objectif que son corps ne forme qu’un minuscule point au centre de la photo. Je ne savais pas où la cacher alors je l’ai coupée en deux. Puis je l’ai glissée sous mon oreiller.

lundi 7 janvier 2013

Contre-histoire de la philosophie de Chevillard




                   J’ai envie de répondre à Monsieur Chevillard qu’il était tard, ou tôt ce matin-là, quand j’ai lu son histoire de spécieux nénuphar, métaphore aquatique de la poêle à frire. Oui ! Car c’est bien cet objet de culte culinaire (hérésie d’Apollinaire !) qui est devenu le fruit défendu de nos vues antagonistes. J’ois déjà dans le sous-bois, sous une brise matutinale, un camp de lutins qui se poêlent !



                 Mais revenons à nos mouchons (petites mouches ou petits moineaux régionaux, à vous de choisir ?) ! J’ose rappeler à Monsieur Chevillard que les poêles à frire vont toujours par paire, comme les jumelles (charmantes têtes blondes, aux allures d’elfes, filles de mes voisins, qui aiment regarder au loin…). De plus, elles (les poêles bien sûr !) n’ont jamais rien frit sur leur peau antiadhésive ni même fricassé des fongus, et encore moins fricoté avec le premier venu. Non ! Les poêles, comme les pansements hypoallergéniques, sont stériles (elles ne se reproduiront pas ! Hélas, trois fois hélas ! lance Ménélas !) et à usage unique. Lors de grandes traversées transsibériennes (par bateau à voile ou avion de ligne), il est recommandé de saisir chaque poêle par la queue (un peu comme une souris verte qui courait dans l’herbe…) afin de les déposer sur chacun des deux yeux d’un humain normalement constitué. Ainsi, on obtient, à peu de frais, un magnifique masque de voyage pour profiter d'un repos bien mérité jusqu’à l’arrivée en gare de Vladivostok.



                Maintenant, il me semble inutile de chercher les 807 poils sur les œufs ou de se crêper le chignon. La poêle est au sommeil ce que représente l’huile pour le bronzage, la plus efficace des protections contre les piqures du soleil.

jeudi 3 janvier 2013

Jaunie




La poche droite de ma blouse est jaunie, un des gamins me l’a fait remarquer hier. Durant la récréation, je l’ai arrachée.


J’ai remarqué que certains fils commençait à se découdre et j’avais beau les rompre avec ma main , le tissu continuait de s’effilocher. Le retrait de la poche a fini par laisser un trou sur la blouse.


Je ne sais pas si c’est lié, mais j’ai aussi découvert que j’étais maintenant trop fatiguée pour descendre chercher les enfants, je me contente de faire un signe de la main. Un signe énergique pour que toute la classe remonte d’un bloc, et que je n’ai pas à leur gueuler dessus, pour la 807ème fois.

mercredi 2 janvier 2013

Apocalypse No-ël !




               Comme une vague géante, nous vîmes l’inflation s’abattre sur les marchés ; sur chaque étal, les prix des légumes, des œufs et des volailles augmentaient ; les prix des poissons gonflaient à vue de nez : cela empestait la crise économique ! Dans les rues, nos concitoyens affolés se ruaient vers l’entrée des banques, mais ils se brisaient les côtes sur des rideaux de fer.


                Voilà des jours qu’une guerre froide s’était ouverte entre notre peuple et tous les requins de la finance. Même dans les esprits les plus pacifiques, l’incompréhension engendrait la colère qui se répandait comme une traînée de poudre dans toutes les villes de notre pays : les vitres des boutiques volaient en éclats !


             Soudain, une horde de 807 transhumanistes — tout droit sortis des gerbes de véhicules en flammes — avança vers nous… Ils nous expliquèrent qu’à présent l’homme serait lui aussi augmenté ! Ils n'évoquaient pas la revalorisation des grilles de salaires, mais l’intrusion dans le corps de l’homme du savoir et de la force des machines. Ainsi naîtrait le posthumain aux capacités physiques et intellectuelles illimitées.