lundi 14 janvier 2013

Passage à tabac



                    C’est avec une toux d’émotion dans la gorge que nous apprenons la disparition de Pierre, notre feu Pierre, parti en fumée comme ce tabac qu’il adorait rouler sous ses longs doigts jaunis par la nicotine ! Pierre avait le tabac dans le sang et vivait en vrai aficionado de la cigarette, du cigarillo ou du havane — les jours de révolution intellectuelle dans le petit café de la rue Gitane !


               Pierre conduisait sa vie à grande vitesse, lancé tel un train, tel un élégant bolide rouge comme l’extrémité incandescente d’une gauloise sans filtre ! Pierre fumait avec passion, brûlait son existence par un seul bout, jusqu’à goudronner ses poumons — sur une épaisseur de deux centimètres —, les faisant ainsi ressembler à « une autoroute allemande » selon les analyses de son oncologue.


                Pierre, nous serons fidèles à tes 807 dernières volontés et, après que ton corps sera devenu poussière, nous déposerons tes cendres dans un cendrier sculpté ; alors, comme tu le croyais, tu te sentiras rassuré au milieu du tapis charbonné de nombreuses cigarettes, pareilles à des fleurs consumées, que nous allumerons et qui brilleront, comme des bougies ou des lucioles, pour baliser ta route vers le ciel !

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