mardi 31 mai 2011

Dans la rue

Le jour : 807 places de parking vides.


La nuit : pas une place libre pour garer sa 807.

lundi 30 mai 2011

Café Montabo

Il faisait lourd, derrière la moustiquaire j'apercevais le gris du fleuve. Venais d'écouter un message d'Effe : Faudrait peut-être présenter les 807, sinon dit comme ça, c'est imbitable, ça fait private joke, c'est crypté. Il n'avait pas complétement tord, le guitariste. C'est ce soir qu'on allait faire une salade de son, d'images et de 807. Salade parce que sur ce coup-là, on avait pris ce qui nous tombait sous la main et si les tomates qui se ramollissaient en bas du frigo avaient pu occuper la petite scène du rade, on les aurait rajoutées sans hésiter. Les images, c'était des rushes qui traînaient dans l'ordi de Pieclem. On aurait bien aimé répéter mais difficile de trouver un studio à Cayenne dans la journée. Déjà 20 h 08, je dévalais l'escalier et, la gorge sèche, remontais l'avenue de Montabo.


dimanche 29 mai 2011

Combat de reines en Lacanie

(c) Jean Prod'hom


Elles s’appellent Paméla, Pivoine, Tundra, Katchina ou Pigeon, Baticha ou Palma, Choupette ou Eden, Vendée, Sirène, Violine, Java, Muscade ou Coucou, Lara, Violette, Flora, Baya ou Pakita, mais elle s’appellent aussi Bagherra, Comanche, Cheyenne, Pagaille, Bulldozer ou Dynamite. Ne nous y trompons pas, c’est ainsi qu’on commémore au printemps le combat de titans que se livrent là-haut sur la montagne l’imaginaire et le symbolique dans l’arène du réel.

samedi 28 mai 2011

Pas le jour

Il faudrait faire deux ou trois choses utiles :
ranger, nettoyer, laver le linge, repasser les chemises...
et on reste suspendu 807 secondes dans ce rien, dans la vide attente
d'autre chose.


Mais rien n'arrive.
Alors on ouvre un livre et on ferme tout le reste.

vendredi 27 mai 2011

Dogons

Huitième ancêtre après le Maître de la Parole, le Verbe, analogue au sperme comme l’oreille l’est au vagin, s’enroule huit fois avec la semence autour de la matrice pour la féconder. Huit fois aussi, la spirale de cuivre rouge, image de l’eau principielle, s’enroule autour de la jarre solaire pour éclairer le monde. Zéro, obscurité sans origine n’a jamais eu le temps d’exister. Dans la lumière des pluies nouvelles et l’orage des forgerons, Sept unit les contraires qui enfantent la perfection.


Le guide s’est enfui de l’école à dix ans et réinvente la tradition en juxtaposant des bribes de symbolisme déguenillé. Les touristes suent en buvant ses paroles hasardeuses. Huit est bègue. Zéro brille sur le monde. Sept est à la recherche d’un médiateur pour régler un divorce.

jeudi 26 mai 2011

Perdre son temps

Aujourd'hui impératif administratif. Comme presque tout le monde, je déteste ce genre de démarches. La paperasse, les cases à cocher, les cadres à remplir souvent trop riquiqui ; à tous les coups tu dépasses même si tu t'appliques à écrire tout petit et si au grand malheur, tu t'embrouilles dans les colonnes ou les notes, tu devras tout recommencer. Supplice. Je vais à reculons chercher le formulaire. Déjà sur le parking, beaucoup trop de voitures en stationnement. Mauvaise augure. Dans le hall gigantesque qui pourrait facilement accueillir mille et une personnes comme si la foule était prévue, trop de gens assis en rang d'oignons. Certains lisent sagement, d'autres, impatients, s'excitent sur leur montre. Les plus désespérés regardent dans le vide et d'autres encore, impolis, te scrutent de la tête aux pieds –tiens, il est pas mal son manteau. « Prenez donc un ticket ! » J'appuie sur le bouton de la borne qui me crache mécaniquement avec l'indifférence la plus totale un vulgaire bout de papier affichant le numéro 807 et un temps d'attente dépassant de toute façon les limites de ma patience. Un après-midi de foutu.


mercredi 25 mai 2011

Merveilles

(c) Estelle Ogier

Toutes ces merveilles dans son chariot... Mais un pneu dégonflé... Mais une roue qui roule sur la ferraille... Mais des affaires qui glissent du tas des 807 choses accumulées... La panne qui freine l’homme dans sa marche insensée. Je suis le témoin muet d’une scène extraordinaire de la misère ordinaire. Puis vous devenez aussi les témoins de l’irréparable. Je n’ai pas croisé son regard à cet homme en quête d’un abri, vous ne le croiserez pas non plus. Je n’ai pas suivi cet homme en peine qui a repris sa route sans geindre, vous ne le suivrez pas non plus. Par contre, je n’ai pas oublié cet homme de chair et de sang ; vous ne l’oublierez pas non plus.

mardi 24 mai 2011

My life (is a story)

De: lou@dark.net
Envoyé: Mardi 24 Mai 2011 9:05 am
A: les807@free.fr
Cher 807,
Aujourd'hui encore, vous avez posté de la musique du trou du cul d'Austin, Johny Shine. Quand cela va-t-il cesser ? Allez-vous en publier 807 ?
Je vous envoie du vrai rock, ma chanson My life (is a story).
Yours,
Lou Dark
PS: vous direz au fennec que le gros son, c'est l'ampli Fender


Dope

Allongé au beau milieu de sa chambre d’hôtel, Johny Shine, pris comme souvent, dans ses moments de descente vertigineuse d’après concert, d’un irrépressible besoin de dénombrer, se mit à compter à voix haute, tout en les replaçant une à une dans cette boîte à thé qui l’accompagnait depuis son adolescence, les 807 têtes d’herbe qu’il venait maladroitement de répandre sur le plancher.


lundi 23 mai 2011

Rapporte

Mou du genou, tu te traînes derrière une laisse, même la journée d'une betterave est plus animée que la tienne. Ton chien pète la forme, ses yeux attentifs, surpris et pétillants te fixent. Tu le détaches, palpes tes poches et en sors un 807 que tu balances l'autre côté de l'esplanade – allez Sultan, va chercher ! À la vitesse de l'éclair, il détale. Tu te tasses mollement sur un banc.


Une silhouette courte sur patte cavale sur toi, Sultan rapplique déjà. Chou blanc et langue pendante, il jappe d'un ton interrogatif. Dépité, tu regardes dans ta besace, plus rien pour le distraire. Il est passé où, ce chiffre ? T’es tombé sur un os.

dimanche 22 mai 2011

C'est dimanche

Ce sont les dimanches où chacun reprend sa place autour de la table, fourchettes et couteaux vont bon train dans les assiettes qui fument de trop plein alors qu’on en rajoute encore, à peine le temps de parler que les plats se succèdent toujours meilleurs et préparés avec amour ceux-là, parce que des heures durant depuis le matin on épluche, coupe en menus morceaux les légumes, guette l’ébullition, vapeur fatiguant les tempes et louche au bout des doigts à écumer le gras qui s’est formé à la surface du bouillon pour tirer le meilleur de la viande et pas la lie qu’on aimerait cacher sous la table où si on l’a effleurée 807 fois à force de remplir les verres on aimerait qu’elle soit oubliée, volatilisée comme si on n’avait rien dit et surtout pas parlé à couteaux tirés, œil rivé sur l’autre, les mots dressés comme des fantômes à chaque fin de phrases suspendues dans le silence de l’après-midi qui s’écoule aux sons de la télé du voisin, des voitures qui se garent dans la rue déserte de banlieue où on aime quand même respirer au printemps l’odeur des vieux lilas. On s’essuie la bouche avec la serviette empesée des autres fois, celles où on regrette de ne pas avoir fait honneur à l’eau fraîche restée intacte dans la carafe posée délicatement sur la nappe usée d’en avoir trop entendu, son tissu rugueux et légèrement gris à force d’avoir été lavé accueille les fleurs qui finiront fanées parce que l’air est trop confiné, serrés que l’on est entre nous malgré la distance qu’on aimerait garder, alors on ouvre la fenêtre au moment du dessert et les voix s’abaissent pour ne pas montrer aux voisins qu’ici aussi dimanche ne coule pas comme un long fleuve sans histoires.


Et pourtant on aimerait repartir repu des mets et non pas de ce qu’on n’a pas encore pu dire ou parce qu’on aimerait baisser les armes, le jour du repos serait celui de la trêve ou enfin on profiterait de ces jours qui nous ont réunis tant bien que mal.

samedi 21 mai 2011

Pourtant

Je me répète 807 fois par jour qu'il ne faut énucléer les gens dans la rue et encore ce soir, on sonne à la porte, et je sais ce que c'est.


C'est une grande pièce blanche sans fenêtre aux murs mous. Où sont mes bras ?

Perdre

Avant de s'avouer vaincu, toujours, s'échouer à nouveau, lamentable, au cas où la huit cent septième fois, au cas où...


Il fallut donc casser la troisième patte à un carrosse.

vendredi 20 mai 2011

Jeu, Sept et Match

Ce nain de Jardin et ses affidés sont dépités : plus moyen de détailler ses cuisses en sept, la grenouille s'est fait embrasser fougueusement par le prince, retrouvant illico sa forme de fée.


Mais comment concilier la lutte contre l'illettrisme et la responsabilité de coach ? Le petit Nicolas veut absolument tirer un roman de l'histoire. La fée est persuadée que les avocats des studios Disney reconnaîtront le plagiat, même si tous les protagonistes sont grimés.

jeudi 19 mai 2011

L'alphabet des malentendants

En mémoire
loin très loin
le passage des bombardiers
à mes pieds
sur le bitume
l’animal écrasé
sept cent soixante-huit grenouilles
encore invisibles
sortent de terre
trente-neuf ont pris les devants
sur la glace de l’étang
rampent
désarmées
un peu trop tôt
pas sûr qu’elles tiennent le coup
elles écrivent dans la précipitation
l’alphabet des malentendants


mercredi 18 mai 2011

Près du puits, sans s’être baignée

Hier je me suis installée dans le jardin près du puits avec le dernier livre d'Éric Chevillard, que je n’avais pas encore lu. Hissant cette maudite barrique qui sert de seau et pèse son quintal, je me suis fait la réflexion que quand on aime, on ne compte pas ses efforts. Mais enfin, la corde est si difficile à tirer que je suis seule à boire ici – et disposer d’un puits sans s’étriper avec ses voisins à se demander qui est prioritaire pour arroser, c’est un luxe. Je me suis enfin allongée dans la chaise longue, un verre d’eau fraîche à portée de main. Et tout de suite, je me suis perdue dans ces pages admirables et indénombrables, fascinée par la puissance éternelle des aphorismes paysagistes.


Je gardais pourtant un œil sur le puits, protecteur de la prairie, m’inquiétant un peu de son niveau d’eau : en aurait-il assez pour l’été ? Lui, sans s’étonner de ma vigilance, ouvrait sa gueule vers un ciel se couvrant de nuages. J’en fus rassurée : pas d’inquiétude pour l’herbe du jardin. Comme Chevillard lui-même aurait pu le dire : la pluie s’en sait tutrice. Pour le livre, bien sûr, c’était plus embêtant.

mardi 17 mai 2011

Desperately Sad Karma

Il regarde autour de lui, encore tout étonné de se retrouver assis là, entre un braqueur d'épicerie agité et un black immense prostré tout au bout du banc de bois dur. Il a l'impression de puer, depuis 26 heures qu'il est en garde en vue. Il pense à sa femme, il pense à sa fille, il pense à ses amis et à toutes ces femmes dont il n'a jamais su se passer malgré l'âge et les responsabilités. Il se sent misérable et dégueulasse.


Dire que s'il avait occupé la suite 2 807 peut-être que rien de tout cela ne serait arrivé...

Strawberry fields forever

Couchées sur l'étal, elles brillent insolemment sous un soleil d'avril qu'on dirait estival, donnant à ce marché vannetais des allures de Provence. Rondes et charnues, elles incitent à y plonger la main et à en saisir une. La soupeser, la tâter, la caresser, avant de la porter lentement à la bouche. Mordre dedans et sentir le jus exquis, acide et sucré, couler dans la gorge en poussant un gémissement de plaisir. Le marchand de primeurs la regarde bizarrement et elle se sent devenir aussi rouge que la fraise qu'elle vient de croquer, s'empressant d'en commander 800 grammes, au hasard.
« 807, ça ira ? » dit le commerçant.
Elle acquiesce, se saisit du sachet en papier kraft déjà taché de rouge et descend vers le port en songeant aux orgasmes gustatifs à venir...


lundi 16 mai 2011

Star & Rats

C'est la troisième fois que je rencontre Lou Dark, la bête noire des journalistes. Nous avons rendez-vous au 55 Bar dans Greenwich Village. Il est 17h00, je descends les quelques marches et pénètre dans le minuscule bar qui accueillera ce soir, comme tous les lundis, Mike Stern et sa Telecaster. De la musique de tarlouze. Belle entrée en matière, je retrouve Lou tel qu'on le connaît. Je m'étonne de son verre de cola, alors qu'on ne l'a pas vu à jeun depuis sa première cuite quand il avait 9 ans et demi. J'ai arrêté de boire depuis que je me suis mis à la dope. Inutile de lui demander s'il plaisante. Le dernier journaliste qui ait tenté l'humour avec lui, Philippe Manœuvre, s'est retrouvé avec ses célèbres lunettes noires dans le cul (la vidéo a fait le buzz sur le Net le mois dernier). J'ai laissé mes Ray-Ban à l'hôtel, on n'est jamais trop prudent. De même qu'il ne faut pas lui parler de son acolyte John Stop, l'autre pilier du groupe mythique Leather Underground. They are rats, I'm a fucking star. Il a toujours aimé les jeux de mots, les anagrammes. Et bien qu'il le déteste viscéralement, il ne peut s’empêcher de parler de Johny Shine. Le trou du cul d'Austin vient de sortir une merde. Il parle du dernier album de Shine. Ce suceur de roues a besoin de trois accords pour composer une chanson. Lou Dark n'en a besoin que d'un seul, lui, pour écrire un chef d'œuvre. Sa haine envers le fennec remonte à 1993 lorsque qu’il a trouvé Shine quelque peu occupé avec madame Dark, une ex-hardeuse. Je préfère ne pas m’étendre sur le sujet, et saisis la perche pour parler de son nouvel album. Je démarre mon enregistreur numérique et commence l’interview.


Assis sur un banc du Christopher Park face au bar, je pense aux vies de Shine et Dark tandis que Richard Bona arrive pour le concert de ce soir. Aucun nuage cette nuit, j’ai compté 807 étoiles. Un rat fait son festin d’une poubelle renversée sur le trottoir.

dimanche 15 mai 2011

Mnémosyne

Je brûlais de passion pour lui. Je voulais le revoir. Neuf fois. S’il te plaît, Univers, je veux passer neuf nuits avec lui. Pas plus. Neuf nuits que l’on volerait au temps, à nos vies quotidiennes. Passer neuf nuits avec lui, neuf nuits parsemées dans le temps, pendant les vacances scolaires, en voyage d’affaires - peu importe. J’avais le temps de notre secret. Neuf : c’est le nombre de nuits que Zeus passa avec Mnémosyne. C’est ainsi que sont nées les Muses. J’espérais, avec mon Zeus un peu dégarni, concevoir un poème aux amours clandestines.


Et voici que nous avons dépassé les nuits de Zeus et Mnémosyne. Deux ans et demi de vie commune. Qui l’eut cru ? Mnémosyne est vite devenue bobonne. Tout est prêt. Ce soir nous célébrons la 807e nuit de nos étreintes de plus en plus sporadiques. C’est décidé : ce soir je le quitte.

samedi 14 mai 2011

Conserves

Cette année-là, tu es vivante.
Tu rentres chez toi le midi. Je t’accompagne. Tu me demandes si j’ai faim. Pas du tout. Ça tombe bien, le frigo est vide. Dans un placard, tu prends une soupe en boîte parmi les 807 rangées sur les étagères. Tu l’ouvres et tu y plonges une grosse cuillère. Je te regarde manger cette gélatine froide à la tomate. Tu es belle et tu manges de bon cœur ta mixture extra terrestre en me souriant gentiment entre deux bouchées tandis que je convoite tes seins nus sous ton pull léger et que je caresse ta nuque blonde. Le soleil joue sur le lit défait que j’aperçois par la porte de ta chambre entrouverte. Pour finir, tu pèles une orange un peu desséchée. La dernière qui restait dans la corbeille sur la table de la cuisine. Je n’en veux pas la moitié. Je te veux toi mais l’aiguille a tourné au cadran de la pendule. J’écarte le quartier d’orange de tes lèvres et je goûte l’acidité de la tomate industrielle sur ta langue. Il faut partir. Nous marchons sans un mot sous le soleil de mai et je te suis des yeux quand tu franchis le portail de l’entreprise. Tu te retournes une fois et tu disparais tandis que je reste là, immobile, le temps que mon désir encombrant perde sa rigidité.


vendredi 13 mai 2011

Où il manque quelque chose...

Pas moyen, j'ai beau soustraire, il me reste toujours 807 € à payer !


La force des triptyques résidaient, comme le triple saut, en un appel plein d'espoir, un appui surprenant, qui donnait l'envol avant la chute (ou la chute à la place de l'envol, il faut bien le dire, parfois), pouvant faire naître deux images inattendues l'une après l'autre, avant de, dans une troisième phase...

jeudi 12 mai 2011

L'addition

Furtivement elle le regarde avant de fixer le paravent. On n'a pas idée d'avoir aussi peu de lumière dans les yeux. Elle aimerait se convaincre que ce doit être ses yeux qui s'éteignent quand ils dînent au resto chinois. Par instant mais c'était rare, des étincelles avaient visité des recoins de ses pupilles avant de zigzaguer ailleurs. C'était loin quand qu'ils étaient sur des ondes voisines, des traces parallèles, leurs désirs éberlués flottant passagèrement emmêlés... Dilatements silencieux de ces moments avant que les mots retombent, des lamelles de porc qui ratent le wok. Ces paroles exsangues qui finissent aplaties et qu'il piétine sans faire gaffe. Elle avait eu 807 envies simples, comme déambuler à Macao, désormais ne sait même plus ce qu'elle fait là.


De l'autre coté du paravent, le cuisinier essuie ses mains sur son tablier, recale la cible jaune sur le mur, recule de quelques pas et saisit une fléchette qu'il cale précisément entre les doigts. Il écarte un peu les pieds, inspire. Son attention se concentre jusqu'à devenir le tremplin invisible où se propulsera la fléchette.

mercredi 11 mai 2011

Quelle époque (pas épique) !

Même pas tourné 807 fois sa langue dans sa bouche avant d'oser tutoyer M. Chevillard — et cela pour le rejeter au profit d'une jeunesse, même aussi chatoyante qu'une agate ?!!!


Ces pseudo-Fées sont d'un vulgaire !

mardi 10 mai 2011

lundi 9 mai 2011

Le fennec d’Austin enfin traduit

Pas trop tôt pour qu’une maison d’éditions française se décide à publier une traduction de La musique des chicanes et de La musique des deuils, autobiographie en deux volumes écrite par Johny Shine himself. Autant vous prévenir tout de suite, âmes sensibles et esprits rationnels s’abstenir ! Jamais sans doute le sex, drugs and rock’n’roll n’aura été mieux illustré, renvoyant à leurs jeux de cour d’école les prétendues frasques destroy des Stones, Led Zep et autres dinosaures tout autant consacrés qu’exécrés par votre serviteur... Comme il l’explique dans sa préface (à elle seule un véritable morceau d’anthologie !), le fennec psyché d’Austin s’est lancé dans le récit de sa vie pour ne pas crever, pas plus pas moins, à une époque où il l’a chanté à plusieurs reprises, ses démons le titillaient sévère !... Réfugié dans une chambre d’hôtel de Tijuana après une prise massive d’acide, il aurait rédigé l’ensemble en seulement 72 heures d’écriture non-stop sur une vieille machine à écrire Underwood que lui aurait offert James Ellroy, et ce après une cuite magistrale dans un bar miteux d’Ellis Island : Picoler avec ce gars-là, c’était apprendre à écrire... Il t’envoyait des ondes par paquets énormes, et chaque fois ça disait le même bondieu de truc : c’est les mots qui feront que tu resteras en vie… Seulement, c’est à toi d’apprendre comment faire avec eux... à toi seul !... Ce récit d’une vie tout autant fantasmée que déchirée se présente sous la forme d’un flux verbal délirant où s’entrechoquent allégrement souvenirs traumatiques et visions déjantées : ils disent tout le temps qu’il faut pas brûler la chandelle par les deux bouts !... alors que c’est du dedans qu’elle crame, la vie... du dedans et pas d’ailleurs !... Sans aucun doute l’un des bouquins les plus marquants qui me soient jamais passés entre les mains...
La musique des chicanes (éditions alternatives, 384 pages, 45 euros) ; à paraître en octobre : La musique des deuils (éditions alternatives, 271 pages, 35 euros)


dimanche 8 mai 2011

Horrescit referens

Agrostis canina L. : Agrostide des chiens
Agrostis capillaris L. : Agrostide tenue
Agrostis gigantea Roth : Agrostide blanche
Agrostis stolonifera L. : Agrostide stolonifère
Alopecurus pratensis L. : Vulpin des prés
Arrhenatherum elatius (L.) P. Beauv. ex J.S. et K.B. Presl. : Fromental
Bromus catharticus Vahl : Brome
Bromus sitchensis Trin. : Brome
Cynodon dactylon (L.) Pers. : Chiendent pied de poule
Dactylis glomerata L. : Dactyle
Festuca arundinacea Schreber : Fétuque élevée
Festuca ovina (L.) : Fétuque ovine
Festuca pratensis : Hudson, Fétuque des prés
Festuca rubra L. : Fétuque rouge
Lolium multiflorum Lam. : Ray-Grass d'Italie (y compris le Ray Grass Westerwold).
Lolium perenne L. : Ray-Grass Anglais
Lolium X boucheanum Kunth : Ray-Grass hybride
Phalaris aquatica L. : Herbe de Harding
Phleum bertolonii DC. : Fléole bulbeuse
Phleum pratense L. : Fléole des prés
Poa annua L. : Pâturin annuel
Poa nemoralis L. : Pâturin des bois
Poa palustris L. : Pâturin des marais
Poa pratensis L. : Pâturin des prés
Poa trivialis L. : Pâturin commun
Trisetum flavescens (L.) P. Beauv. : Avoine jaunâtre
Hedysarum coronarium L. : Sainfoin d'Espagne
Lotus corniculatus L. : Lotier corniculé
Lupinus albus L. : Lupin blanc
Lupinus angustifolius L. : Lupin bleu
Lupinus luteus L. : Lupin jaune
Medicago lupulina L. : Minette
Medicago sativa L. : Luzerne
Medicago X varia T. Martyn : Luzerne
Onobrychis viciaefolia Scop. : Sainfoin
Pisum sativum L. : Pois fourrager
Trifolium alexandrinum L. : Trèfle d'Alexandrie
Trifolium hybridum L. : Trèfle hybride
Trifolium incarnatum L. : Trèfle incarnat
Trifolium pratense L. : Trèfle violet
Trifolium repens L. : Trèfle blanc
Trifolium resupinatum L. : Trèfle de Perse
Trigonella foenum-graecum L. : Fenugrec
Vicia faba L. : Féverole
Vicia pannonica Crantz : Vesce de Pannonie
Vicia sativa L. : Vesce commune


Arrivé au 807e item, il hésita. Vicia vi... Vi quoi ? Viciosa ? Villosa ? il en eut un frisson. Commencerait-il à perdre son latin ?

samedi 7 mai 2011

Trajectoire

Tu es là planté devant l’entrée, tes yeux fouillent la cohue déversée par l’escalator à une cinquantaine de mètres. Ta poitrine s’élargit soudain quand sa silhouette se profile parmi l’agglutinement des 807 corps, un sourire étire tes lèvres, l’air devient moelleux. À chaque foulée vers toi ton cœur tambourine plus fort, combien de pas encore entre vous ? Ta main moite serre les billets que tu as achetés avec un peu d’avance, ne serait-ce que pour repérer l’endroit, avoir déjà quelque chose à lui raconter d’ici, les gens qui sortent amarrés à l’obscurité de la salle où ceux de la file qui attendent que le film commence.


Vos joues s’écrasent l’une contre l’autre. Tu guettes fébrilement ce qui se met à courir en toi, le battement du futur, l’horizon bleu des matins qui décollent. Ton regard fourche, s’aplatit sur son visage quand elle s’étonne des deux billets et pas trois. Et tu vois s’avancer le bras qui lui enserre la taille.

vendredi 6 mai 2011

Régate

Assis sur la grande plage de Carnac, il contemple le défilé de voiles multicolores délicatement posées en équilibre sur la ligne d'horizon. Se souvient de ses premières régates, au côté des plus grands. Toujours dans leur ombre, mais cela ne le dérange plus. Chaque année, le week-end de Pâques, il revient regarder avec ses jumelles les bateaux au loin se dirigeant vers la Trinité-sur-mer pour le SPI Ouest-France. S'en approcher plus lui ferait trop mal.


À la 807e voile, il s'en va.

jeudi 5 mai 2011

Voir

Je voudrais rappeler à tous ceux et celles qui utilisent petitement le mot « procrastination » que je suis allé chez l'ophtalmologiste 4 035 jours après que la médecine du travail me l'a conseillé, lors de ma toute première consultation obligatoire. Voilà ce que j'appelle remettre au lendemain !


Et voici venu le premier printemps où je peux enfin compter les feuilles aux arbres, et quelle n'est pas ma déception de constater que ce marronnier en porte 807... je m'y attendais !

mercredi 4 mai 2011

Ooooh !

– Ce doit être autour des 800.
– Essayez un nombre...
On entend la voix numérique qui annonce « Encore dix secondes »
– 810 ?
– Presque, monsieur Leclerc ! Allez : vous avez deux bons chiffres !
– 805 !
« Encore trois secondes »
– 804, 803, 801... 806 !
On entend le gong impitoyable et la foule qui fait Ooooh ! comme une vague déferlante sur le candidat dépité.


Sous sa casquette à carreaux, lui revenait encore la voix empruntée, faussement désolée de l'animateur :
– C'était 807 monsieur Leclerc...
Dans le ciel surgit un nouveau plateau d'argile. Il appuya sur la gâchette avec un plaisir certain.

mardi 3 mai 2011

Et des poussières

807 jours d’un mariage mal assorti, bancal et chaotique. 807 nuits de désamour, d’amour forcé, d’ennui et d’insomnie... 2 ans et 77 jours. 1 enfant, 2 crédits, des voisins, quelques soucis.


Des disputes, 1 divorce, 1 pension alimentaire, 1 ex. Des parents à mi-temps, 1 week-end sur 2. Des histoires, des amours, des ruptures et de nouveaux départs. Un nouvel appartement, de nouveaux voisins et quelques soucis. Et 807 souvenirs et des poussières...

lundi 2 mai 2011

Champs libres

Quand cette prairie tranquille se réveille, quand quelques marmottes font le gué, quand leurs museaux se dressent, humant la fraîcheur matinale, une vache tachetée continue de brouter avec la régularité d’une horloge bien remontée, tout comme le troupeau entouré de mouches si lymphatiques qu’on ne perçoit qu'un long silence.


Quand cette salle idéale de Montmartre s'éteint, quand surgissent en contre-jour quelques silhouettes sans visages, quand à la première déflagration sonore, rêche comme une pénitence, le chanteur balance sa tête dans l'air comme s'il se la fracassait suspendue, 807 particules si vibrantes qu'on ne sait déjà plus ce qui vient de se passer.

dimanche 1 mai 2011

Sept

Huit sans sept. Huit sans sept, cela fait un. Et un, c’est moi sans toi, ou toi sans moi. C’est inutile. Et pour une fois, inutile ne rime pas avec indispensable. Non, je ne vis pas avec mon temps, désolée. Je préfère l’utile, l’agréable, et toi avec moi.


Alors je te prends, toi, et les six autres. Toi, huit, et tes sept femmes. Dont moi. Ce sera huit avec sept, chez moi. Et les six autres, à la cave. Non mais ! Je préfère sept sans six. Et je garde huit.