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lundi 22 septembre 2014

détritus

     Lorsque nous arrivons dans une ville, ma sœur et moi, il y a un endroit qu’il nous faut absolument visiter : la décharge municipale. Cela date de notre enfance passée chez ma grand-mère. Derrière sa maison, au lieu d’un jardin, à travers le grillage, se trouvait un terrain vague. Les gens venaient s’y retrouver et avaient pris l’habitude d’y déposer leurs détritus. De la fenêtre de la cuisine, on les voyait défiler les bras tendus, chargés de sacs boursouflés, comme des gymnastes aux anneaux. Dès qu’ils étaient partis, on se précipitait dehors : une moisson de poupées énucléées, peluches démembrées et autres objets en fin de course sous une couche de limon alimentaire nous attendaient.

    Vingt ans plus tard, nous perpétuons cette coutume. Nous ne nous voyons pas le reste de l’année. Mais une fois par an, nous choisissions une ville dont nous avons entendu parler de la décharge, un genre de du bouche à oreille entre déchargeurs.


    Ce mois de février-là, nous sommes tombés sur une décharge avec un cimetière pour portable. J’en ai vu une colline, à vue d’œil, peut-être 807. On s’est précipité au sommet pour en dévaler les pentes. Il y en avait un qui n’était pas éteint : cette photo était affichée :








samedi 30 novembre 2013

Top tulle.


           807 : C’est…Embrssé. J’ai dit embarrassé. Avant je voulais dire que- La gêne. J’étais gêné. C’était avec une ortie la première fois. J’y repense souvent c’est plutôt normal non de vouloir remonter à ses origines de savoir ce que tout le monde sait confusément sans être sûr de quoi et pourtant en croyant que c’est là attendant  une occasion de remonter et de s’installer. Tout a commencé là, je crois…Il y a cinq ans, on m’a dit que je devais me lancer.  J’y repense mais- 


            Cela ne me gêne pas de parler de ça. J’ai compté les fois. J’ai essayé de parler plusieurs langues, de donner des rendez-vous, de me faire prendre en photo. Je me suis même décomposé. Il y a en a qui parlent de transformation. Non. Je n’y crois pas. J’étais là. J’attendais juste mon tour. 804, 805 et 806 peut-être, mais moi, je voulais parler, m’exprimer, choisir mon sujet de conversation. Etre au centre de-


            J’ai poussé au crime. Je susurrais des insanités. Je ne m’en serais jamais senti capable. On dit bien que c’est-Je ne m’en souviens plus très bien. Je ne suis pas sérieux…



            Qu’est-ce que j’ai dit déjà ? Qu’est-ce que je vous ai dit déjà ?

vendredi 25 octobre 2013

Le gué.

Dans le brouillard. J’avance dans le brouillard. Je marche depuis un moment. Le phare d’une voiture m’agrippe. Agrippe l’asphalte de la route devant moi. Puis s’évanouit. Je suis un funambule sur mon chemin. Je retiens mon souffle. Je fixe l’obscurité devant moi. Je serre les poings. Un autre phare arrive alors éclaire mes pieds qui écrasent en cet instant l’herbe boueuse. Glisse sur l’asphalte. S’évanouit à nouveau. Ça survient à intervalles réguliers. Presque un rythme. Celui de ma marche. La pause, c’est la crampe qui surgit au creux de la voûte plantaire tendant les muscles jusqu’à l’astragale.


Dans le brouillard toujours. Je sens des formes passant près de moi. Ce sont des têtes vêtues d’une longue chape de brume grise qui flottent. Elles finissent par former une procession. Des mots traversent l’épaisseur du silence : «  sévère », «  lamentation », «  pisse ».


Dans le brouillard infini. C’est comme s’il avait remplacé la nuit, comme si il n’y avait jamais eu de nuit. Tout devient étranger. Mes pas sont de plus en plus entravés. Ce ne sont pas des obstacles qui se dressent. Je ne ressens pas de fatigue. L’air est une matière organique palpitante. Les faisceaux des phares repassent. Les passants flottants repassent. La crampe revient. Mes yeux grincent. Le brouillard englouti. Je vois en face de moi :