Dans
le brouillard. J’avance dans le brouillard. Je marche depuis un
moment. Le phare d’une voiture m’agrippe. Agrippe l’asphalte de
la route devant moi. Puis s’évanouit. Je suis un funambule sur mon
chemin. Je retiens mon souffle. Je fixe l’obscurité devant moi. Je
serre les poings. Un autre phare arrive alors éclaire mes pieds qui
écrasent en cet instant l’herbe boueuse. Glisse sur
l’asphalte. S’évanouit à nouveau. Ça survient à
intervalles réguliers. Presque un rythme. Celui de ma marche. La
pause, c’est la crampe qui surgit au creux de la voûte plantaire
tendant les muscles jusqu’à l’astragale.
Dans
le brouillard toujours. Je sens des formes passant près de moi. Ce
sont des têtes vêtues d’une longue chape de brume grise qui
flottent. Elles finissent par former une procession. Des mots
traversent l’épaisseur du silence : « sévère »,
« lamentation », « pisse ».
Dans
le brouillard infini. C’est comme s’il avait remplacé la nuit,
comme si il n’y avait jamais eu de nuit. Tout devient étranger.
Mes pas sont de plus en plus entravés. Ce ne sont pas des obstacles
qui se dressent. Je ne ressens pas de fatigue. L’air est une
matière organique palpitante. Les faisceaux des phares repassent.
Les passants flottants repassent. La crampe revient. Mes yeux
grincent. Le brouillard englouti. Je vois en face de moi :
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