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L’assiette d’autrui nous fait saliver parfois, jamais son sandwich
"
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Éric Chevillard - L'autofictif- 11 octobre 2013
Devant
l’éventail pléthorique des émissions culinaires qui semble satisfaire les
appétits des citoyens téléphages, je nourris quelques inquiétudes sur les
recettes et les sauces spécieuses employées par les chefs étoilés. Il se
pourrait qu’ils veuillent en faire baver au bas peuple. Par une gestuelle
idoine, ces sorciers en toques et en toc dessalent les 807 plaies et sucrent les 807
espoirs déçus du téléspectateur en lui faisant avaler n’importe laquelle des
couleuvres ressemblant à une pilule du bonheur presque parfaite.
Comme le dit le proverbe du pêcheur de
carpe, il est inutile de claquer des dents au cul du brochet. Avant qu'ils ne
finissent, tels des tournedos, sur le billard en raison de leurs appétits
pantagruéliques, je rappelle aux esprits crédules que la plèbe ne passe pas à
table pour être servie, mais pour offrir, sur un plateau d’argent, des minutes
de matière grise en masse à son bon roi. L'ordre est la règle. Les maîtres queux et
leur brigade savent cuisiner, avec soin, la molle cervelle des moutons et leur
beurrer la raie — provoquant ainsi un trou dans les rangs de proctologues
soucieux de faire campagne en faveur d’un dépistage des pathologies (pâtes au
logis ?) du côlon.
Coloniser les âmes sensibles et faire monter la conscience
en neige, au niveau du ventre, avant qu’elle ne retombe comme un soufflé. Voilà
ce qui pourrait se cacher sous la croustillante panure, pouture que l’on sert lors
de festins préparés par les prêtres au sein des confréries de Panurge. Ainsi,
une abondance d’air et de mauvaises graisses télévisuelles provoquerait un
vieillissement prématuré du cortex. Attention à ne pas sucrer les fraises avant
l’âge. À bon sonotone, salut !
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