mercredi 8 juin 2011

Absurde

Le matin. Eugène ébouriffé, seul dans son studio. Assis sur une chaise bancale, devant un bol et une tartine, tête plongée dans un journal. Entre Samuel.


EUGÈNE. Si tu savais ce que je viens de lire, c'est horrible !
SAMUEL. Alors, ne m'en parle pas !
EUGÈNE. Imagine, à la une du journal de ce matin, l'accident d'un grand huit ; 107 victimes à Sète.
SAMUEL. Oui, oui, j'imagine... le sang couler...
EUGÈNE. Pas de noyés, en effet. Juste des gens écrabouillés.
SAMUEL. De toute manière, je n'aime pas la bouillie. Sais-tu que je n'ai écrit en tout et pour rien que huit phrases ces cent derniers jours ?
EUGÈNE. Les pauvres, ils voulaient faire un tour dans les airs et maintenant les voilà dans les cieux pour toujours ! Tout de même, tu te rends compte qu'ils ont payé pour ça... Bonjour, le salut !
SAMUEL. Sept lignes au total soit rien, nul, zéro, cacahuètes !
EUGÈNE. Bah... c'est toujours mieux que de mourir à Sète.
SAMUEL. Non, je suis en train de mourir et ça, tout seul.
EUGÈNE. Tu devrais manger. Moi, cette histoire de huit m'a donné envie d'huîtres. Tu comprends, on peut tellement vite partir, déraillé. Un p'tit caillou dans les rouages et...
SAMUEL. Des huîtres ? À huit heures du matin ? Pourquoi pas une biscotte à minuit tant qu'on y est !
EUGÈNE. Et pourquoi pas puisqu'on y est ?!
SAMUEL. Je devrais aller aux courses et miser sur le 7. Ces maigres lignes, c'est sûrement un signe !
EUGÈNE. Que veux-tu, la vie est un drôle de manège... On mise, on signe et on saigne !

2 commentaires:

  1. De l'art d'accommoder les nouvelles en jouant avec les chiffres... J'aime bien cet absurde quotidien...

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  2. Oui, moi aussi j'aime, c'est plein d'humour et de clins d'oeil...

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