Et Dieu créa la femme ! On peut comprendre qu’il en ait
eu marre de reluquer les corps bodybuildés des « Adams », blancs
comme des cachets, qui se faisaient bronzer sur la plage de l’Éden ; de
les regarder exhiber leurs muscles bandés sous un marcel, en feuille de
figuier, avec un slip de bain, moule bijoux, en bananier. Triste vision du
paradis. Et Dieu créa la femme.
Le créateur dut inventer la grâce pour chasser de sa vue ces 807 bipèdes
goguenards qui roulaient des mécaniques en sifflotant des airs de
« Formule Un » — car, en ces temps du début des temps, les mâles
aimaient à jouer les pilotes de courses en imitant, avec leur bouche pleine de
pâte à mâcher, le bruit des moteurs des voitures usant la gomme de leurs pneus
sur les circuits ensoleillés de la planète. Et Dieu créa la femme ! Il
créa l’intelligence et la poésie, comme la vague qui eût fait tomber les châteaux
de sable des hommes rivalisant d’arrogance avec leur seau, leur pelle et leur
râteau. Et Dieu créa la femme.
Il faut dire que les hommes musculeux à
forte poitrine, ce n’était pas du plus bel effet esthétique ; d’ailleurs,
toutes les tentatives du Père relatives à la maternité du mâle avortèrent. Les
hommes voulaient bien accepter que leur ventre gonflât, sous la pression de la
bière et des nourritures terrestres caloriques ingurgitées devant les matchs de
ballon rond ou ovale, mais ne supportaient pas que la vie occupât tout leur
corps. Et Dieu créa la femme !
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