quarante deux ans, je mène une
existence de rêve. Je suis marié à une femme que j'aime et nous
avons deux enfants adorables. Nous habitons une grande et belle
maison située au 807 de la rue des églantines dans une banlieue
chic proche de Paris. Récemment, l'achat d'un chiot nommé Hector
n'a fait qu'accroître notre bonheur familial.
Mardi dernier, quelque
chose s'est passé. Il faisait beau et je suis rentré beaucoup plus
tôt que d'habitude de mon travail. Horreur. J'ai découvert notre
chien crucifié sur la porte d'entrée. Son dos était plaqué à
mi-hauteur, les deux pattes avant en croix cloués par deux crochets
en fer et celles de derrières suspendues dans le vide.
Du sang coulait le long
de la grande porte blanche. On aurait dit une toile du peintre
Haskorwich dont j'avais vu les peintures abstraites dimanche dernier
au musée. Le sang s'écoulait par terre et s'enfonçait sous le
paillasson où était écrit Welcome. J'ai sortie mon smartphone de
ma poche et ouvert l'application réveil. Je l'ai fait sonner à
17H30. La vie devait continuer, il ne fallait pas que j'oublie
d'aller chercher les enfants à l'école tout à l'heure.
La mort de mon chien
avait quelque chose de prémonitoire. Tout allait trop bien jusque
là. Je savais qu'un jour, je devrais rendre à la vie tout ce
qu'elle m'a donné.
Louis Lascoin
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