Les yeux d'un bleu éblouissant de la jeune femme se tournèrent
vers lui, comme se réveillant d'un rêve trop long. Un éclat métallique s'y
dessina, glissant de son visage à la silhouette massive de Nez en patate qui
venait d'entrer. Axel y vit comme une promesse de justice. Il retint son
souffle en entendant la voix rauque du conducteur. - Combien je vous dois ? - Combien croyez-vous devoir donner pour réparer ?
- C'est quoi ce délire ? - Combien devez-vous pour annuler l'affront ? Cette phrase se répéta comme un mantra. Les lèvres charnues de la caissière soufflèrent des mots comme des bulles de savon qui voletaient autour de Nez en patate, brusquement figé comme une statue de marbre. Une nuée de bulles translucides gravitait autour de sa grosse tête, une écharpe multicolore qui l'enserrait de plus en plus.
- C'est quoi ce délire ? - Combien devez-vous pour annuler l'affront ? Cette phrase se répéta comme un mantra. Les lèvres charnues de la caissière soufflèrent des mots comme des bulles de savon qui voletaient autour de Nez en patate, brusquement figé comme une statue de marbre. Une nuée de bulles translucides gravitait autour de sa grosse tête, une écharpe multicolore qui l'enserrait de plus en plus.
Axel s'approcha de lui, ouvrit son blouson et reprit la
fourchette. Il la serrait fort comme jamais, tendue au bout de son bras dans la
direction de l'homme dont le visage se dégageait progressivement. Le sang avait
reflué de sa face et c'est blême qu'il sortit son porte feuille et laissa trois
billets sur le comptoir avant de reculer jusqu'à se cogner à la porte. Il
disparu sans demander son reste, on entendit juste la porte de la voiture
claquer mais pas son démarrage.
Axel sourit. Il posa la fourchette sur le comptoir, son pouce et
son index impulsèrent un mouvement circulaire, le couvert d'argent tourbillonna
avant de s'immobiliser doucement, les dents traçant une droite invisible
jusqu'à l'endroit le plus sombre de l'horizon, où terre et ciel indissociables
se rencontrent sans se perdre.
S'il
fallait une morale pour clore ce conte, c'est qu'atteindre son rêve ne se fait
pas sans risque, ni non plus sans chance. S'il ne fallait pas l'atteindre, n'y pensons
plus.
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