L’infirmier revenait de la chambre 807. Les yeux tournés vers ses pensées, il ouvrit, doucement, la porte arrière à double battant de l’ambulance, laissant glisser derrière lui, dans la faible pente vers la sortie du parking de la clinique, le brancard.
Je relève la tête de mon carnet, de mon clavier, de mon écran, de mes pensées. Sur l’écran plasma au-dessus du bar, Nina Simone au piano chante un final vibrant, fortissimo, le public applaudit pendant que les mains de Nina Simone percutent le crescendo final. Derrière le bar, je vois la jeune serveuse, corps calibré mannequin, passer une parka courte et moulante, elle regarde Nina Simone qui regarde le public. La serveuse zippe sa veste jusqu’en haut, révélant l’attendue courbe de ses seins, et cale une cigarette entre ses lèvres, elle laisse une commande – « les cafés c’est pour le bar » – au serveur, sans le regarder, qui sort tout juste des cuisines. La serveuse passe sous Nina Simone, qui prend le micro, et sort. Le serveur pointe une télécommande vers Nina Simone, un menu de navigation des chaînes s’affiche sur la joue droite de Nina Simone. Le serveur quitte le canal 807 pour la chaîne NRJ, publicités, puis un clip trépidant de Christophe Maé.
La camionnette Sodexho avait laissé la porte-coulissante de son flanc ouverte. Un peu plus loin, un livreur poussait un chariot plus haut que lui, remplit des plateaux repas du midi. Petit suisse, deux sachets de sucre, part de camembert cellophanée, bol plastique à couvercle transparent et sa soupe de légumes verts, assiette à couvercle au contenu invisible. C’était le premier jour de travail du livreur, de vrai travail, CDI, après huit cent sept jours de chômage, stages, contrats d’intérim ; et puis enfin cette première période d’essai de CDI. C’était un jour chaud de février, bleu, le printemps donnait l’impression d’être en avance. Le livreur souriait, premier jour, première livraison, le soleil et sa vie semblaient d’un seul tenant. Comme il remontait la pente du parking de la clinique, regardant sur le côté droit du chariot pour voir où il allait, un brancard vide le croisa.
Je relève la tête de mon carnet, de mon clavier, de mon écran, de mes pensées. Sur l’écran plasma au-dessus du bar, Nina Simone au piano chante un final vibrant, fortissimo, le public applaudit pendant que les mains de Nina Simone percutent le crescendo final. Derrière le bar, je vois la jeune serveuse, corps calibré mannequin, passer une parka courte et moulante, elle regarde Nina Simone qui regarde le public. La serveuse zippe sa veste jusqu’en haut, révélant l’attendue courbe de ses seins, et cale une cigarette entre ses lèvres, elle laisse une commande – « les cafés c’est pour le bar » – au serveur, sans le regarder, qui sort tout juste des cuisines. La serveuse passe sous Nina Simone, qui prend le micro, et sort. Le serveur pointe une télécommande vers Nina Simone, un menu de navigation des chaînes s’affiche sur la joue droite de Nina Simone. Le serveur quitte le canal 807 pour la chaîne NRJ, publicités, puis un clip trépidant de Christophe Maé.
La camionnette Sodexho avait laissé la porte-coulissante de son flanc ouverte. Un peu plus loin, un livreur poussait un chariot plus haut que lui, remplit des plateaux repas du midi. Petit suisse, deux sachets de sucre, part de camembert cellophanée, bol plastique à couvercle transparent et sa soupe de légumes verts, assiette à couvercle au contenu invisible. C’était le premier jour de travail du livreur, de vrai travail, CDI, après huit cent sept jours de chômage, stages, contrats d’intérim ; et puis enfin cette première période d’essai de CDI. C’était un jour chaud de février, bleu, le printemps donnait l’impression d’être en avance. Le livreur souriait, premier jour, première livraison, le soleil et sa vie semblaient d’un seul tenant. Comme il remontait la pente du parking de la clinique, regardant sur le côté droit du chariot pour voir où il allait, un brancard vide le croisa.
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