Ça fait des mois qu’ils attendent ça. Les bagages sont faits depuis de longues heures, les guides neufs usés, les cartes mémoires giga prêtes. L’avion décolle enfin, ils n’en pouvaient plus d’attendre. Le lendemain, ils se posent à Rome, puis visitent Florence et Pise. Devant la tour, c’est un entraînement. C’est facile, il suffit de se mettre à coté, les bras tendus. Ils peaufinent leurs positions préférées, répétées huit cent sept fois au cours de l’année passée. Soit ils la poussent, soit ils la soutiennent. Mais tout cela n’est rien comparé à ce qui les attends. Le must. Le fin du fin. Le rêve de toute une vie. Sur les photos des amis qui y sont déjà allés, ils s’y sont vus, triomphants. Ils quittent l’Italie, entrent en France par Disneyland. Ils se posent à l’hôtel, se reposent un peu, et enfin, au petit matin, remontent dans le car. L’engin traverse Paris, remonte les Champs et se gare devant l’Arc. Ils n’en reviennent pas d’y être enfin. Les portes s’ouvrent, ils sortent presque en courant, se précipitent sur le trottoir face au monument. Et dans un temps record, sautent, s'arc-boutent, se contorsionnent, sourient, rient, s’illuminent, une petite flamme de bonheur dans leurs yeux d’inconnus. Postures flamboyantes pour leur postérité, ils s’échangent les appareils pour être sûrs de faire la bonne image, ne pas la louper, ils shootent, re-shootent, re-re-shootent, re-re-re-re-re-re-shootent. Ils louent leur bonne étoile d’être là. Par l'escalator je sors du RER et tombe sur eux comme chaque matin depuis des années. Je m’immobilise pour les immortaliser. Puis je pars travailler.
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