Entrer dans la
boutique du chocolatier. Sourire d’aise en découvrant les religieuses aux
petits chapeaux lustrés, les opéras rectangulaires, les dacquoises
croustillantes…S’attarder sur les pyramides de crottes en chocolat. Résister,
détourner le regard. Observer, par exemple, la patronne, impeccablement
maquillée, permanentée de frais, le tailleur de bonne façon sans excès, le
visage amène mais le port de tête rigide, serrée contre son tiroir caisse. Se
concentrer sur la jolie vendeuse empressée, désireuse de donner satisfaction à
la matrone sévère. Attendre son tour en s’impatientant légèrement de toutes ces
civilités inutiles qui sont la base du bon commerce. Désigner enfin l’objet de
tous nos désirs, ce sachet anonyme dans la vitrine réfrigérée, non pas celui-là
Mademoiselle, celui qui est au premier rang, celui-là, oui, supposé plus frais.
Il vous faudra autre chose ? Non. Huit euros sept cents! Le voir
disparaître illico dans un sac plastique au nom du chocolatier, censé lui
apporté un regain de popularité auprès des passants.
Monter dans la voiture. Jeter négligemment
le trésor sur la banquette arrière et rentrer vite à la maison !
Se débarrasser de l’emballage encombrant, s’asseoir
enfin dans le vieux fauteuil en cuir et contempler ce bonheur suprême : deux cents grammes de caramels mous au chocolat ! Dénouer
fébrilement le lien rigide, le petit nœud énervant qui sépare du Nirvana et profiter
des effluves volatiles du cacao amer, extirper délicatement un de ces délices du
paquet translucide et bruyant, enfoncer l’index dans ce petit carré brun, légèrement
huilé, un peu humide, sentir juste un peu de résistance, en apprécier
l’élasticité et la fraîcheur, l’approcher avec gourmandise de sa bouche. Goûter
sa légère froideur sur les lèvres, et immédiatement son onctueuse granulosité
sur la langue, laisser fondre avec volupté, savourer le mélange subtil de sucre,
de beurre salé et de chocolat, laisser cette salive douce-amère envahir la
bouche. Déglutir lentement et sentir cette douceur exquise inonder sa gorge. Langoureusement,
du bout de la langue pousser ce caramel fondant entre la gencive et la joue, s’abandonner
avec délectation au plaisir suave de la fonte inexorable de la friandise,
mollement sans réagir. Finalement, avaler le petit résidu de sucre dans un
dernier sursaut de plaisir. En manger un deuxième, un troisième…..Puis tout le
paquet. Le regretter !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire