Ce qu’il y a de rassurant avec
les chiffres c’est qu’ils arrivent toujours l’un derrière l’autre, et toujours
dans le bon ordre. Comme pour les fourmis. Ou pour les moutons quand on s’amuse
à les compter avant de s’endormir. Personnellement je préfère les fourmis.
Moins faciles à dénombrer mais tellement plus intéressantes à observer.
Ce ne sont pas les membres de la colonie
domiciliée au fond de mon jardin qui me donneront tort. Résoudre les problèmes
de surpopulation, et par voie de conséquence ceux de l’organisation du travail,
telle est la double tâche (exaltante) à
laquelle j’ai décidé de me consacrer à
partir de ce matin. Un système de pailles enduites de confiture à la fraise et
coupées en deux dans le sens de la longueur me permettra de convoyer les ouvrières afin de
les répartir par paquets de 1000 dans
chacun de mes 10 camps de travail.
Et ça marche. Ça marche même du
tonnerre. 700 … 800 … 805, 806, 807. J’en suis à la huit cent septième quand je me mélange bêtement les pinceaux. 806 ou
807 ? 807 ou 808 ? De rage, j’administre un violent coup de pied dans
la fourmilière. C’est la débandade. Que n’ai-je eu l’idée d’inscrire sur
l’abdomen de chacune le chiffre correspondant à son numéro d’entrée ! On
n’en serait pas là.
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