J’étais tranquillement couché dans mon lit, et je
crois bien que je dormais, quand la
première goutte est tombée sur le bout de mon nez.
Instinctivement j’ai levé les
yeux au ciel. La fuite ne pouvait provenir que de là-haut. Selon toute
probabilité une tuile avait été déplacée (par le vent, ou par la grêle, ou par
un pigeon, ou par un chat, ou par un curieux, ou par un voleur, comme elle pouvait avoir été
brisée (par le vent, ou par la grêle, ou par un pigeon, ou par un chat, ou par
un curieux, ou par un voleur. Qu’est-ce
qu’il valait mieux, me demandai-je, être
surpris par un curieux ou volé par un
voleur ?)
J’en étais là lorsque, lassé de
recueillir sur le nez la soixantaine de gouttes qui avaient suivi, je décidai
d’appeler les pompiers. Appeler les pompiers pour un problème de fuite d’eau ne
m’a jamais paru très sérieux. J’hésitai encore. Puis je composai le 806. Après
une attente de près de 300 secondes (ponctuées d’autant de ploc ploc inopportuns),
un pauvre bougre posté à l’autre bout du monde et affligé d’un accent à couler
une bielle me le rendant tout à fait incompréhensible, m’orienta vers le numéro suivant, c'est-à-dire
le 807. Devinez alors ce qui se passa. L’eau s’arrêta de goutter, et pour cause (même
si j’ai mis un certain temps à en comprendre la cause), le 807 ne correspondait
à aucun service, le 807 se perdait dans le vide, comme l’eau dans le désert, dont j’eus la
faiblesse de penser que celle qui s’était permis de suivre la pente de mon
nez avait choisi de s’inspirer, car mes malheurs cessèrent à la seconde même,
me faisant croire au miracle. Ou alors c’est qu’il s’était arrêté de pleuvoir.
Mais d’après la météo il ne fallait pas trop y compter.
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