lundi 11 novembre 2013

Strip-tease.

               Comme elle prétendait posséder le secret de la vie bien enfoui dans le fond de son cœur,  je décidai de la déshabiller. De la déshabiller tout entière. 



                La sachant frileuse, je ne m’étonnai pas de la trouver emmitouflée sous trois manteaux fourrés. Je ne m’attardai pas à identifier quels animaux sauvages détenaient autrefois ces fourrures. J’étais trop désireux d’enlever le reste afin de parvenir le plus rapidement possible à la révélation espérée. Une dizaine de pulls de plus en plus fins se succédèrent. Comment faisait-elle pour supporter tout ça ? Suivirent autant de chemisiers encore plus fins (je comptais toujours, tout en commençant à m’impatienter.) Ce qui ne semblait pas être son cas. Sa patience avait beau confiner à la passivité, je m’efforçai de prendre exemple sur elle. 



                 Quand j’atteignis sa peau, force me fut de constater qu’elle était  fagotée comme un oignon, que j’entrepris d’éplucher aussitôt, surpris de ne pas mettre à jour le réseau arachnéen des nerfs et des vaisseaux, encore moins de voir affluer  le sang. Car elle ne saignait pas. C’était sûrement ça, son secret. Je continuai à l’éplucher consciencieusement, comme si je feuilletais les pages d’un livre. Peau après peau, page après page, j’agissais tel un somnambule, je ne la voyais même plus. Tout était si simple, si facile,  les peaux se décollaient toutes seules. A la huit cent septième 





elle avaitdisparu.



3 commentaires:

  1. J'aime beaucoup cette femme-oignon éphémère...
    ce frottement discret entre réalité et fantastique absurde,
    juliette.

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  2. Ecrivain ou magicien? Belle histoire en tout cas. Comme un songe, elle laisse une image en tête qui luit, sans cesse...
    Chloé.

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  3. Luit sans cesse … Quand le commentaire à son tour joue le jeu, quand il se donne en représentation sans monter sur les planches, c’est lui qui luit, sans cesse et sans scène.

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