Délicatement il détacha un caddie et se dirigea vers la lumière. L'hypermarché rutilait pour la rentrée des écoliers, il se dirigea sans même lever le nez au rayon jardinerie et engrais. Dans sa poche, la précieuse liste palpitait des promesses à venir qui ne demanderaient aucune aide à la bouillie bordelaise. La récolte de raisins n'était pas gagnée.
- Je peux vous aider ? la jeune vendeuse, devant une gondole gorgée d'hortensias en pot bleus et mauves, distribuait des prospectus pour des sécateurs. Il saisit un papier en évitant son regard.
La notion de relation d'aide n'est simple à envisager, c'est à dire, pour chacun d'entre nous, à concrétiser : quelle est l'aide que j'attends ? quelle est l'aide que je suis prêt à recevoir ? comment je ressens l'aide que l'autre est prêt à m'accorder ? est-ce que je la perçois ? Il était prêt à recevoir un peu de la jeune femme, mais surement pas ce qu'elle était prête à donner.
807 prospectus à distribuer..., se disait-elle, et après cette journée de merde s'achève enfin.
Il se retourna et revint vers elle en lui tendant le papier.
- Vous pourriez me rendre un service, Mademoiselle ? On m'a confié une liste d'achat, mais je ne comprends pas tout, vous pourriez m'aider ?
- C'est pour quoi faire ?
- C'est pour fabriquer un bombe.
Une nuée de cendres descendait doucement au-dessus des décombres. La jeune femme avait été efficace et l'avait aidé à construire son avenir : un avenir désormais sans hypermarché à visiter tous les samedis pour faire les courses du week end, sans voyage quotidien transporté dans des tunnels de béton pour se rendre à un boulot sans plante, sans sourire et sans jeune collaboratrice compréhensive et ouverte aux projets. Elle n'avait pas pris sa réponse au pied de la lettre, quelle erreur, quelle stupidité, sa dernière erreur heureusement.
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