A supposer que je rencontre Julio Cortazar sur une plage des Caraïbes et
que, terminant une de ses nouvelles intitulée "Histoire avec des
mygales", confortablement allongée dans un transat à quelques mètres de
lui, je puisse l'observer à loisir, exactement comme le fait son
personnage fraîchement débarqué sur une île où la mer moutonne au pied
des collines et dont le nom n'est pas précisé, sachant que cela a peu
d'importance tant l'intrigue se noue autour de ce personnage que je
regarde marcher vers l'écume pour tremper ses pieds dans l'eau
turquoise, si bien qu'il m'offre son dos athlétique que je contemple en
tournant machinalement les pages de mon livre sans y prêter attention,
bien trop occupée à imaginer notre rendez-vous ce soir au bar de
l'hôtel, pourquoi là et au moment où le soleil décline me
demanderez-vous, parce que l'heure est souvent propice, quant à
l'endroit il préserve de la nuit qui arrive tôt et d'un seul coup sous les Tropiques, avec ses petites lumières tamisées qui nous
feraient deviner les formes dans le noir, nous parlerions sans plus nous
arrêter, est-ce que ce serait en gliglico ou dans une langue qu'il nous
faudrait inventer alors qu'il ne resterait que peu d'heures avant la
tombée du jour.
- Vous aussi venez ici pour échapper à.
- Oui c'est tellement plus.
- Et les jours ici ne répondent pas à ce que nous en.
- Parce qu'il faudrait renoncer à ses.
Après des nuits longues balayées par des averses et des rafales de vent, l'air serait à nouveau suffoquant. Un matin, ma main sur le matelas ne trouverait que le vide au bout de mes doigts, puis une page arrachée de mon livre et raturée en tous sens avec ces quelques mots : ce que serait se regarder, jusqu'à ce que tout commence.
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