Se caler jusqu’à sentir la corde de la balançoire incrustée sur le côté droit, la petite sœur en prend de la place, se soulever en reculant en arrière sur la pointe des orteils compressés dans les chaussures cirées, prendre une grande inspiration et de l'élan en sautillant pour bien se recaler les fesses sur le rectangle de bois, tendre les mollets pour que le mouvement gagne, l’autre sœur pousse fort à chaque retour, sentir le dos vibrer et le sol s’éloigner, tendre un maximum les jambes cagneuses pour fendre l'air avec plus d'élan.
Tout est dans l'élan, il se gagne à la tension du jarret dans une bascule précise suivie par une projection de tête en avant, gagner de la vitesse qui fait crier, pluie de sueur sur les yeux, c'est parti l’oscillation perpétuelle qui rapproche du sol autant qu’elle en libère, vertigineusement, emportant au moment déployé ou l'on se trouve piaillantes, allongées, les dos soutenus par l'air. La balançoire va-t-elle faire un tour complet, va-t-on se retrouver la tête en bas comme les cosmonautes en serrant les cordes, s’emmêleront-elles furieusement là-haut au plus haut des cieux. 807 va-et-vient pendulaires de plus en plus hésitants, et l’ennuyeuse verticalité immobile, qui revient.
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