dimanche 1 avril 2012

À l’impossible nul n'est aussi goulu

Le matin, elle a plumé, entre le pouce et l'index, le plantain, le chiendent, la véronique et le séneçon, sans doute aussi un peu de luzerne et de ray-grass dans la foulée, dommage. Elle a les ongles noirs de terre et cassés, observe-t-elle en balayant hors de la terrasse les petits cadavres verts, dont les radicelles aussi sont noires et cassées, cassées plutôt qu'arrachées ― ça va encore et encore et une huit cent septième fois encore repousser. L'après-midi, elle a rimé, sur pouce, index, majeur, annulaire, auriculaire et re-pouce (aux ongles brossés de frais), l'alexandrin, l'octo, le déca (tiens à propos, si elle mettait de l'eau à chauffer ?) et, dans son désespoir parfois de retomber sur ses pieds, l'ennéa et l'hendécasyllabe. Le vers de 807, elle n'a pas essayé, mais il faut l'avouer, côté procrastination de la rime, ça doit être le rêve.


Tenir ses massifs désherbés ! Traduire de la poésie ! Mais pourquoi ne s'attaque-t-elle qu'à de l'impossible, ce printemps ?

1 commentaire:

  1. Parce qu'elle est une aventurière, une lutteuse et qu'elle est la seule à ne pas le savoir. A part ça, bien drôle, ce texte.

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