Relever les différences était sa raison de vivre. Partout il soupesait et mesurait toutes choses : la hauteur des pieds des tables, la largeur des portes, la longueur du nez des passants, le nombre de pétales des fleurs... Il notait précisément les nombres dans son carnet. Rentré chez lui, il comparait tous ces chiffres, les nouveaux collectés dans la journée et les anciens. Il en faisait les différences, il en mesurait l'évolution, il en supputait les causes profondes. Ses talents de différenciateur furent bientôt reconnus. De toutes parts on venait à sa rencontre lui proposant de nouveaux défis, des différences de plus en plus subtiles. Mais la gloire ainsi atteinte ne le toucha pas, et la facilité des calculs que proposait le peuple lui faisait perdre son temps. Le calcul des différences finies ne lui suffit bientôt plus. Il ne fit qu’une bouchée du zéro et de l’infini. Il passa aux équations différentielles, dont la subtilité et l'enjeu étaient à la mesure de son expertise. Plus ardue fut pour lui la comparaison des infinis.
Il résolvait une équation du 807e degré lorsqu’une crise cardiaque le terrassa brutalement, laissant son opus magnus inachevé. Lors de l'autopsie, ô ironie du sort, on s'aperçut que son cœur était à droite.
plus rigolo qu'un cours de math
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