Que le vent pour nous embarquer jusqu'au bout de l'océan. Que le vent pour rabattre ce parfum de cyprès. Que la brise pour refroidir mon dos quand je mets mes pas dans les tiens le plus silencieusement possible. Il ne faut pas que tu me repères. Ni moi, ni ce satané Vautour qui me colle et éructe tout feu tout flamme :
– J'te jure qu'y a un trésor, faut qu'on mette la main dessus.
Tu t'étais précipité dans cette grotte pestilentielle avec un troupeau de moutons dont les bêlements infernaux résonnent en écho entre les parois froides. Un ruisseau glisse à côté de nous, la pente s'accentue au fur et à mesure que la galerie se resserre. Un recoin obscur cache ta silhouette, le flot noir s'épaissit, c'est presque un fleuve maintenant. Mon pas dérape, Vautour me rattrape avant que je ne me viande dans le courant furieux. Tu as rejoint un vieil homme qui te parle sans te regarder. On se planque derrière une anfractuosité triangulaire. Tu creuses une fosse aux pieds de ton interlocuteur, commences à faire des offrandes de lait, de miel et d'eau pure. Toujours avide d'épater la galerie, Vautour me murmure :
– C'est sûrement ici, ce trou inaccessible où ont été cachés cent trente-six rubis, cinq améthystes et six cents soixante-six diamants de la taille d'un poing. 807 pierres précieuses qui vont nous sortir de nos vies de gueux, fini de tirer le diable par la queue...
– Ferme-là, tu vas nous faire repérer.
À cet instant, éclairé par une trouée de lumière soufrée, tu prends ton couteau, saisis le mouton le plus proche, tu n'y vas pas de main morte et tranche son cou sèchement. Un geste répété, encore un hurlement, geste répété encore, à nouveau jusqu'à ce que la dernière carcasse ensanglantée s'écrase sur les moutons égorgés, un tas pyramidal entassé devant le vieillard qui ne scille pas. Ces pauvres bêtes n'ont pas fait long feu. On a ouvert une voie qu'on n'aurait jamais dû ouvrir. Ce nase de Vautour m'a planté. Rien à gagner ici, j'en mettrais ma main au feu. Au secours, sans reprendre le mien alors qu'aucun souffle ne s'exhale de cette satanée grotte.
Musique Michel Gasperin
Aïiiiiiiiiiid!
RépondreSupprimerreparti sans rien dans les poches ?
RépondreSupprimerArgh ! Désopilant !
RépondreSupprimermerci de vos commentaires, juste pour dire que la suite c'est là http://www.fut-il.net/2011/10/contre-bas-vasescommunicants.html, et c'est pas fini
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