mardi 1 novembre 2011

C'était les 807

C'était chaque jour vérifier la messagerie du blog, puis une seconde, voire celle de Facebook, car les contributions venaient de toutes parts. C'était lire, relire, accepter, refuser, corriger, traduire, parfois récrire. C'était répondre à tous, toujours. C'était aussi échanger, donner et recevoir, parler style, règles. C'était découvrir de nouvelles voix, de nouveaux horizons, de nouveaux projets. C'était faire des erreurs, sûrement. Mais c'était aussi rencontrer certaines de ces voix dans le réel, pour un déjeuner, un événement. C'était se dire qu'on ne respirait plus, qu'il fallait arrêter, et on arrêtait, et on recommençait, différemment, certes, mais on recommençait tout de même, et on arrêtait de nouveau, pour mieux recommencer. C'était se demander pourquoi cette addiction, pourquoi perdre un temps précieux parce que rare, se dire néanmoins qu'on continuait d'apprendre. C'était annoncer le programme, les changements, les suspensions faute de propositions, faute de temps. C'était voir les jours passer et le stock diminuer, jusqu'à écrire à la dernière minute pour que le flux continue. C'était retravailler des images pour qu'elles rentrent en 520 de large, trouver un lecteur pour écouter le son. C'était composer de la musique, l'enregistrer. C'était prendre des photos qu'on utiliserait et qu'on n'utilisera jamais. C'était se connecter à l'interface du blog, de la maison, de New York, Londres, Bangkok, Chişinău... C'était corriger après publication des fautes de participe passé qu'on avait oublié voire oubliées, ou régler un problème de programmation, l'objet publié trop tôt ou trop tard. C'était tenter de nouvelles choses, sur le fond, sur la forme, tenter des pastiches comme celui-ci, maquiller des fêlures et les donner à lire, ou au contraire inventer une histoire. C'était publier un livre, puis en préparer un deuxième. C'était envisager une lecture publique. C'était accepter tout le monde, du moment qu'il ait quelque chose à dire, sans aucune discrimination quelle qu'elle soit. C'était rester seul maître à bord, taulier malgré soi, assumer ses choix, ses erreurs. C'était certains jours haïr ce nombre, violemment, le considérer comme un triple six. C'était s'étonner que ça tienne toujours, que ça intéresse encore, ne pas comprendre ce que ça signifie, et se demander jusqu'où ça irait dans l'hypothèse improbable que ce chemin mène quelque part. C'était enfin ne pas savoir comment remercier chacun, participant ou lecteur.


C'était mon 100e.

10 commentaires:

  1. C'EST ! Et tant mieux!

    RépondreSupprimer
  2. J'ai eu peur de voir Franck Garot tourner la page, passer au 808 ou pire :)

    Bravo au taulier pour son boulot fantastique !

    RépondreSupprimer
  3. C'EST triste comme du Zola mais beau comme du Mozart... Clap ! Clap ! Clap !

    RépondreSupprimer
  4. c'est addictif et tellement réjouissant ! Bravo et continuez !

    RépondreSupprimer
  5. Mon dieu, mon dieu que cet imparfait m'a fait peur de n'être plus jamais conjugué au présent et au futur!
    Mais ouf!
    Bravo pour le boulot, bravo pour ce supplément de rêve matinal, bravo pour cette incitation à l'écriture permanente, bravo pour cet oeil de lynx de l'éditeur.
    Et bravo pour le billet lui-même, bravo pour le pastiche, bravo pour l'exercice de style.
    Voilà j'ai 7 bravos, restent 800 mercis à délivrer.

    RépondreSupprimer
  6. "c'était pendant l'horreur d'une profonde nuit..."
    Y'a longtemps que je ne suis pas venu mais je vois, ça continue, je le savais, mais je n'y pensais plus, c'était parce que le temps si rare, si difficile à trouver, c'était il y a bien longtemps, peut-être plus de 807 jours, je ne sais plus... mais je vais revenir, j'y pense et je n'oublie pas. Savoir pourquoi on continue, cette question-là ne se pose même pas, tellement elle est inutilement incongrue : on continue tout en comprenant que parfois, la barbe... ce matin, en me rasant j'ai compté mes pils de barbe, je me suis arrêté au huit cent septième, ma barbe était hirsute encore... Quelque chose comme ça.
    Continue bien camarade!
    PdB

    RépondreSupprimer
  7. C'était comme si le taulier avait un coup de blues et songeait à fermer la baraque. Fausse alerte!

    Belle constance qui donne envie de se bouger pour participer plus!

    RépondreSupprimer
  8. Merci à tous, et rendez-vous demain à la même heure.

    (Piero, n'attends pas mon 200e pour revenir)

    RépondreSupprimer
  9. Ca alors, mais quoi, c'est quand même un monde, on a ses petites habitudes, ses petits repères, et un matin comme ça, d'un jour à hier et sans crier gare, on apprend incidemment que fini la routine, cramée l'habitude, déchiré le train-train; et ça alors, que le sol tremble et que rien ne sera plus comme avant...

    RépondreSupprimer