Déclinaisons d'un aphorisme d'Éric Chevillard. "804… 805… 806… j’avais très rigoureusement repris le compte des herbes de mon jardin en pliant celles-ci au fur et à mesure, cette fois, afin de ne pas me tromper, mais à la 807ème ortie, ma main enflée, engourdie de douleur, n’est seulement plus capable de bouger les doigts, j’abandonne."
lundi 28 mai 2012
Fausse route
Les cartes s'étalent devant toi. Tes yeux suivent les veines sinueuses des fleuves, tes mains devinent le relief sous les contours bruns. Des routes sillonnent le papier, tu imagines le paysage cerné par la bordure du pare-brise qui s'obscurcit au fil des kilomètres, le ruban d'asphalte dévidé derrière toi...
Les berniques rêvent d'être caressées par le soleil quand la mer se retire. Soudées à leur rocher, elles hésitent entre la fermeté rugueuse de la pierre et la promesse incertaine du vent. Elles aimeraient peut-être se laisser aller à autre chose, comme se détacher pour glisser sur le sable et être entrainées par la bise.
... à l'écran tu traces des lignes de tableau tout le jour concentré devant l'ordinateur. Tu te lèves pour te dégourdir les jambes, ne serait-ce que pour aller jusqu'à la machine à café. Des sensations de la route te reviennent, imprécises ; tu les chasses d'un revers d'absence. Tu ne veux rien avoir affaire avec ce rêve qui, pour la 807e fois ce matin, cartes entassées au pied du lit, est venu s'échouer.
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